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Vendredi 19 Avril 2024

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La musique Betsileo – Une âme intacte malgré la mondialisation

La musique malgache est très mélodique et se distingue des nombreuses traditions musicales du continent africain par la prédominance des instruments à cordes.  Les instruments de musique et les styles vocaux rencontrés dans la Grande Ile représentent un mélange de points communs répandus et de traditions très typiques à chaque Région. Un style vocal fréquent chez les Merina et Betsileo, par exemple, n’exclut pas les différences dans la prévalence de certains types d’instruments comme la valiha chez les Merina et le « marovany » et le « kabôsy » chez les Betsileo. De même, la pratique du « tromba » c’est-à-dire l’entrée dans un état de transe, généralement induite par la musique est omniprésente sur les côtes Est et Ouest de l’Ile, mais les styles vocaux ou les instruments utilisés, selon les cérémonies, varient d’une Région à l’autre. La musique malgache sert un large éventail de fonctions sociales, spirituelles et mondaines à travers les siècles.
Les polyphonies paysannes des Betsileo
Les Betsileo – littérallement « les nombreux invincibles » – vivent dans le sud des hauts plateaux de la Grande Ile. C’est le pays des vignes et des rizières en étages héritées de l’Asie. Les Betsileo, majoritairement des paysans, sont très soudés entre eux. Le concept du « fihavanana » (harmonie sociale) est le thème central de leur culture. Une harmonie qui s’exprime d’ailleurs dans la pratique du « Zafindraony » et du « horija », deux genres de chants polyphoniques typiques de l’art vocal betsileo.
Le « horija », les chansons de l’amour
Les Betsileo avaient autrefois une spécialité de chant épique, interprété par des ménestrels, réputés également pour leurs prouesses poétiques. Très prisé aujourd’hui, le « rija » ou « horija », chant polyphonique typique de l’art vocal des Betsileo accompagné de battements de mains, traduit la joie populaire, parfois même jusqu’au déchaînement. Le « rija » fait partie du trésor folklorique de cette communauté, qui a d’ailleurs à son répertoire plusieurs styles de chansons traditionnelles dont la plupart ne sont plus ni entendues ni interprétées pour de multiples raisons.
Le « rija » sert également de style à des chansons d’amants ou d’amantes, selon M. Gueunier, ethnologue. Il est essentiellement construit sur le thème de l’amour et attire surtout les jeunes. Les professionnels et spécialistes de ce style de musique s’accompagnent d’instruments traditionnels comme le « jejo » ou encore le « kabôsy ».
La chronique populaire qui traduit la joie
Comme tout élément du folklore en général, dans le « rija » la musique et le thème doivent être conformes à la manière traditionnelle. La partition débute par des propos alambiqués et débouche sur une réflexion profonde. Cette musique se décline aussi à la manière de devinettes. Elle se pare également de quelques couleurs de « kabary », « ohabolana » et « hainteny ». Comme toute musique, le « rija » obéit à un certain nombre de règles et à une technique qui président à la création. En effet, il faut que la façon de réciter le « rija » donne lieu à une sorte de dialogue par des mots qui prédominent, de par leur signification et le rôle spécial qu’y jouent les accents toniques dans l’ensemble du vers. Dans le « rija », le second vers donne naissance à la prochaine strophe. C’est d’ailleurs pour cela que l’on répète les mots déjà prononcés tant qu’on veut. Le « rija » fait également recours à une figure pour comparer deux idées qui s’énoncent et se traduisent parfois différemment. Une des plus grandes particularités du « rija » est le jeu de mots, qui use à volonté de mots français « malgachisés » ou encore de dialectes locaux.
Interdiction de la pratique
Outre l’amour, le « rija » aborde également tous les thèmes et faits sociaux. Les thèmes païens sont également abordés dans les récitals où le « rija » est le style musical adopté. En entendant cette pratique, certains missionnaires l’avaient interdite. Autrefois, les hommes d’églises sont très sévères à son égard. Et si ses adeptes ne font pas amende honorable, ils sont impitoyablement rejetés par leur paroisse. « Leur art était jugé incompatible avec la morale et la conduite recommandées par le christianisme. Le cas échéant, on allait même jusqu’à saccager les instruments de musique des faiseurs de « rija », d’après toujours l’ethnologue. C’est d’ailleurs une des raisons qui ont quelque peu éteint la flamme du « rija » betsileo pendant un temps. Celui-ci a commencé à s’affaiblir pour laisser place au « zafindraony ».
Le « zafindraony » : expression religieuse et culturelle
La province du Betsileo est célèbre dans toute l’Ile de Madagascar pour ses chants « zafindraony ». Créations populaires qui s’opèrent sans contrôle clérical, ces chants chrétiens reflètent l’histoire culturelle et sociale régionale depuis un siècle. Cette pratique plus récente est née au XIXème siècle avec l’installation des églises et des écoles chrétiennes. Ses textes évoquent les valeurs chrétiennes qui paraissent à l’unisson avec le « fihavanana », la morale traditionnelle qui habite l’âme betsileo. Le paysage sonore de ces étonnants villages rouges perchés sur des pitons rocheux dont les maisons semblent chuchoter entre elles, regorge de richesses. Le « zafindraony », en fait, est né du sein des mutations opérées à l’intérieur de la société malgache face au christianisme. De ces mutations diverses et diversifiées jaillissent « des échanges, des emprunts, des parallélismes, des oppositions »… bref des valeurs et des contre-valeurs.
Primordial dans les veillées funéraires
Le « zafindraony » s’investit dans beaucoup de rituels traditionnels et chrétiens : rites funéraires, circoncision, mariage, réunion de famille ou autres cérémonies traditionnelles joyeuses, mais aussi les fêtes chrétiennes : Noël, Pâques, les fêtes patronales, l’inauguration de nouvelles églises… Cette multiformité des domaines touchés par le « zafindraony » reflète sa popularité et l’importance de ses fonctions sociales. Il joue un rôle important dans l’animation des veillées funéraires dans le pays betsileo et même dans les autres Régions de la Grande Ile depuis plusieurs années. Il est chanté de plus en plus à la place des anciens chants rituels traditionnels : « tata » dans la région du Nord betsileo, « kalamainty » dans la région-Est d’Ambohimahasoa et « isa » dans la région du Sud betsileo. Il remplace ainsi le « fiandravanana », ce rite d’orgie traditionnelle pendant la consommation de boissons alcoolisées était alors dominant. Hommage aux défunts, le « zafindraony » chez les Betsileo est bien un chant de deuil mais la veillée prend assez souvent l’allure d’une compétition inter-équipes qui détend l’atmosphère de tristesse. Dès que le « zafindraony » trouve son rythme, on est loin d’une veillée morne et lugubre. Le degré de relations et l’importance sociale ou ecclésiale du mort se reflètent à travers les cantiques d’une veillée funéraire : par le nombre d’équipes participantes ; par la résistance physique. La veillée peut durer plusieurs nuits. Mais le « zafindraony » n’est pas seulement  un chant de deuil, il est aussi un chant de fête et de plus en plus, remplace les chants rituels et les orchestres traditionnels : « jejo », « horija », « isa », « aponga », « sodina »… bref les chants et les orchestres traditionnels betsileo pour s’investir dans les cérémonies joyeuses. Actuellement, le « zafindraony » est pratiqué dans presque toutes les Régions de la Grande Ile, lors de deuils ou dans d’autres cérémonies.
L’effet de la mondialisation
Garder son identité propre tout en étant ouvert à l’étranger, telle est la gageure que doit relever toute musique nationale dans un contexte de mondialisation. « Doit relever » parce même si le choix de la résistance – voire du refus – a un sens (préférer l’ancien au nouveau), les moyens actuels de diffusion et d’écoute ne sont plus les mêmes. La première musique que l’on écoute lorsqu’on est ado est souvent d’origine étrangère, parce qu’à cet âge on est encore persuadé de faire partie du grand ensemble de la fraternité universelle. Ce n’est que plus tard que l’on comprend qu’il y a des barrières et que l’on se trouve peut-être du mauvais côté. Mais tous ont intégré avec plus ou moins de bonheur cette nécessaire adaptation, l’ethnie qui a su conserver au mieux son âme, tout en ayant réussi à accrocher le wagon de la modernité est sans conteste celle des Betsileo. L’évolution s’est faite en douceur. Leur musique est caractérisée par des chœurs d’hommes intégrant toujours une voix suraigüe et très peu de variations harmoniques.
Oladad, le renouveau de la musique betsileo
Mais quelques styles musicaux betsileo ont également su s’adapter à la modernisation, car le métissage est obligatoire actuellement. Citons par exemple le groupe Oladad, qui a vu le jour en 1997. Son premier album intitulé « Afindrafindrao » est sorti en 2010. L’« Afindrafindrao » est une danse typiquement malgache, qui se pratique à deux. Et avec le « horija », le groupe a marié ce style traditionnel avec le rap et le r’n’b pour aboutir à une fusion. Dans cet album, le groupe a choisi de s’accompagner de ses propres instruments. Le fait que Raprôsy apparaisse dans le clip du groupe montre son attachement aux valeurs immémoriales de ses aînés. Les défis qui ont donné naissance à cette musique consistent notamment en la manière de faire aimer la musique moderne comme le rap et le r’n’b aux adultes tout en faisant aimer les musiques traditionnelles et les instruments traditionnels aux jeunes d’aujourd’hui.
Nourri les traditions
Avec son deuxième album, le groupe de Dadalo a atteint ses objectifs. « Lors d’une animation de mariage, une personne d’un certain âge nous a rejoint et nous a dit : j’ai avoué à mes enfants que le rap et le r’n’b, bref la musique actuelle ne rentrera pas sous mon toit ; mais en entendant votre musique, votre style et votre chanson, j’ai finalement renoncé à cela et je collectionne vos albums », selon le témoignage de Tsiry, le cadet du groupe. Et ils ont raison, il suffit de voir comment les jeunes et les moins jeunes chantent et dansent le « horija » pour se convaincre qu’ils ont atteint leurs objectifs. Que ce soit dans les clips ou dans les concerts, Dadalo, Kids et Tsiry qui s’occupe de la troisième voix, Lova et Evans qui sont les rappeurs du groupe, sans oublier les musiciens à savoir Nest à la batterie, Sambo à la basse, Rina à l’accordéon, Riri aux percussions, Darery à la kabosy et Dada Raprosy au violon s’habillent toujours à la façon traditionnelle betsileo avec « lamba » et « salaka » parfois ; et pratiquent les danses traditionnelles comme le « kidodo », le « sareba » et le karitaky.
A  la conquête du marché extérieur
Le groupe Oladad a désormais acquis sa notoriété sur la scène nationale grâce à ses deux albums « Afindrafindrao » (sorti en 2010) et « Ambonimaso » (sorti fin 2012). Avec le style « horija » betsileo accompagné et remis au goût du jour par des arrangements nouveaux et rythmés et par de nouvelles paroles ajoutées, le groupe Oladad aboutit à une concoction explosive et surprenante. Oladad a vu le jour il y a presque 10 ans, se basant exclusivement sur le rap ; le tournant décisif s’est fait vers 2004 avec l’introduction du « horija » et la fusion actuelle des deux styles qui fait le bonheur de tout le monde. La bande à Dadalo va faire ses premiers pas à l’extérieur du pays à partir de cette année, mais connaîtra-t-elle le même succès que dans la Grande Ile ? Depuis le début de cette année, le producteur et manager du groupe s’est envolé pour l’Europe pour s’occuper en même temps du dernier album mais aussi pour des contrats de tournées internationales.

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