Il y a quelques mois de cela, plus précisément en novembre 2015, un chasseur russe passait dans le territoire aérien turc, résultat : l’appareil Su-24 russe fut abattu et le pilote mourut. La Turquie avait abattu un bombardier russe Su-24 dans le ciel syrien le 24 novembre 2015. L’équipage avait pu s’éjecter mais Oleg Pechkov, l’un des pilotes, avait été tué par des tirs venant du sol. Ce pilote a été tué par des forces de l’opposition qui lui ont tiré dessus alors qu’il atterrissait après s’être éjecté de l’appareil. De nombreuses vidéos circulant sur les réseaux sociaux montraient des images présentées comme celles du pilote mort entouré de rebelles de différentes factions syriennes. La partie turque n’avait même pas daigné présenter des excuses officielles à Moscou pour ses actions. Mais dernièrement, le président Turc Tayyip Erdogan a présenté ses sincères condoléances aux familles du pilote tué par les rebelles et des excuses officielles au Kremlin. En plus de cela, Erdogan a exprimé son souhait de « vouloir faire tout son possible pour restaurer les relations traditionnellement amicales entre la Turquie et la Russie ». Un geste rempli de sagesse de la part du président Turc.

Deux leçons apparaissent d’ores et déjà évidentes à travers cette histoire qui a créé un froid entre la Russie qui voulait réprimander fortement la Turquie à la limite de la vengeance et la Turquie qui a bien appliqué le dicton « mieux vaut tard que jamais ». De plus, la situation malgache actuelle offre un contexte idéal pour cela. Une perquisition a été menée au domicile de la première victime de l’explosion à Mahamasina a-t-on appris. Quel manque de tact de la part des dirigeants de ce pays. En premier, il a été déclaré que ce drame est l’œuvre des politiques malgaches qui trouvent leurs comptes dans la création de troubles et de tensions sociales. Ainsi, les blessés et surtout les morts qui ont résulté de cet acte abominable n’en sont que les victimes collatérales. La question est alors de savoir dans quelle mesure est-il nécessaire de perquisitionner le domicile d’un mort ? Même si nous supposons que ce dernier soit un kamikaze qui a sacrifié sa vie pour une cause quelconque, le respect aurait au moins été de laisser la famille faire son deuil, avant de porter de telles accusations qui, plus est, infondées. Voici donc qu’Erdogan présente ses condoléances et sa sympathie profonde à l’égard de la famille du pilote tué par des rebelles. De l’autre côté, les autorités malgaches qui tuent un citoyen par « manque d’inattention » délivre un mandat pour perquisitionner un mort. Car ce sont les forces de l’ordre chargées de la surveillance qui l’ont laissé passé si tant est qu’il s’agit réellement du kamikaze, ce qui semble très peu probable. En tant qu’être humain et en tant que malgache, la conscience et surtout l’âme souhaite que l’on s’unisse à la douleur des autres. Le contraire est de mise pour les tenants du pouvoir qui, assassins, se précipitent chez la victime pour l’accuser de s’être lui-même donnée la mort. Dans un second temps, alors que la Turquie à travers son président reconnait son tort et présente des excuses officielles à la Russie, du côté malgache il en est tout autre. Depuis l’avènement de la IVème République et l’installation de son premier président, aucune excuse n’a été présentée au peuple malgache pour tout ce qu’il a subi. Nous ne parlerons pas de la pauvreté chronique ou encore de la dilapidation des caisses de l’Etat à travers des voyages au bout de la terre ou avec des robes hors de prix. Tout simplement des tragédies que le peuple a connues depuis ces dernières années. Rappelons-nous que les évènements survenus à Mahamasina dimanche ne sont pas les premières dans cette quatrième république. En 2014, après l’investiture de Rajaonarimampianina, une explosion avait déjà tué des personnes à la sortie d’un podium organisé à l’occasion. Coïncidence malheureuse ou on ne sait quoi, voici que deux ans après, la même chose se reproduit. A en croire qu’il s’agit vraiment d’un mode de fonctionnement de certaines personnes qui veulent du sang. Des enfants malgaches ont été tués sur les routes il y a quelques mois, des citoyens malgaches ont été abattus de sang froid la semaine dernière. Des millions de blessés depuis que ce régime a pris place et dirige le pays.

Qu’est ce qu’on attend encore ? Qu’il y en ait plus ? La moindre des choses de la part des tenants du pouvoir aurait été de présenter des excuses au peuple malgache. De porter réconfort auprès de familles endeuillées à cause de l’irresponsabilité des dirigeants et du laisser-aller dont ces derniers font preuve. Voici que Tayyip Erdogan, nous apprend une belle leçon d’humanité et de diplomatie en reconnaissant ses erreurs et en cherchant par tous les moyens à les réparer. Alors prenez-en de la graine.

Ny Aina Rahaga