Les annonces de coupures d’eau inondent la capitale malgache ainsi que de nombreuses autres régions de l’île. Idem pour ce qu’il en est de l’électricité dans toutes les villes du pays. On pourrait aller jusqu’à demander à la Jirama d’économiser ses sous en n’envoyant plus aucune annonce ni à la télévision ni dans les radios ni même dans les journaux. Tout simplement déclarer une bonne fois pour toutes que Madagascar sera désormais privé d’eau et d’électricité. Ceci bien évidemment ne signifiant en aucun cas que les usagers de la société d’Etat arrêtent de payer des factures tous les mois, à un prix des plus élevés sans plus d’explication. Ce serait en effet plus simple et contribuerait à économiser l’argent du contribuable. Toutes les affaires dans ce pays semblent suivre cette trajectoire initiée par la Jirama. Car depuis les plus bas échelons de l’administration jusqu’au sommet de l’Etat, rien ne va et personne n’a de solution. Si au départ le président de la République avait utilisé comme slogan de campagne la fin du délestage en trois mois, il a actuellement changé de discours. Si la corruption devait être l’un des ennemis de la quatrième République, elle n’a jamais été aussi flagrante et gangrène tout l’appareil d’Etat. En somme, tant de maux qui ne passeront pas avec un seul médicament, nous voilà replonger dans la noirceur de notre chère patrie.

De nombreuses organisations de la société civile s’activent actuellement à dénoncer le délestage qui dévaste non seulement l’économie d’un pays déjà trop fragile. Mais également des vies humaines laissées à la merci des brigands et autres malfaiteurs de la nuit. C’est le cas notamment de l’association Wake Up Madagascar qui appelle les citoyens à se mobiliser et rester unis face à ce fléau et en revendiquer la fin. La lutte se fait à travers les réseaux sociaux mais on s’attend à ce que d’ici peu des actions concrètes sur le terrain – ou dans la rue – soient  organisées. Vu la forte dépendance de notre société à l’électricité, chacun peut ressentir rapidement les conséquences d’une interruption de courant, aussi bien à la maison qu’au travail ou dans l’espace public. Par exemple, comment penser au développement quand suite à des coupures d’électricité, des congélateurs ne fonctionnent pas et que trois jours voire une semaine après, quand c’est rétabli, les commerçants nourrissent les populations avec du poisson ou de la viande faisandée ? Comment penser au développement quand, lorsque l’Etat veut encourager les PME et qu’un jeune ouvre une scierie, elle ne fonctionne pas pendant des semaines, alors qu’il a des employés à payer ? Comment vouloir s’arrimer au reste du monde et l’usage des nouvelles technologies par la jeunesse quand par manque d’électricité, une salle d’informatique dans un établissement X ne peut fonctionner pour que les élèves en profitent ? Pourtant, à chaque fois que les dirigeants prennent le micro, c’est pour inciter le peuple à travailler de concert avec eux pour le développement du pays. Une chose tout à fait illogique et qui semble comme une insulte réelle à une population qui trouve à peine de quoi se nourrir le jour, aveuglée la nuit par les coupures de courant.

Les problèmes de la Jirama sont pourtant loin d’être insurmontables. Le début doit être une volonté politique des dirigeants d’opter pour une gestion transparente de ladite entreprise. Par exemple, il faudrait que l’Etat pense à une politique de vulgarisation de l’énergie solaire qui est largement adoptée dans certains pays. Au cours des dernières années, le problème de délestage n’a jamais quitté l’actualité à Madagascar. Entre promesses qui ne seront jamais tenues, des explications accusant la sécheresse d’avoir tari les fleuves ou les populations ayant causé la destruction des infrastructures après des manifestations ou des câbles électriques volés, le fait est là, la population se trouve totalement dans le noir et ce dans tous les domaines. Nous y voilà replonger dedans.

Ny Aina Rahaga