C’est sûrement le début de l’explosion sociale et comme il fallait s’y attendre, le délestage, à ne plus en finir depuis la promesse de Hery Rajaonarimampianina de le résoudre en un coup de baguette, a eu raison de la patience de la population d’Ambohipo, Ankatso et Ambolokandrina. Antananarivo risque fort de connaître les mêmes désordres enregistrés à Toamasina, Mananara, et dans d’autres villes. Et dire que ne sommes qu’au mois d’août !

Quand l’actuel président de la République n’était encore que candidat à la magistrature suprême, Hery Rajaonarimampianina a promis de régler le problème récurrent du délestage en deux temps trois mouvements. « Quand je serai au pouvoir, le délestage ne sera plus qu’un mauvais souvenir pour les malgaches puisque le problème sera réglé entre 3 à 6 mois », a-t-il affirmé lors d’un show télévisé datant du mois de décembre 2013. Investi en janvier 2014, le problème n’est pas seulement entier mais pire. Il s’est tellement aggravé 20 mois après puisque dans la partie est de la Capitale de Madagascar, le courant électrique ne passe que 2 heures par jour ! En centre-ville, dont Analakely, Antanimena, Ankadifotsy, Ambohijatovo, …, et les quartiers administratifs, le délestage sévit de 7h du matin jusque tard dans la soirée. Et en cette période d’examens officiels, les parents et élèves subissent de plein fouet cette difficulté, de même que la bourse des ménages obligée de supporter d’autres dépenses inattendues d’achat de bougies, de torches et piles électriques. Faut-il rappeler encore que 95% de la population vivent au-dessous du seuil de pauvreté ? Ainsi, trouver 500 à 1 000 ariary de plus et par jour – comprenant bien sûr le jour du seigneur – est finalement le combat de trop de la famille malgache actuellement.

Vitamine D
D’où la descente dans la rue de la population d’Ambohipo, d’Avaratr’Ankatso et d’Ambolokandrina, toutes des zones d’habitation qui se sont donc révoltées contre cette situation intenable mais qui ont décrié en même temps le « deux poids, deux mesures » du régime par rapport aux cités universitaires d’à côté bénéficiant de l’électricité 24h sur 24 ! « Ce régime a peur des étudiants et pour ces quartiers qui jouxtent les nôtres, il n’y a jamais de coupure d’électricité alors que nous vivons dans le noir et n’obtenons la lumière que 2 heures par jour, et ce, depuis 2 mois. C’est inacceptable, nous aussi, nous avons des enfants qui vont affronter les examens officiels mais déjà, toutes nos activités professionnelles ont cessé depuis un certain moment», a déclaré un habitant.
Mais les coupures touchent également les quartiers administratifs dont Anosy et Ampefiloha, et beaucoup ont constaté avoir vu des agents de l’Etat …profiter  du soleil – hiver oblige – aux alentours des bâtiments administratifs. Et ils ont bien raison de le faire puisque le régime est incapable de leur donner le minimum de filet de sécurité alimentaire nécessaire pour lutter contre le froid – dont un peu de lait, des biscuits énergétiques, …-, comme c’était le cas auparavant. Autant donc prendre la vitamine D offert gracieusement par le roi soleil, on sait que ce type de substance organique a un effet bénéfique pour la lutte contre le diabète, certains cancers et même … la démence !
Et justement, cet état de nervosité commence sérieusement à toucher la population de la Capitale et les descentes dans la rue suivies de saccages, grabuges et émeutes tels à Toamasina, Mananara Nord, Morondava, Fianarantsoa, …, risquent de se rééditer. Avec les grèves illimitées qui s’annoncent, justement, au sein de la Jirama, ce cocktail est réellement explosif à Antananarivo !

Jean Luc RAHAGA