Plus de 11 millions de malgaches boivent de l’eau insalubre dont 8,8 millions en milieu rural et 2,3 millions en milieu urbain. Ces statistiques de référence pourraient s’aggraver actuellement vu que les effets extrêmes du changement climatique (sécheresse, cyclones, diverses catastrophes naturelles) ont pour point commun de rendre plus difficile le taux d’accès à l’eau potable. Madagascar reste l’un des pays les plus en retard en matière d’adduction en eau potable avec un taux d’environ 40% qui est largement inférieur à la moyenne en Afrique subsaharienne, actuellement mesuré autour des 58%.

Une charge pour 70% de la population tananarivienne

L’accès à l’eau potable reste une charge pour la majorité de la population de la capitale. D’après les dernières statistiques fiables, le taux de branchement particulier est évalué à près de 23%. Le reste, soit largement plus de 70% de la population dont 66% utilisent les bornes-fontaines et 11% des puits, a du mal à avoir accès à l’eau potable.

Par ailleurs, le litre de l’eau coûte 1 ariary, autrement dit 30 ariary par bidon, auprès des bornes-fontaines. Ce prix augmente jusqu’à 230 ariary les 25 litres si l’on rajoute le salaire du chercheur d’eau qui, en moyenne, est de 200 ariary par bidon dans les quartiers du premier et du deuxième arrondissement. A raison d’un bidon par personne, par jour, l’eau auprès des bornes-fontaines coûte plus de 1.000 ariary pour un ménage composé de cinq individus. A part cette dépense qui s’élève à hauteur de 30.000 ariary par mois, le temps passé pour aller chercher de l’eau dans la capitale est estimé à un minimum d’une heure par jour. En effet, les bornes-fontaines ne sont ouvertes que durant les heures de pointe, une situation qui provoque une longue file d’attente de plusieurs dizaines de bidons.

495 milliards de m³ disponibles à Madagascar

Madagascar compte parmi les rares pays au monde où la ressource naturelle en eau potable disponible et exploitable est très largement supérieure par rapport aux besoins de la population. En effet, le pays possède 495 milliards de m³ d’eau disponibles dont 355 milliards de m³ d’eaux de surface et 140 milliards de m³  d’eaux souterraines. Pourtant, le taux moyen d’accès à l’eau potable reste limité à 55%. La situation s’avère plus alarmante dans les Ecoles dont 87% n’ont pas d’installation en eau potable. En termes de nombre, près de 9 millions de malgaches boivent encore de l’eau insalubre.

Un recul annuel de l’ordre de 6%

Le taux d’accès à l’eau potable à Madagascar a connu un recul annuel de l’ordre de 6% entre 2006 et 2008. La situation serait plus grave depuis l’année 2009 où la crise sociopolitique s’est abattue sur le pays. Par rapport à la moyenne mondiale de 83%, Madagascar reste très en retard en matière d’accès à l’eau potable  avec un taux d’accès évalué à 47%. Un chiffre qui classe la Grande île dans la cinquième et dernière catégorie dont le taux d’approvisionnement en eau potable amélioré est considéré comme le plus bas. Une disparité flagrante est enregistrée chez les populations urbaines et rurales. Dans les villes de Madagascar, le taux d’accès à l’eau améliorée est estimé à 76% contre 36% chez les ruraux. Dans la capitale où le taux d’accès est le plus élevé, près de 66% de la population achètent de l’eau à 1 ariary le litre auprès des bornes-fontaines publiques, 23% disposent un branchement particulier et 11% dépendent des puits ou autres sources.

Un besoin de 180 millions de dollars

Madagascar a besoin d’un financement de 180 millions de dollars pour pouvoir installer des infrastructures en eau potable suffisantes pour l’ensemble de la population. Malgré cela, le montant disponible n’est que de 30 millions de dollars, et son utilisation demeure un sujet de polémique au niveau des professionnels et spécialistes. D’après un professionnel dans le secteur, le budget alloué au secteur eau potable, en 2008, était de 37,2 millions de dollars (sur les 84 millions de dollars prévus). Seulement  11 millions de dollars avaient été effectivement décaissés, c’est-à-dire que 26,6 millions de dollars n’ont pas été utilisés alors que les responsables se plaignent de l’insuffisance de financement.

Jusqu’à 28 fois les bénéfices

L’investissement pour l’approvisionnent en eau et assainissement offre des bénéfices économiques considérables, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En effet, 1 USD dépensé peut engendrer un minimum de 5 USD,  voire même jusqu’à 28 USD de bénéfices économiques. En dépit de ces avantages scientifiquement prouvés, les bailleurs de fonds ainsi que les responsables nationaux se montrent réticents sur l’investissement dans ce secteur. Pour Madagascar, un budget annuel de 180 millions USD est nécessaire pour le secteur eau et 18 millions USD pour l’assainissement. Or, seuls 30 millions USD sont disponibles, et seule une part a déjà été débloquée.   Résultat : moins de 50% des Malgaches ont accès à une installation en eau, et 75% de la population urbaine n’ont pas d’infrastructures d’assainissements adéquates.

Plus grave qu’une bombe

L’insuffisance d’approvisionnement en eau potable, ainsi que le manque d’assainissement adéquat sont considérés comme plus graves qu’une bombe, ainsi que le pire cas d’accidents nucléaires. Le problème de l’eau tue 3.900 enfants par jour et provoque des problèmes sanitaires graves à l’endroit de ceux qui survivent, de même que l’insuffisance d’instruction et la diminution de productivité des personnes actives.

Dom