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Vendredi 19 Avril 2024

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Grande interview – « Le photojournalisme est un métier à part », dixit Danybe.

Rakotoseheno Daniel dit Danybe a parcouru plus de 5 décennies de métier dans la presse écrite. De la grande inondation d’Antananarivo en 1959 aux grandes purges des Kung-fu en 1985 il a vu, vécu et immortalisé sur son reflexe des grands moments, parfois amères et souvent sujets à polémique, de l’Histoire de Madagascar. Parcours et réflexions d’un « Vagabond de la photographie » (de presse s’il vous plaît), tient à souligner notre interlocuteur.

 

Parfois taxé de « grande Gueule » mais souvent cité comme référence en matière de photojournalisme, d’où est venue la vocation de photo de presse chez vous ?

Comme tout bon citoyen de notre époque j’ai été appelé sous les drapeaux et a vécu les affres du service légal sous le contingent des « Indigènes » en mai 1955. Avec des concitoyens comme mon copain de caserne Ratefiarison, j’ai été transbahuté d’un camp militaire à un autre (Betongolo, Fiadanana, Antsirabe, Ambatolampy, Ambositra et Diego-Suarez) avant de participer, après une traversée de 3 mois sur le pont du navire Ferdinand de Lesseps, au maintien de la paix sur le canal de Suez en 1956. Libéré du service militaire en juin 1957, j’au tout de suite intégré la vie professionnelle civile à Antsirabe au sein du studio Photo Select appartenant à Paul Rakotozafy. C’est à partir de cette ville que le 18 mars 1959, je fus appelé par mon frère Jean, employé à l’Express Photo d’Antananarivo pour couvrir les grandes crues dues à la rupture de la digue de l’Ikopa ayant mis la capitale sous les eaux. A bord d’un canot de l’Armée française, avec entre autres, le Président Philibert Tsiranana, Dr Philémon Rajaonarivelo, le ministre Eugène Lechat et Bao Andriamanjato et en compagnie des Scouts, on a traversé la capitale depuis Antanimena (à hauteur du restaurant-Bar Maïtena) jusqu’à Fenoarivo. De là, affrétant un taxi au prix de 25F (de l’époque) les pellicules sont illico presto envoyé vers Paris pour l’agence Gamma/Upi via l’aéroport d’Arivonimamo.

 

L’équipe du Courier de Madagascar (Dznybe à l’extrême droite)

Donc ce serait le point de départ de votre carrière de photoreporter ?

En quelque sorte oui car c’est mon expérience en tant que reporter et surtout guidé par les conseils avisés d’un certain Randretsa (pour ceux qui se rappellent qui est ce grand monsieur de la photo). Et dès mars 1960 j’ai intégré l’hebdomadaire « Madagascar Dimanche » du groupe Nap (Nouvelle agence de presse) devenu plus tard « Le Courrier de Madagascar » où j’ai exercé jusqu’en mars 1972.

 

Pourquoi quitter un organe qui semble se porter à merveille ?

A cette époque, dès mon retour de mission avec le ministre de l’économie Jean Bamananjara d’une réunion du Cnuced, taxé d’être proche des « Mpitolona » j’ai été remercié avec au moins le pactole (pour l’époque !) de 385.000 F de solde de tout compte. Je redémarre en août 1972 sous les couleurs du quotidien « Ady-gasy » avec les Mompera Ralibera, le couple Madeleine Ramaholimihaso, Odon Rafenoarison, Lucien-Xavier Michel Andrianarahinjaka, Boniface Rakotofiringa, Randria et Eulalia Beratto, ayant pris ses pénates à la Maison Jean XXIII Mahamasina jusqu’en avril 1974. Puis décide, en compagnie de Lucien Rajaonina, de fonder l’agence « Sary », rebaptisé tout simplement studio « Sary, avec mon frère Jean, après le départ de Lucien au Canada et, sis à Soarano. Période durant laquelle j’étais par exemple, convoqué au Toby Ratsimandrava pour avoir osé exposer à la cimaise de mon studio une photo de la Première dame Céline Ratsiraka « tout poing levé » ou encore pour une sombre histoire de « trafic de pellicules russes » en 1985 alors que la pénurie règne en maître dans le pays sur délation d’une certain Imbe Jacob.

 

Et la suite… ?

Comme le virus de la presse n’est pas prêt de s’éteindre avec l’ami de toujours Latimer Rangers (déjà sous le coup de 10 ans d’interdiction d’antenne nationale depuis 1983) est arrivée la fondation du magazine « Langoro », à l’origine de reportages inédits aux quatre coins du pays et du monde comme chez les « Guérisseurs philippins » à Manille avec Henri Razafindratovo. Et comment s’en défaire lorsqu’on a couvert des événements planétaires comme Mexico 70, Argentine 78 ou Espagne 82 en football ou les JO de 1968 à Mexico.

 

Expulsion et fuite des Merina à bord de wagons de marchandise de Toamasina

Quels autres événements vous a marqué l’esprit durant votre carrière ?

C’est sûrement l’expulsion des Merina en décembre 1972 de la ville de Toamasina sous l’instigation des sbires du pouvoir de l’époque. C’est l’ère des opérations incendies où l’officine du pharmacien Guy-Willy Razanamasy est partie en fumée, où des milliers de sans-abris involontaires sont ramenés manu militari vers la capitale à bord de wagons destinés au bétail, cause de pénurie de moyens d’évacuation d’urgence. C’est également le cas lors de l’élimination physique des membres du Kung-fu en 1985 ou encore d’assister en direct au Kere dans le Sud en 1992. Mais l’expérience la plus malheureuse, à l’égal de l’arrestation politique de mon père le 2 avril 1947 par la Sureté générale de Baron et ses sbires Rakotovao-Ravahatra et Rakotomahanina, est certainement son interpellation par le Dgdie du 14 juillet 1983 en mon domicile au 24 bis Rue Andriandahifotsy (Mandrosoa) pour attentat à la sûreté de l’État où j’ai du endurer 30 jours de cachot à Ambohibao et subir la perte de mon livret militaire et de plus de 2.000 clichés dont les photos du Championnat du monde de basket-ball féminin au Brésil de 1970 avec l’équipe malgache classée 11ème sur 12 devant l’Equateur.

 

Mais il y a eu quand même d’autres moments plus exaltants ?

Bien sûr lorsque le 13 avril 1960, j’ai assisté aux Premiers Jeux de la Communauté à Mahamasina dans une ville d’Antananarivo sauvé des eaux de l’inondation où la Grande île se place en seconde position juste derrière la France avec des exploits tels celui de l’haltérophile Emile Randrianarisoa et ses 120kg à l’épaulé-jeté pour la médaille d’or ou encore l’équipe de football battu seulement en finale par les Tricolores. Cette réhabilitation est d’ailleurs à l’origine de l’urbanisation de la partie basse de la capitale sous la houlette d’entrepreneurs et techniciens malgaches et le financement des français.

 

Bref comment alors définir la bonne photo en journalisme ?

Pour moi, jusqu’à preuve du contraire, tout le monde dans le métier ne fait que de la photo d’illustration (la poignée de mains, le bisou-bisou des personnalités, etc.) sans oser aller au-delà de l’information pour lui donner une autre dimension non verbale. La faute est dans le choix de la rédaction ne sachant pas « représenter l’événement » ! Il faut aussi que le photographe s’affirme ! Il se doit d’être la locomotive de la personnalité du journal !

En attendant cette (r)évolution, Danybe s’apprête prochainement à marquer ses 5 décennies d’activité à travers une exposition donc la salle reste à trouver !

 

Solo R.

 

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