Les dirigeants de ce pays ne cessent de réclamer encore et toujours plus, que ce soit de la part de la population ou même de la part de la communauté internationale. Organisé des colloques par-ci, rechercher des investisseurs et des capitaux par-là et tant d’autres gesticulations sans réellement de résultats jusqu’ici. Pourtant, les tenants du pouvoir continuent d’insister sur cette voie qui n’a qu’une seule issue bien évidemment. Laquelle est d’augmenter encore plus la dette extérieure du pays et de faire que nos ressources soient exploitées au maximum par des étrangers intéressés seulement par le profit. Pourtant, Madagascar a déjà battu un record dans son histoire et ce, en seulement deux ans que le régime se trouve à la tête du pays : 92% des malgaches sont désormais pauvres. Un record car le pays, avec actuellement ses 24 millions d’habitants, n’a jamais affiché un tel taux de pauvreté. On en est arrivé à dire de notre pays que c’est un pays riche mais avec une population pauvre ou appauvrie. En 2013, Madagascar occupait la 157^ème  place sur 187 pays en matière d’Indice de développement humain (Idh) du programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Deux ans après, en 2015, la situation a empiré car le pays a régressé à la 169e place. Tous les critères en témoignent, Madagascar figure parmi les pays les plus pauvres au monde.

Pour redresser la situation, les tenants du pouvoir comme nous l’avons dit, cherchent des solutions le plus souvent hors de nos frontières. 10 milliards de dollars, une somme plus que considérable. Selon le président de la République, le pays aurait besoin de 10 milliards de dollars pour décoller. Rendez vous compte, 10 milliards de dollars seulement pour décoller. Et après avoir décollé qu’adviendra-t-il et jusqu’à quel point on endettera le pays pour qu’il ne se crashe pas tout de suite après ? Et pourtant, il semble déterminé à aller jusqu’au bout pour décrocher ces 10 milliards de dollars. Questionné sur les besoins de Madagascar en termes d’investissement, ce dernier avait répondu « Nous avons fait des simulations et évalué nos besoins entre 10 et 20 milliards de dollars dans les années qui viennent. Cela se ferait par étapes, bien entendu, mais ces montants permettraient d’avoir des programmes d’investissement dans tous les secteurs. Nous aurons une conférence avec nos investisseurs et bailleurs de fonds en décembre. » Autant dire que Madagascar ne décollera jamais si l’on s’en tient à cela. Il serait irréaliste d’imaginer que des bailleurs et investisseurs accordent 10 milliards de dollars au pays après seulement une conférence en grande pompe à Paris. Il y a bien cet adage qui dit qu’ « on n’a rien sans rien ».

Un pays riche avec une population pauvre, c’est bien cela. Et si l’on imaginait un instant que l’on arrête de quémander à l’international pour lancer notre développement ? Le pays dispose d’assez de ressources exploitables pour subvenir à ses besoins et pas qu’en termes d’investissement. Que ce soit en matière de ressources humaines et de main-d’œuvre ou en termes de matière première, le pays est effectivement riche.  De plus, il s’avère maintenant que l’octroi à des étrangers  de l’exploitation de nos richesses crée inévitablement des tensions au niveau des populations concernées. C’est le cas de l’exploitation aurifère de Soamahamanina, également le cas de l’exploitation de terres rares à Sambava ou encore les mines d’or le long du chemin de fer Fianarantsoa Côte-Est (Fce) et bien d’autres localités de la Grande île. Il n’y aurait rien de mal à exploiter soit même ses richesses, au contraire, ce serait le choix le plus logique qui soit. Malheureusement, c’est un fait que les dirigeants ignorent ou font exprès d’ignorer à ce jour. Dans tous les cas, les 10 milliards de dollars sont loin d’être gagnés et semble confirmer que le développement du pays sous ce régime n’est qu’utopie et mirage, un slogan de discours de politique. Il serait plus judicieux de faire seulement avec ce qu’on a.

Ny Aina Rahaga