Les agents de la Jirama ont mis à exécution leur menace de couper l’eau et l’électricité pour des ministères qui n’ont pas honoré leurs factures. Le premier à en faire les frais de cette décision est le ministère de l’Eau, de l’hygiène et de l’assainissement dont le siège se trouve à Ambohijatovo Ambony. C’est tout un signe et d’autres ministères suivront le pas d’ici ce jour. Mais comme toujours, il faut s’attendre à une réponse musclée de la part du régime, ce qui ne fera qu’aggraver la situation au pays.

C’était dans l’après-midi d’hier que des agents de la Jirama, rappelons-le qu’ils sont en grève, ont procédé à la coupure pure et simple de l’eau et de l’électricité alimentant le siège du ministère de … l’Eau, de l’hygiène et de l’assainissement sis à Ambohijatovo Ambony. La ministre Ndahimananjara, chargée d’apporter de l’eau potable dans tous les foyers malgaches mais aussi de ramener un peu de propreté dans tout le pays, se voit donc priver de son essentiel outil de travail, puis obliger de se laver les mains avec des bouteilles d’eau emmenées depuis sa résidence, ou bien de creuser tout simplement un puits dans les rochers se trouvant derrière le bâtiment.

Pour ce qui est de l’électricité, les agents de ce ministère devront se munir de bougies au cas où ils devront travailler tard, ce qui ne risque pas d’arriver puisque leur motivation a pris un sacré coup après cette mesure de rétorsion réalisée par les grévistes de la société Jirama. Avec l’absence totale du budget d’investissement et de l’autre côté, un budget de fonctionnement très réduit, la situation incite plus à l’école buissonnière pour les agents de l’administration publique.

Une demi-heure après Ambohijatovo, les agents grévistes sont arrivés du côté d’Ampandrianomby pour effectuer le même travail au ministère de l’Energie et des hydrocarbures. Seulement, un responsable du lieu a avancé que les factures ont été déjà réglées, d’où la décision de revenir ce jour et de procéder à la vérification des dires du responsable avec justification à l’appui. Pour le ministère des Finances et du budget, la coupure sera effectuée après le paiement de la pension des retraités, c’est-à-dire, avant la fin de cette semaine !

Sacré cocktail

En tout cas, les agents de la Jirama ont mis à exécution leur menace et ont commencé par un ministère dont la principale mission a trait à l’eau. Et effectivement, cela a créé la panique au sein des autres ministères dans la soirée d’hier mais aussi au sein des forces de l’ordre. Pour ces dernières, il leur est impossible d’assurer la sécurité de tous les bâtiments administratifs et surtout de tous les poteaux d’électricité de la Jirama dont, rappelons-le, les agents sont les seuls ayant l’autorisation de les escalader, selon la loi.

Mais comme à son habitude, on sait que le régime va essayer de contrecarrer ce nouveau développement en utilisant la force et procéder ainsi à des arrestations, qui seront, cette fois-ci, massives. Pour de nombreux observateurs, cela ne fera qu’envenimer davantage la situation puisqu’à coup sûr, ces agents, eux aussi, ont plus d’un tour dans leur sac.

Bref, cette grève de la Jirama, combinée à la crise postélectorale qui s’annonce, à l’absence de la loi de finances rectificative, à l’insécurité grandissante, et aux divers mécontentements populaires, est un sacré cocktail qui pourrait péter à tout moment et à la gueule des tenants du pouvoir actuel.

Jean Luc RAHAGA