La situation de Madagascar est de mal en pis,  le régime et son gouvernement sont à court d’idée pour sortir le pays de l’impasse. Une situation qui aurait dû prendre une autre tournure mais la politique de sourde oreille et le fait de ne pas tirer leçon des erreurs des précédents dirigeants n’ont fait qu’empirer la situation. Le pays est au bord de la crise et les dirigeants en sont conscients. Ce qui les pousse effectivement à prendre des décisions hâtives qui ne font qu’enfoncer le pays dans le gouffre. Mais bien effectivement, les dirigeants sont loin de l’admettre et préfèrent opter pour la répression, l’intimidation, l’abus de pouvoir…  Seuls ceux qui osent leur tenir tête peuvent obtenir gain de cause. Le sort des régimes précédents témoigne pourtant les conséquences de telles mesures. Soava Andriamarotafika, journaliste et analyste politique depuis 24 ans fait part de son point de vue et de l’évolution du monde politique.

Les atteintes, les attaques et les menaces à l’encontre de la presse sont montées  d’un cran depuis la prise de pouvoir de Hery Rajaonarimampianina. Récemment, la station radiotélévision Viva à Fianarantsoa en est victime. Les dirigeants ont-ils des raisons d’avoir peur de la presse à votre avis ?

Les dirigeants sont pertinemment au courant de l’importance et les impactes des informations diffusées et publiées par la Presse. Etant le 4^ème pouvoir, la presse est en parfait pouvoir de dénoncer les irrégularités et la mauvaise gestion de l’Etat, ce qui pourrait remettre en cause l’influence des dirigeants. En effet, les détenteurs de pouvoirs politique et économique considèrent la presse comme une menace. Si on parle de liberté de la presse, la loi existante peut la garantir seulement la réalité en est autrement. Par ailleurs, la société malgache n’est pas non plus en bonne connaissance du rôle de la presse que parfois, elle  interprète mal ce rôle qui est d’éduquer et d’informer.

Pensez-vous alors que ces devoirs d’informer et d’éduquer soient respectés?

Le principe de la presse  consistait au début à faire du média une arme de guère des nationalistes malgaches à lutter pour l’indépendance et la souveraineté du pays. Mais je confirme que ce principe a changé au fur des temps et aujourd’hui la tendance penche davantage sur la commercialisation. La presse maintient toujours son rôle mais priment les intérêts du patron de presse. Toujours est-il qu’elle est d’une incitation et manipulation importante qui fait peur aux tenants du pouvoir. La station audiovisuelle Viva, pour avoir l’audace de dénoncer les tentatives de fraude du régime a subit les conséquences. Mais je tiens à souligner que les coupables sont de mèche avec le régime. L’objectif  était de contourner les résultats des élections mais les journalistes de ladite chaîne ont déballé les intentions machiavéliques qu’il a fallu les faire taire.

A  voir la situation, Madagascar serait-elle au bord d’une nouvelle crise ?

Les crises qui se sont succédé à Madagascar notamment celles de 1972, de 1991, de 2002 et de 2009 ont été déclenchées par un mouvement populaire mais il faut savoir que les causes sont nombreuses. En tout cas, celle qui relie les unes des autres est surtout la pauvreté. La population est fatiguée de vivre dans des conditions lamentables notamment d’insécurité, de faim, de non accès aux soins médicaux et de l’éducation… qu’il suffit d’une petite étincelle pour déclencher le mouvement populaire. La fermeture de Viva en 2009 était une étincelle qui a mis le feu aux poudres . Mais il faut également prendre en compte ceux qui profitent de la situation pour semer une crise dont les pays de grande puissance qui ne pensent qu’à leurs intérêts.

Que pensez-vous des élections communales jugées précipitées et irrégulières ?

Si le Tribunal administratif et financier se laisse influencer, les résultats des élections pourraient être la goutte d’eau qui fera débordée la vase. Le citoyen se mettra sans doute à défendre son choix qu’il n’acceptera en aucun cas les fraudes.

Pendant les élections, le Hvm n’a jamais dénoncé ou contesté le Tim contrairement au Mapar. Peut-on penser  à ce qu’il y ait une alliance entre les deux partis et si oui, sur quoi  est elle basée ?

A voir la situation, on ne peut ne pas penser qu’il y ait une alliance entre Hvm et Tim. La motion de censure à l’encontre du gouvernement en est la preuve. Les députés Tim sont parmi les fervents qui ont voté oui et pourtant, le président national du Tim ne s’est pas limité de confirmer son soutien au régime. Une information m’a été également confiée comme quoi le Président Hery Rajaonarimampianina serait un actionnaire dans le groupe Tiko. Deux raisons suffisantes pour expliquer le tandem entre Ravalomanana et Rajaonarimampianina.

Pensez- vous que le pacte de responsabilité sera l’issue pour sortir de cette impasse ?

Le régime doit respecter la disposition de la Constitution et tenir compte de la force politique pour s’en sortir. La politique des mallettes ne devrait plus prendre le dessus. Mais il faut admettre que la réalité en est loin.

Après 24 ans de métier de journaliste, comment voyez-vous l’évolution de la pratique politique ?

La pratique politique a été toujours la même. La communauté internationale a toujours imposé son autorité. Les dirigeants ne sont que des pantins à leur service. Il est facile pour les pays de grande puissance  d’avoir une telle influence étant donné que la majeure partie des dirigeants n’a pas été formée  pour être de bon leader. Avant d’arriver au pouvoir, ils ne disposaient ni d’idéologie ni de parti politique. Ils ont été élus par hasard qu’ils se laissent manipuler facilement. Une des raisons qui explique la politique de mendicité du gouvernement parce qu’il ne dispose  pas ni d’idée ni de projet pour sortir Madagascar de cette situation lamentable. Le pays ne peut plus se passer des aides financières étrangères  qui ne sont pourtant pas gratuites et tout le monde en est conscient.

Ralambomamy