La troupe Bakomanga animera en juin à New York le festival DanceAfrica 2014 le temps d’une semaine. Une opportunité de faire résonner au pays des gratte-ciel le « vakodrazana » traditionnel avec ses tambours, ses trompettes et ses flûtes « sodina ». Après le Japon, l’Algérie et la France, le groupe Bakomanga s’envolera aux Etats-Unis du 18 au 26 mai pour représenter Madagascar à la semaine DanceAfrica 2014. Il s’agit ni plus ni moins que du plus grand festival international dédié à la danse africaine et afro-américaine, organisé chaque année par la Brooklyn Academy of Music (BAM). Pour en constituer l’affiche, le chorégraphe Chuck Davis, créateur du festival en 1977, s’était déplacé à Madagascar en août dernier pour auditionner des artistes locaux susceptibles de se produire à New York pour cette 37e édition. Au final, c’est le groupe Bakomanga, grand spécialiste du vakodrazana littéralement « traditions des ancêtres » qui a décroché la timbale face à Disaraga, Gaby Vononavoko et Randria Ernest Zanany. « La troupe ne partira pas dans sa totalité, seuls 18 membres sur 50 seront du voyage », précise Mariette Rasoarinala, dit Bakomanga ou « Magnifique ». Proche du Hira gasy, né comme lui sur les hauts-plateaux il y a un bon millier d’années, le vakodrazana synthétise de nombreuses traditions populaires (musiques, danses, art du discours) en un spectacle vivant relevant par bien des aspects de l’opérette. Joué dans les campagnes, il est aussi un puissant moyen d’information et d’éducation. « On a toujours beaucoup de succès à l’étranger avec ce genre de spectacle typiquement malgache. Il y a même des danseurs qui viennent prendre des cours et intègrent nos mouvements à leurs chorégraphies » déclare Mariette Rasoarinala. Les mouvements de mains des femmes (latsi-tanana) ou de jambes des hommes semblent se fondre dans un creuset commun propre à l’Asie du Sud-est. La musique est plus africaine de par ses rythmes ternaires, comme dans le Bâ gasy, porté par un orchestre généralement constitué de tambours, de violons et d’instruments à vent trompettes. Toute chose que la troupe révélera au DanceAfrica 2014, sans pour autant se limiter à un seul folklore. « Il y a aura des musiques et des danses Betsileo, Betsimisaraka, Atandroy, Sakalava et Merina. Nous avons répété deux jours avec le chorégraphe Baba Chuck Davis, dès le lendemain de notre sélection, à Ranomafana. Deux jours de formation intensive pour nous perfectionner et filmer les chorégraphies ». A l’issue de cette audition au Dôme RTA à Ankorondrano, mercredi dernier, la troupe folklorique Bakomanga a été sélectionnée. La chanteuse et sa bande rejoindront alors les Amériques avant le mois de juin 2014, date à laquelle le Festival sera ouverte. Qui ignore encore cette diva du chant et de la danse typique Merina qu’est le Hira gasy ? Cette grande dame a su conquérir tant d’admirateurs. Même les entités politiques font appel à ses talents. Enthousiaste de nature, Bakomanga n’a pas caché sa joie pour cette grande opportunité qui s’offre à elle. Cela s’est ressenti lorsque toute la petite troupe dynamique est montée sur scène. En plus du Hira gasy, le groupe a soulevé la foule avec des répertoires fameux Sakalava. Bakomanga partira bientôt à Ranomafana avec l’équipe de la BAM, pour un tournage de chorégraphie et une préparation intensive. Depuis l’âge de 13 ans, Mariette Rasoarinala chante, danse et anime aussi bien les bals poussière que les mariages. Pour elle, le vakodrazana fait partie d’un héritage culturel qu’il est important de faire connaître au monde, mais également aux jeunes malgaches qui ont tendance à le snober. Elle compose la majorité des chansons de la troupe, ce qui demande une parfaite maîtrise de l’art oratoire des proverbes et de la poésie populaire. Dès leur retour des Etats-Unis, Bakomanga et sa troupe prépareront la sortie de leur deuxième album. Celui que tout le monde attend.

Tahiana Andrianiaina