Les commerces s’installent d’un côté avant que la finition des nouvelles implantations ne soit complètement menée à terme, de l’autre côté la grande surface et quelques magasins ont ouvert leurs portes alors que des chantiers poursuivent des travaux sur le site. La concurrence fait rage, les promoteurs de ces centres commerciaux entreprennent une course de vitesse. C’est à qui parviendrait à exciter en premier la curiosité du grand public dans le souci de conquérir une nouvelle clientèle et de fidéliser les détenteurs d’un pouvoir d’achat intéressant. 
Cette course de vitesse sert avant tout une stratégie de communication pour asseoir notoriété et prestige, mais il est évident que les investisseurs dans de si vastes chantiers n’ont pas misé autant de sommes colossales nécessitées par de telles entreprises dans le seul souci de l’immédiat. Tout s’inscrit dans une continuité entre le présent et une pérennité à terme. Des études de marché ont évidemment précédé la décision d’investir dans ces projets. Les capitaux font rarement des paris aventureux, ils s’appuient davantage sur foi en l’avenir basée sur des projections sérieuses, et le plus souvent le flair qu’ils en cultivent ne les trompe pas, l’argent renifle naturellement où se trouve le fric pour y trouver profit. En l’absence de ce don les hommes d’affaires se réduisent à végéter en petits « affairistes » à l’affût de bons petits ou grands coups à réaliser. 
On peut faire confiance au flair de ces investisseurs. Si actuellement ils mènent cette course de vitesse, c’est que dans l’immédiat, au-delà du marasme général dont tout le monde se plaint, il existe une couche suffisante de la population qui possède un pouvoir d’achat nécessaire pour faire tourner « leurs boutiques ». Là ne s’arrête pas leur conviction, toutes leurs initiatives et entreprises permettent à croire qu’ils font foi en l’avenir du pays. Et ça, c’est bigrement fouettant !
On pourrait s’interroger sur les initiatives de l’Etat pour mobiliser les capitaux
des nationaux au vu de l’intrépidité de ces investisseurs étrangers.   
La Transition a pour obligation principale de gérer les affaires courantes et pour mission essentielle de préparer le terrain aux successeurs lorsque la 4ième sera effective, un pouvoir qui aura autorité pour orienter à long terme les voies dans lesquelles s’engage le pays. Du reste si l’on ne se trouve pas encore à l’étape de délimiter des zones industrielles et zones commerciales c’est qu’il y a plus urgent, le problème du logement, et en ce domaine l’aménagement du territoire laboure en profondeur pour tracer les sillons qui reflètent les chantiers de l’habitat.

Léon Razafitrimo