Le verdict concernant l’affaire Jean-Pierre tombera aujourd’hui. Cet étudiant à la faculté des lettres et des sciences humaines est accusé entre autres d’atteinte à la sûreté de l’Etat, d’incitation au désordre et au vol, outrages envers les forces de l’ordre et d’organisation de manifestation sans autorisation. Si le Général Florens Rakotomahanina, commandant de la Cirgn s’est et a entièrement disculpé ses troupes face à l’arrestation très musclée de lundi dernier, les réactions des tenants du pouvoir s’est fait attendre.

Hier, c’est sur les réseaux sociaux que nous avons déniché des propos du président de la République Hery Rajaonarimampianina qui sont à des milliers de kilomètres de la réalité. Ces propos datés du mercredi dernier ont été partagés par un entrepreneur nommé Prosperin Tsialonina. Voici les mots du chef de l’Etat : « L’arrestation de l’étudiant d’Ankatso a été mené par des professionnels. Je renouvelle mon entière confiance aux forces de l’ordre qui, chaque jour, accomplissent un travail formidable. La loi sera toujours du côté de ceux qui protègent la population jour et nuit. Sans le travail des forces de l’ordre, nous ne connaîtrons que l’insécurité. Nous pouvons les remercier pour leur courage et leur dévouement. Grâce à leur travail, nous vivons dans un pays sûr ». Ces quelques phrases parlent d’elles-mêmes et en disent long sur la personne. Aujourd’hui, il est clair que Hery Rajaonarimampianina cautionne ouvertement la barbarie et n’accorde aucune importance aux droits de l’homme.

Le président ignore  la réalité

A l’heure actuelle, le pays est loin d’avoir fait un trait sur la crise compte tenu de la mauvaise gestion du pays par le nouveau président de la République Hery Rajaonarimampianina, qui n’oublie jamais de rappeler d’avoir été élu. Beaucoup pensent même qu’une nouvelle crise est inévitable et n’est juste qu’une question de temps. Tous les signes du malaise généralisé de la population apparaissent déjà et l’affaire concernant l’étudiant Jean-Pierre ne conforte pas la position du régime actuel. A ce propos, cette affaire a non seulement provoqué un tollé général mais le Syndicat des enseignants chercheurs compte encore porter plainte et de leur côté, les Etats-Unis par le biais de l’ambassade américaine a demandé l’ouverture d’une enquête. Toutefois, tout cela ne pourrait être que peine perdue dans la mesure où la situation est tout à fait normal pour un numéro un qui serait capable d’accuser une mouche dans sa soupe de tentative de coup d’Etat. Concernant la brutalité des forces de l’ordre sur Jean-Pierre, il est clair que le président de la République a encore augmenté sa côte d’impopularité. S’il avait dû condamner les actes de barbaries de lundi dernier, il aurait encore félicité les forces de l’ordre qui se sont littéralement défoulés sur un étudiant totalement désarmé et désemparé. C’est comme si Hery Rajaonarimampianina se réjouit que Jean-Pierre ait reçu des coups de matraques électriques (Tazer) qui peuvent libérer une décharge allant de 500 000 à 8 000 000 de volts.

Par ailleurs, il se trouve que le président de la République ne se tient pas réellement informé de la situation dans le pays dans la mesure où à l’heure actuelle, l’insécurité est présente à chaque coin de rue et aux quatre coins de la Grande Ile. Bref, Hery Rajaonarimampianina se trouve dans une bulle et c’est la raison pour laquelle il ignore complètement la réalité.

Madagascar, un pays sûr… d’entrer en crise

« Grâce au travail des forces de l’ordre, nous vivons dans un pays sûr ». Ce sont les mots du président de la République et ils sonnent vraisemblablement comme un avertissement à l’endroit de ceux qui pensent à se dresser contre le régime actuel. Pris sous un autre angle, cette affirmation signifie tout simplement que Hery Rajaonarimampianina utilise et continuera à utiliser les services des forces de l’ordre pour rester tranquillement à sa place au grand dam de tous ses détracteurs. En effet, le pays est loin d’être sûr ; la stabilité et le climat d’apaisement sont totalement inexistants, raisons pour lesquelles les bailleurs de fonds hésitent toujours à ouvrir le robinet des aides budgétaires. Par ailleurs, le pays est loin d’être sûr et la présence automatique des forces de l’ordre à toutes les manifestations, même pacifiques, le prouve très bien. Cette utilisation des forces de l’ordre comme une milice ne signifie pourtant que le chef de l’Etat actuel a tellement peur de perdre sa place à cause de son incompétence avérée à diriger le pays et à trouver des solutions concrètes aux problèmes qui se présentent à lui. Aujourd’hui, sa place de président de la République est menacée de tous les côtés et grâce au travail des forces de l’ordre, nous vivons dans un pays sûr d’entrer directement dans une nouvelle crise.

Laza Marovola