Demain s’ouvrira à Addis-Abeba le huitième Forum pour le Développement de l’Afrique (ADF VIII). Organisé conjointement par la Commission de l’Union africaine, la Banque africaine pour le Développement (BAD) et la Commission économique pour l’Afrique des Nations-Unies (ECA), celui-ci se penchera sur la gestion et la mobilisation des ressources naturelles au service du développement de l’Afrique. D’après Yinka Adeyemi du service de communication de l’ECA, en 2008, l’Afrique a laissé fuir près de 50 milliards de dollars issus d’exploitations des ressources minières du continent. « Certaines sources avancent que pour cette année 2012, près de mille milliards de dollars de fonds issus des ressources minières africaines ont quitté le continent », a-t-il encore précisé.
Vue l’importance de ce fonds qui emprunte un « flux illicite » et ne profite qu’à une minorité (entreprises exportatrices, quelques dirigeants politiques et économiques…), on estime que l’Afrique, d’une manière générale, n’aurait pas réellement besoin de faire appel à des investissements directs étrangers (IDE) pour exploiter ses ressources naturelles. En effet, le total des sommes détournées est suffisant pour que les Africains exploitent eux-mêmes leurs ressources. Seulement, ils ne pourront pas le faire sans mettre en place une bonne gouvernance minière basée sur la transparence. C’est la raison pour laquelle une Commission ad hoc présidée par Thabo Mbeki est mise en place pour combattre cet autre « fléau africain ».

Délégation malgache

La transparence constitue effectivement l’un des axes importants de la « vision africaine » en matière d’exploitation de ressources naturelles décidée en février 2009. D’ailleurs, c’est l’une des raisons pour lesquelles l’ECA a décidé pour cette année de choisir la thématique de la gestion et de la mobilisation des ressources naturelles pour l’ADF VIII. Ce thème doit « mettre en relief l’importance de la gouvernance des ressources naturelles dans la transformation économique et sociale de l’Afrique, y compris la promotion de la croissance et la réduction de la pauvreté ». D’après Pedro Antonio de l’ECA, l’exploitation des ressources naturelles ne devrait pas seulement profiter à une minorité mais à l’ensemble de la population. L’énorme recette qu’elle génère doit donc être utilisée pour développer d’autres secteurs importants comme l’éducation par exemple.
Si la transparence est si importante dans la gestion des ressources naturelles, c’est qu’elle permettra de limiter la fuite des capitaux que génère l’exploitation minière sur le continent. Mais pour cela, chaque pays africains doit mettre en place une politique de bonne gestion des ressources naturelles. Le forum qui s’ouvrira demain et qui prendra fin le 25 octobre prochain se penchera sur ce point. D’importantes personnalités comme des chefs d’Etat et d’organisations spécialisées en développement sont ainsi attendues à Addis-Abeba. Selon les informations, une délégation malgache devrait prendre part à cet important forum.

L. Denis Alexandre (Addis-Abeba)