Lundi dernier, l’étudiant à la faculté des lettres et sciences humaines Jean-Pierre Randrianamboarina, dit Jean-Pierre a été arrêté de force par les éléments de l’Emmo-Reg du général Florens Rakotomahanina lors de la manifestation des étudiants de l’université Ankatso. Cet universitaire a reçu plusieurs coups de poings, de pieds, de coudes et s’est même fait écraser alors qu’il était déjà immobilisé. Mais à Madagascar et notamment sous le régime actuel de Hery Rajaonarimampianina, ce sont toujours les innocentes victimes qui comparaissent devant le tribunal. Ce fut le cas mardi dernier, mais Jean-Pierre a bénéficié de la clémence de la Procureure de la République qui l’avait renvoyé voir un médecin et qui avait donc ajourné la séance. Cette dernière s’est tenue hier dans la salle 6 du tribunal Anosy et a duré environ une heure. Aujourd’hui, Jean-Pierre est accusé d’incitation au désordre, insultes et jets de pierres à l’endroit des forces de l’ordre, incitation des étudiants au vol et finalement atteinte à la sûreté de l’Etat. Ces accusations semblent carrément tomber du ciel mais il semblerait que l’accusation de tentative de coup d’Etat a été écartée pour ne pas envenimer cette affaire. Dans cette optique, Jean-Pierre, qui a tout nié en bloc, a bénéficié d’une liberté provisoire hier et le verdict de son jugement sera rendu ce vendredi 4 août prochain. Il faut donc d’ores et déjà se demander pour qui ce vendredi sera magnifique.

Sur les pas de Berija Ravelomanantsoa

Au mois de janvier 2015, un autre étudiant avait déjà subi les frasques des forces de l’ordre et de la justice. Berija Ravelomanantsoa, dit Berija était l’un des meneurs des manifestations pour la fin du délestage, chose promise du président de la République. Cet étudiant en médecine a été arrêté par les forces de l’ordre avant de se faire accusé d’organisation d’une manifestation sans autorisation, de possession de drogue, d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de tentative de coup d’Etat. Rappelons-nous alors que Berija avait eu droit à un aller simple pour la maison de force de Tsiafahy où il avait séjourné pendant plus de deux semaines. A l’heure actuelle, l’étudiant Jean-Pierre semble emprunter le même chemin que Berija dans la mesure où il est également accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat avec des soupçons de tentative de coup d’Etat. Même si Jean-Pierre a bénéficié d’une liberté provisoire par deux fois juste parce qu’il s’est fait sévèrement tabasser par les éléments de l’Emmo-Reg, il faut toujours s’attendre à des revirements de situation d’autant plus que le commandant de la Circonscription Inter Régionale de la Gendarmerie Nationale a déjà indiqué que ses éléments ont agi en respectant les procédures et les lois en vigueur. Par ailleurs, on sait que la création de dossier compromettant est une spécialité des hommes du régime Rajaonarimampianina.

Tous les étudiants grévistes devraient se faire arrêter

Le Général Florens Rakotomahanina, commandant de la Circonscription Inter Régionale de la Gendarmerie Nationale (Cirgn) a déjà félicité ses troupes pour l’arrestation musclée de Jean-Pierre, qui est tout simplement normal et juste selon lui, malgré le non respect de la franchise universitaire. Mais aujourd’hui, il devrait encore plus jubiler pour la simple raison qu’il a l’occasion de faire la même chose sur tous les étudiants d’Ankatso. En effet, les accusations qui mettent en cause Jean-Pierre concernent aussi plusieurs autres étudiants qui ont participé à la manifestation de lundi dernier. En effet, plusieurs étudiants interrogés sur cette affaire ont indiqué que personne n’est vraiment le meneur de la manifestation de lundi dernier parce que les étudiants étaient là de leur propre chef. Concernant les jets de pierres à l’encontre des forces de l’ordre, il est tout simplement à noter que Jean-Pierre n’a pas été le seul à le faire. Par ailleurs, si Jean-Pierre est accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat, tous les étudiants ayant participé à la manifestation de lundi dernier doivent également faire l’objet d’une arrestation musclée et d’une comparution au tribunal pour les mêmes accusations. Sur un autre point, plusieurs étudiants ont souligné que c’est la présence même des forces de l’ordre aux abords de l’enceinte de l’université Ankatso à chaque manifestation qui entraîne réellement le désordre. Au final, le général Florens Rakotomahanina ne devrait pas s’acharner sur le seul Jean-Pierre et ordonner à ses hommes d’effectuer une arrestation de masse à l’université d’Antananarivo.

Laza Marovola