Présenté au Parquet d’Anosy, le leader estudiantin Jean-Pierre a bénéficié d’une liberté provisoire et a pris de suite un taxi pour être admis à l’hôpital Hjra. Les brutalités de l’Emmo-Reg font l’objet de condamnation tout azimut et les talk-shows en ont été inondés, hier toute la journée. Pour le Général Florens Rakotomahanina, ces barbaries sont … normales et justes!

La condamnation vient de partout : des sociétés civiles, de la presse libre et indépendante, des Eglises chrétiennes, de diverses associations estudiantines, du Seces qui va porter plainte, des partis politiques, …. mais aussi des simples citoyens. Les talk-shows accompagnés d’interventions téléphoniques en ont été inondés depuis la matinée d’hier jusque tard dans la soirée et tout le monde a pu voir ce qui s’est réellement passé à l’Université d’Antananarivo lundi dernier. L’étudiant de la faculté des Lettres et Sciences Humaines Jean Pierre a été victime d’une brutalité qui se passe de commentaires. En résumé et pour ne pas revenir sur cet évènement qui ternit gravement l’image des éléments de l’Emmoreg, on peut juste affirmer que ces éléments des forces de l’ordre se sont tout simplement et littéralement défoulés sur un simple étudiant souhaitant reprendre les cours et armé d’un simple sac à dos. Hier, le général Florens Rakotomahanina, commandant de la Circonscription Inter Régionale de la Gendarmerie Nationale (Cirgn) a tenu à apporter quelques explications pour redorer l’image de ses troupes. Ce dernier a littéralement affirmé que Jean Pierre a tout simplement fait du grand cinéma lors de son arrestation. Par ailleurs, le Général Florens a indiqué que les réactions des forces de l’ordre ont été tout à fait normales. Celui-ci s’est même félicité que ses éléments ont appliqué ce qu’ils ont appris lors de leur formation. Pour le commandant de la Cirgn, les nombreux coups portés sur Jean Pierre sont justes et entrent tout simplement dans le cadre de l’immobilisation d’une personne à appréhender. Il a rajouté que Jean Pierre n’a pas été touché à l’entre-jambe, point vital de l’être humain, et est en bonne santé. Concernant l’usage de matraques électriques, le général Florens a nié en bloc mais plusieurs journalistes qui se trouvaient sur place peuvent pourtant témoigner du contraire, d’autant plus que le général Florens a déclaré posséder ce genre de matériel. Pour essayer d’avoir bonne conscience, le général Florens a tenu à préciser que Jean Pierre a même été directement amené à l’infirmerie de la garnison d’Ampahibe juste après son arrestation très musclée, qui a été fait dans le respect total de la loi, selon toujours les propos du général Florens.

Jean Pierre, traité comme un moins que rien

Lundi dernier, l’étudiant Jean Pierre n’a pas eu le temps de faire appel au respect de ses droits humains lors de son arrestation par des éléments des forces de l’ordre littéralement enragés. Hier, cet étudiant a été déferré devant le Parquet et son état physique va tout simplement à l’encontre des propos du général Florens Rakotomahanina. En effet, plusieurs bleus et hématomes pouvaient être clairement distingués sur son corps et notamment son visage, mis à part le fait qu’il boitait sérieusement. Par ailleurs, la fatigue se lisait facilement sur son visage, il était tout sale et des traces d’humidités étaient visibles sur ses vêtements. Autre surprise, l’étudiant se serait sans doute fait volé ses chaussures par les forces de l’ordre parce qu’il s’est présenté devant le procureur rien qu’avec ses chaussettes. Nul ne sait ce qui s’est passé dans la nuit du lundi au mardi mais en voyant cet étudiant, la Procureure de la République a certainement eu pitié et décidé que Jean Pierre n’était pas en état de se présenter devant le Parquet. C’est pour cette raison que la Procureure de la République a décidé de le renvoyer très vite voir un médecin. Jean Pierre est donc reparti avec Berija (un autre étudiant qui a déjà fait les frais des forces de l’ordre) à bord d’un taxi. Il a été amené à l’hôpital Hjra mais même dans cet établissement de santé public, l’empreinte des forces de l’ordre ou d’autres plus hauts décideurs n’est jamais loin. En effet, nous avons appris que Jean Pierre n’a pas pu faire des radiographies exigées par l’expertise traumatologique. Il est clair que des hautes personnalités mêlées de près à cette affaire ne souhaitent pas qu’on découvre des côtes cassées, des os brisés ou une éventuelle hémorragie interne sur Jean Pierre. Mais au vu de la brutalité dont il a été victime, il est facile d’imaginer que c’est le cas. Aujourd’hui, l’étudiant Jean Pierre est tout simplement traité comme une personne qui n’a aucun droit.

J.L.R – Laza Marovola