La mouvance Ravalomanana a lancé l’ultimatum qui prend fin ce jour pour le retour de Ravalomanana, l’ancien Président et non le Général de division. C’était au mois de juillet dernier et beaucoup ont essayé de comprendre qu’il s’agissait vraiment d’un dernier appel pour … l’application stricto sensu de la feuille de route de la Transition mais aussi pour une réelle réconciliation nationale, de plus, c’est un leitmotiv des actuels tenants du pouvoir. A partir d’aujourd’hui donc, on peut s’attendre à ce que les têtes pensantes de cette mouvance braquent, désormais, leur fusil sur le régime de Hery Rajaonarimampianina. Pour le matérialiser, le coup le plus spectaculaire serait que Roland Ravatomanga, ministre de l’Agriculture et du développement rural et qui plus est actuel chef de file de cette mouvance, dépose sa démission. Idem pour tous les directeurs généraux et autres directeurs d’obédience TIM au sein de tous les ministères et des organismes rattachés et que tous ceux qui se sentent proches ou de même affinités politiques avec Marc Ravalomanana se lèvent donc comme un seul homme, prennent leurs paquetages et quittent le camp ! Pour les députés du groupe parlementaire Tim, ils doivent se déclarer être tous, sans aucune distinction, dans l’opposition tandis que Hanitra Razafimanantsoa laisse tomber son fauteuil de vice-présidente de l’ancienne province d’Antananarivo et Guy Rivo Randrianarisoa abandonne son strapontin de questeur 3 au sein de l’Assemblée Nationale.
D’autant que la situation n’a bougé d’un iota pour le camp Ravalomanana depuis l’accession d’Andry Rajoelina à la tête de l’Etat, en 2009 et jusqu’à maintenant : l’exilé n’est toujours pas rentré et reste … en exil ! Dernièrement, le communiqué officiel émanant de la Présidence de la République n’a fait aucune mention de la déclaration de Hery Rajaonarimampianina à Victoria Falls, lors du 34^ème sommet de la Sadc, stipulant son entière adhésion à ce que tous les articles contenus dans la feuille de route de la Transition soient intégralement appliqués et ce, sans aucune hésitation. Par contre, le ministre de la Défense nationale affirme, dans un quotidien de la place, que les forces armées sont prêtes, elles aussi, à interpeller l’exilé d’Afrique du Sud au cas où il se pointerait sur le sol malgache. Ce qui rejoint évidemment les déclarations déjà faites par le ministre des Affaires étrangères et par le ministre de la Justice. Vu sous un autre angle, les observateurs diront que le moment ne serait pas encore propice pour le retour au pays de l’ancien président pour le régime mais pour la SADC, il est toujours plaisant de nager dans le sens du courant. De même au pays, il est difficile, voire impossible, de concrétiser le discours du Chef de l’Etat malgache fait à Zimbabwe puisque, selon toujours le quotidien en question, la grande muette est toujours en froid avec l’ancien président et l’urgent dans ce cas précis est de solidifier la position déjà annoncée. Bref, on joue au jeu de poker menteur où les joueurs sont le régime actuel qui sera représenté par 3 membres du gouvernement cités supra, le SADC, le peuple malgache, les forces de l’ordre, Marc Ravalomanana qui est à dissocier, pour cette fois-ci, de sa mouvance, les irréductibles du Magro Behoririka, le Mapar et sans oublier les américains et la communauté internationale en général. C’est vraiment le cas de le dire et les enchères ne cessent de monter puisqu’après la déclaration de l’exilé de l’Afrique du Sud de soutenir Hery Rajaonarimampianina, il a fait volte-face dernièrement tout en menaçant de prendre des mesures radicales. La réponse de l’actuel Président ne s’est pas fait attendre et la conférence de presse tenue à son arrivée au pays au lendemain de la fin du sommet USA-Afrique était dédiée uniquement à ce sujet.
Mais réellement, le retour de Marc Ravalomanana, maintes fois annoncé durant ces cinq dernières années, ne serait pas encore pour demain malgré toutes ces gesticulations et les TIM au pays, ministre, députés, directeurs généraux et autres sous-fifres n’ont pas à paniquer et peuvent toujours dormir sur ses deux oreilles bien au chaud à l’abri de la disette et de la pauvreté. Effectivement, les hommes de l’ancien président étaient toujours présents dans les structures de l’administration publique depuis 2002 donc, sauf durant le petit intermède de quelques mois en 2009 où la communauté internationale n’a pas encore pu faire pression pour l’intégration des membres de cette mouvance dans le gouvernement de la transition. Et à partir de la convention politique de Maputo I, le Tim était bel et bien de retour dans toutes institutions créées et ses éléments se sont rapidement et durablement installés jusqu’ici. Vu sous cet angle aussi, ces têtes connues, elles aussi, ne souhaitent pas le retour dans les meilleurs délais de leur grand manitou et le compte à rebours dernièrement annoncé n’est qu’un autre bluff destiné à amadouer les virulents militants de Magro et d’ailleurs, qui eux, n’ont plus grand-chose à se mettre sous la dent ! Comme la plupart des malgaches.

Jean Luc RAHAGA