Millième édition ! Oui, Madagascar-MATIN atteint aujourd’hui ce chiffre symbolique qui compte parmi les plus importantes étapes dans le domaine de la presse écrite. Cela fait exactement mille parutions que la page société de ce quotidien essaie de fournir à ses lecteurs les meilleures des informations relatives aux faits de société, santé, éducation et environnement. Oui, les meilleures car nous avons déjà été primés deux fois depuis la sortie de notre numéro zéro.
Pourtant, après un millier de parutions, la situation sociale du pays n’a connu presqu’aucune évolution surtout sur les plans financier et spirituel de la population. Au contraire, les statistiques et résultats d’études avancent toujours des résultats catastrophiques sur l’évolution du niveau de vie au sein de la société.
Mais malgré les impacts négatifs de la crise, et la probable véracité de ces statistiques, la société malgache a su se forger un moral d’acier tout en adoptant une volonté inébranlable pour sortir par tous les moyens de la pauvreté et de la crise.
Oui, tous les moyens sont bons, quitte à interpeller les forces métaphysiques que ce soit du côté du bien ou du mal. Sur ce dernier point, la récente capture de la célèbre sorcière Tokanono qui serait la protectrice spirituelle des voleurs de bovidés est un exemple parfait de la réalité. Mais chez ceux qui se considèrent comme faisant partie du bien, l’apparition d’une nouvelle catégorie de faiseurs de miracles, d’un côté chez les religieux et, de l’autre, chez les gardiens des pratiques traditionnelles démontre l’importance de la croyance de la société malgache en l’efficacité de l’esprit dans le cadre du dénouement de la crise liée à la pauvreté et autres problèmes sans solution. Ici, l’utopie prend le pas sur le raisonnement car à force de travailler sans résultat, une grande partie de la population se tourne vers le domaine du miracle pour s’en sortir.
Depuis le mois de septembre dernier, le « supernatural » – un vocable lancé par l’« Apostle Maldonado », un chef religieux latino-américain – pour désigner la possibilité d’un miracle religieux susceptible d’apporter un changement positif dans la vie d’un croyant en un clin d’œil, a été télé-importé par le pasteur d’une nouvelle église à Madagascar. Ce chef spirituel malgache a lui aussi véhiculé ce mot « miraculeux »  de « supernatural », qu’il explique comme un « deus ex machina » au-delà de toutes les réalités et les logiques du possible. Désormais, il suffit d’un « supernatural » pour régler une bonne fois pour toutes les problèmes les plus difficiles à dénouer.
Eh oui, ces religieux n’ont pas tort s’ils misent sur le domaine du miracle afin de persuader les fidèles avides de changement positifs à remplir leurs lieux de culte. Et ils ne sont pas les seuls, car d’autres individus qui s’autoproclament comme étant des représentants réels du Dieu Créateur, ainsi que d’autres esprits prétendument des ancêtres voire même des personnages mythiques à l’instar des sirènes se bousculent pour avoir une place de visibilité dans les médias avec comme unique objectif de faire connaitre leurs exploits par le biais des publicités voilées.
Par simple hypothèse issue d’une technique d’observation, une grande partie de la population malgache accorde une confiance inébranlable à ces histoires d’intervention de forces métaphysiques capables de faire le miracle pour chasser les forces du mal et certains tradipraticiens se prétendent même comme habilités à changer le destin. C’est normal pour une population dont plus de 75% vit en-dessous du seuil de pauvreté. En effet, si l’on accorde une part de véracité à cette statistique, la dégradation basée notamment sur la pauvreté a obligé les Malgaches à explorer tous les chemins possibles, même jusqu’à prendre un raccourci pour sortir de la fosse de la pauvreté.
Enfin, mises à part les interventions spirituelles, la recrudescence des jeux de hasard qui bénéficient de l’appui des supports médiatiques offre une opportunité de rêve au simple citoyen qui ne croit plus en la logique du développement. Ici, le miracle dépendra de la chance et du destin. Deux situations que le « supernatural » est tout à fait capable de réaliser, selon les plus crédules.

Dom