Au sud de Madagascar en bordure du littoral, la pervenche (catharenthus roseus) est cultivée et expédiée en France pour fabriquer des médicaments destinés à traiter différents cancers.

Chaque année, la collecte de la pervenche rose tropicale (racines et feuilles) mobilise 4000 familles dans le grand sud de Madagascar, soit 20 000 à 30 000 personnes qui bénéficient de revenus de cette culture endémique, introduite au 16e siècle par les premiers français arrivés à Fort-Dauphin. Aujourd’hui, la SEAR, société d’exploitation agricole de Ranopiso, filiale du laboratoire Pierre Fabre, est le collecteur principal pour ces milliers de paysans qui n’ont parfois pas d’autres sources de revenus.

 Renouvellement des plants

 Depuis 2002, le groupe pharmaceutique a renforcé le contrôle des approvisionnements. Sa volonté étant de maîtriser la filière, de bout en bout, pour s’assurer de la bonne qualité des racines et des feuilles et de la traçabilité mise en place (aucun sous traitant dans la chaîne).

« La filière pervenche est toujours aussi active. Elle n’est pas prête de disparaître » explique Patrick Grandcolas, directeur général de la SEAR qui possède des terres propres à Ranopiso (1200 ha) où elle cultive de manière pluviale (non irriguée) 40 ha de pervenche.

« Le volume de production est constant d’une année sur l’autre. La société garantit un prix d’achat et un volume aux  petits paysans. Chaque année, nous collectons 400 tonnes de racines sèches et 150 tonnes de feuilles sèches. La culture de la pervenche se fait soit de manière intensive ou en culture associée (maïs et manioc) en bordure de mer. Elle ne nécessite ni engrais chimique, ni semis, ni mécanisation ». Et Rija, jeune agronome malgache à la SEAR, de souligner « Tous les cinq ans, on renouvelle les plants et on distribue les semences ».

 Adapté au climat d’Ambovombe Androy

 La pervenche a résisté à la sécheresse de 2009 et a évité des risques de famine pour certains petits exploitants de la région d’Ambovombe. Expédiées en France, les racines et les feuilles sont extraites pour fabriquer des médicaments : les feuilles sont utilisées dans le traitement des cancers du sein, du poumon, de la vessie, du foie. Les racines sont utilisées dans le traitement de problèmes de circulation cérébrale. Mais elles ont d’autres vertus : coupe faim, antidiabétique, hypotenseur, antipaludique.

Recueillis par FR