« Moi, dit le petit gourou, je m’occupe de l’âme des adeptes, je ne fais pas de politique »,  arrive un dirigeant d’un club sportif, « moi, dit-il,  je fais de mon mieux pour que des jeunes s’épanouissent à l’intérieur de l’organisation, je ne me mêle pas de politique », et ainsi de suite chacun de se défendre de faire de la politique, comme si en faire était honteux ou comme si on devait se culpabiliser du seul fait d’y tremper un petit doigt. Or par ailleurs non seulement les recruteurs des partis utilisent souvent en argument, « si tu te désintéresses de la politique, de son côté elle ne se désintéresse pas de toi et se mêle tout le temps de ton quotidien, mais de plus instinctivement nombreux sont ceux qui sentent ce besoin d’y mettre leur grain de sel, en ayant conscience de la vanité du peu de moyen à moins de se laisser embrigader dans un militantisme partisan. Ces nombreux là en réalité concrétisent l’opinion. L’opinion est-elle agissante ou fait-elle simplement l’objet d’une récupération pour servir d’outil de manipulation ? Tout le jeu politique se noue à cet effet pour enrichir chacun son rôle dans le spectacle de la marche de l’Etat.
Le spectacle devient grande cacophonie lorsqu’en dehors de ceux qui font de la politique une activité clairement déclarée, tous veulent faire entendre leur voix. C’est sans aucun doute une forme idéale de démocratie mais on n’en possède pas encore la formule d’une application sans risque de verser dans une anarchie. La démocratie telle qu’on la pratique, dans sa version « représentative » n’est qu’un avorton d’un avatar. Mais c’est la formule qui peut fonctionner si on en respecte les règles. Les règles sont simples et se résument en un principe « à chacun son job et les responsabilités seront claires ». Evidemment qu’il ne saurait être des cloisons étanches et que chacun fonctionne en vase clos, il existe des passerelles pour entretenir des dialogues à tout instant utile. Longtemps ça a marché ainsi de façon passable entre la fonction politique et l’activité syndicale. L’irruption d’un nouveau concept qu’est la « société civile » aurait pu affiner la progression vers une étape rapprochant davantage d’un idéal de la démocratie, mais une fois encore l’arène politique a davantage fasciné comme sirène tentatrice qu’attirer des vocations avec une volonté d’élévation de l’être, le sien et celui de tout un peuple. 
Quand bavardages et profits particuliers sont les maîtres mots de la politique, sur quels arguments peut-on se baser pour interdire par exemple au personnel de l’Armée, de la Gendarmerie et de la Police d’en faire ? Evidemment qu’ils se défendent d’en faire, mais bien sûr qu’ils en font et intriguent à la manière de tous, ne serait-ce qu’en médiatisant le message pour dire qu’ils n’en font pas au moment même qu’ils traitent d’un sujet éminemment politique.

Léon Razafitrimo