A plus de huit mois de la tenue des élections présidentielles une douzaine de candidats potentiels se bouscule au portillon. Il y en aura d’autres, alors que parmi ceux qui ruent prématurément d’impatience il en est quelques-uns qui vont se disqualifier pour cause d’essoufflement précoce. Le souffle ici est conditionné par le nerf de la guerre, et du « fric » il en faut pour tenir la distance, plus essentiel qu’à propos du pétrole. Lors du premier choc pétrolier contre le « chantage » exercé par les producteurs, le cartel des « populations grandes consommatrices » avaient opposé et organisé une résistance autour de la stratégie « on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ». Dans cette course la donne diffère sensiblement, ceux qui s’émoustillent un peu trop vite, mus par un élan patriotique ou simplement excités par le fumet que dégage par anticipation la cocotte qu’ils ambitionnent de conquérir, trouveraient avantage à économiser le contenu de leurs caissettes, ici sera un ring de grosses caisses. 
Du reste, toutes oreilles tendues, on entend un tintamarre mais les prétendants concurrents ne font que concocter les mêmes idées pour les présenter à leur sauce, aucune idée nouvelle encore moins de pensée construite ne vient flatter les oreilles ni charmer l’esprit. La course risque de se réduire à convaincre le plus d’électeurs entre celui qui se présente en Zorro, celui-là en Robin, et cet autre en Messie. 
L’hypothèse la plus flatteuse en l’absence d’un combat d’idées, consisterait à ne pas en faire une question de personne mais à s’aligner comme s’il s’agissait d’un concours de recettes, pas culinaires certes, mais « développementaires » puisque développement est le miroir aux alouettes que chacun agite. Après tant d’années que l’on remue cette histoire de développement il n’est plus resté en un seul concept et se décline en une myriade de mythes et à chacun de matérialiser le sien en un personnage de pantomime dont il tirera les ficelles pour mettre en scène « l’Arlésienne » de son cru. 
Malgré tout, même s’il ne faut pas s’attendre à ce que l’un ou l’autre parvienne à opérer un quelconque miracle dans ce cas de figure, il demeure quand même des choix à faire. Si l’on distribue la même quantité et de denrées et d’ingrédients à différents chefs, il y a peu de chances qu’ils servent tous des plats à qualité égale, certains concocteront des repas plus indigestes que d’autres.

Léon Razafitrimo