Les  attaques routières sont devenues monnaie courante dans le pays, notamment sur les axes menant dans le sud de l’île. Des criminels lourdement armés enchaînent à un rythme effréné des assauts souvent violents contre des taxi-brousse sans pour autant épargner les véhicules privés. A croire même que les forces de l’ordre ont en grande partie échoué dans la protection de la population contre ce genre d’attaque et de l’insécurité en générale.  Ces dernières accusent le manque d’effectif et de moyens et parlent également de la prolifération d’armes massives qui compromet la sécurité non seulement dans cette partie de l’île mais dans tout le pays.  D’ailleurs, la recrudescence des attaques à main armée ainsi que le taux de criminalité constituent un grave problème tant pour les autorités que pour la population, et ce depuis plusieurs années. Ce sentiment d’insécurité gagne de plus en plus les usagers de la route, beaucoup ont préconisé qu’ils ont peur de voyager pour cette raison. Les voyageurs sont terrorisés par des hommes armés qui semblent agir sans crainte d’être arrêtés, encore moins d’être traduits en Justice, surtout en ce période de vacances où les déplacements sont nombreux.

Le mauvais état de la route constitue un des facteurs de l’insécurité routière

Les bandits établissent en général des points d’attaque  afin de piller une ou plusieurs voitures en même temps, principalement sur les portions de route isolées ou  en très mauvais état, obligeant les conducteurs à ralentir et les rendant ainsi  vulnérables. Actuellement une portion située entre Ambohimahasoa et Fianarantsoa est classée  zone rouge en matière de sécurité routière, toujours à cause de cet état de route. Plusieurs passagers ont témoigné de ce fait et se sont plaint de la disparition de leurs biens. Profitant de la situation, les bandits  arrivent même à monter sur le toit des véhicules sans être entendu.

Par ailleurs, l’attaque routière ne consiste pas seulement de piller des automobilistes, des piétons en payent également les frais de cet acte perpétré par des gens malintentionnés. Sur les routes secondaires, dites zone enclavée, des groupes d’individus armés ont le malin plaisir d’arrêter et de voler les villageois à pied, notamment lors du retour du marché. Bon nombre de marchands itinérants en ont été victimes, mais le plus grave reste sur la brutalité des assaillants car certains n’ont aucun état d’âme pour tuer. A ce propos, le dernier en date a été enregistré le mois de juillet dernier dans le district de Mandoto où une bande de criminels a assassiné de sang froid un marchand itinérant avant de le dépouiller de tout son argent et du reste de la marchandise.

Description et mode opératoire des coupeurs de route

Certains conducteurs et autres témoins ont raconté que les assaillants sont organisés en bandes criminelles et agissent par groupe composé d’une dizaine de membre pour la plupart. Ces derniers sont généralement armés de kalachnikov ou de fusils de chasse, ou tout au moins des armes blanches. Des fois, les malfrats ne sont vêtus que d’un petit short et se mettent torse nu, sans qu’ils se séparent d’un bandeau rouge, le plus souvent porté à la tête sinon à la hanche comme une ceinture. Sur leur cou sont toujours visibles des amulettes de toutes sortes.

Plusieurs témoins et victimes ont rapporté que les assaillants placent des barrages au milieu de la chaussée afin de bloquer la route aux automobilistes. Toutefois, cela ne les empêchent pas d’user de leur armes où ils tirent dans les pneus et dans certains cas ils visent les conducteurs eux même. Dernièrement près d’Ambohimahasoa, les brigands ont placé un bébé au travers de la route afin d’obliger le chauffeur d’un taxi-brousse de s’arrêter.

Après quoi, les malfrats obligent les passagers à descendre et à s’allonger face contre terre ou bien à s’agenouiller tout en leur braquant des armes à feu. Ils volent systématiquement de l’argent, des téléphones portables, des bijoux en or ainsi que divers objets de valeur.  De nombreux témoins ont également affirmé que les attaquants deviennent violents et frappent leurs victimes quand ces derniers n’ont pas d’argent à leur donner, et arrivent même à fouiller chaque  personne présente pour s’assurer qu’elles ne cachent pas d’objet de valeur.

Quelques faits enregistrés

Dans le courant de la semaine passée, un véhicule de transport en commun a été essuyé de jets de pierre par des bandits. Au moins quatre passagers ont été blessés par les éclats de vitre. Pour se faire, les assaillants ont placé un nouveau né au milieu de la route,  à la vue de l’enfant qui pleurait, le conducteur n’hésite pas à s’arrêter bien qu’il ait été conscient du danger. Les secondes qui suivaient, des individus munis de sagaies et de diverses armes blanches ont surgi de nulle part. Ils étaient sur le point d’attaquer, quand le conducteur a  rapidement  pris la fuite. Cette tentative a réussi sinon, tous les passagers à bord, auraient été tous dépouillés.  Il s’agit d’un fait enregistré à quelques kilomètres du district d’Ambohimahasoa sur la Rn7.

Sur cet axe toujours, samedi dernier trois voitures ont été prises d’assaut simultanément, faisant un blessé suivi de la disparition d’une grosse somme d’argent. Les bandits ont usé de la ruse, ils ont piégé les véhicules en simulant un accident de la route. Un camion transportant diverses marchandises, un taxi-brousse ainsi que le véhicule d’un particulier ont été les victimes de cet acte de banditisme. Ces trois voitures roulaient en caravane pour plus de sécurité lors d’un voyage de nuit. La tête du convoi a aperçu une voiture, visiblement victime d’un accident de la circulation et des appels à l’aide ont même été entendus. Le chauffeur s’est alors arrêté et est sorti pour constater et porter assistance. Mais dès qu’il a mis les pieds dehors, il a reçu des jets de pierres comme le reste de la caravane d’ailleurs. Le camionneur a été blessé et les trois véhicules ont subi quelques dégâts. Apparus de nulle part, les brigands s’étaient approchés des véhicules en un rien de temps et ont menacé de mort les passagers en cas de résistance ou de désobéissance. « Où est l’argent ? », c’est ce qu’ils ont incessamment répété au cours de l’assaut, raconte un voyageur. Dans tous les cas, les brigands ont amassé la somme d’un million d’ariary avant de prendre la fuite.

Sur la route du district d’Antsalova, les brigands ont fait une victime, lundi. Un taxi-brousse reliant ledit district à celui de Maintirano a été attaqué à 15km du premier par 11 assaillants. Ces derniers ont tiré sur la voiture, tuant un  passager, qui plus est le propriétaire du véhicule.  Cette fois, les malfrats n’ont pas eu besoin d’établir un barrage, ils ont profité du moment où le taxi-brousse était tombé en panne pour frapper.  En effet, suite à un problème mécanique une réparation a été de mise, cependant les passagers ont été transbordés vers un autre véhicule qui passait sur le lieu. Il ne restait plus que le conducteur ainsi que  le propriétaire à l’intérieur, ils ont dû y passer la nuit en attendant la réparation. Les bandits ont fait preuve de violence, or, ils n’ont réussi à rien emporter selon une source toujours. Les forces de l’ordre étant averties se sont dépêchés sur le lieu, mais n’ont pu découvert que les dégâts laissés par l’assaut  ainsi que le corps sans vie de la victime.

Dossier préparé par Njara Fih