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Vendredi 29 Mars 2024

ombre

Ames sensibles s’abstenir

Avoir trente ans et mourir on ne sait pour quelle raison, peut-être simplement du fait d’être Malgache, expatriée et domestique. Mourir et être éviscérée avant d’être renvoyée trois mois après le décès à l’expéditeur, ce que réclame peut-être un mélange de rites et de procédures dans les pays arabes. 
Toutes les filles parties pour chercher herbe plus verte, courent  des risques que les unes bravent en les ignorant de façon délibérée, que d’autres acceptent d’affronter. Bobos, graves agressions d’ordre moral ou physique, mort, toutes les hypothèses peuvent surgir. Aller au Liban, au Koweït, en Jordanie, en Arabie Saoudite… pour ces jeunes filles et ces jeunes femmes c’est comme aller à la guerre. Les risques sont peut-être même plus importants de se jeter dans la gueule des familles où demeurent des prédateurs dont la morale de là-bas tolère les agissements pourvu que leurs cibles soient des femmes-incroyantes-étrangères. Au départ les candidates à l’expatriation sont des agneaux destinés à des sacrifices. 
A ce stade on se rend compte combien l’Etat malgache est faible, incapable de défendre le droit de ses ressortissants à l’extérieur, il s’agit pourtant de droits humains les plus basiques, la protection de l’intégrité physique. Il ne s’agit pas de mobiliser à cet effet des réservistes, ni faire appel à des commandos d’élite, l’essentiel consiste à montrer une détermination. A quelques occasions regrettables on s’est aperçu que pour le meurtre de l’un de leurs ressortissants des puissances étrangères mandatent des spécialistes pour diligenter à Madagascar une enquête, style celle menée par des fonctionnaires locaux ne valent pas tripette. C’est à ces occasions que l’on trouverait grâce à lever l’étendard « souveraineté nationale » et non pour des petites susceptibilités qui froissent l’amour-propre. Là-bas il s’agit de vies humaines, et chaque fois que l’on accueille à l’aéroport les restes mortels de ces victimes expiatoires d’une diplomatie de dupes, le pays en prend plein son pavillon maculé du sang de ces citoyennes  dont on n’a su défendre ni l’intégrité physique, ni la dignité humaine. 
Les interdictions faites de s’expatrier vers ces pays ne servent qu’à produire des effets d’annonce. Il parait que les filières organisent le trafic dans une clandestinité. Faut être sérieux, deux capitaines et un colonel qui se retrouvent en toute discrétion ne passent pas inaperçus pour les yeux de l’ombre qui arrivent à en faire un rapport sur une préparation d’un coup d’Etat. Les pratiques les plus délictueuses voire criminelles fonctionnent parfois parce que les yeux de l’ombre ferment les yeux.

Léon Razafitrimo

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