Les périodes de silence autant que les moments où il multiplie interventions dans les médias à l’étranger et les déclarations en direct à « la chapelle Magro » de Behoririka à destination des zanaka et de ses adversaires directs, répondent à une stratégie pour maintenir une présence dans l’opinion. La constance d’une partie de son troupeau qui a égaré malgré tout quelques brebis en chemin sur ce long parcours de plusieurs années, récompense la détermination de Dada. Personne actuellement ne peut rapporter une évaluation, même approximative, sur l’influence de la popularité et à l’inverse de l’impopularité de Marc Ravalomanana. De ce point de vue il se trouve à la même enseigne que tous les autres acteurs politiques du moment. Un raz-de-marée en faveur d’un tel ou de tel autre, dans le cas d’une tenue d’élection, reste du domaine d’une hypothèse que l’on ne peut pas éliminer, mais relèverait d’un miracle ou d’un hold-up, et promet bien de déconvenues à ceux qui s’en bercent d’illusions. On se doute bien pourtant qu’il n’y a pas qu’un ou deux à croire mordicus chacun en sa réussite à faire un carton. Monsieur Ravalomanana se trouve évidemment dans le lot.
Il n’a pas fini de croire en son destin, même si sa bonne étoile a visiblement pâli en l’abandonnant à un autre sort depuis Janvier 2009. Actuellement contre mauvaise fortune, le cas de figure de ne pouvoir se présenter, il ne jette pas pour autant le manche. Ses cadres fidèles esquissent le plan B dont l’exilé en Afrique du Sud tirerait les ficelles. Un légat se présentera en son nom et place, à croire qu’il commence à se résigner à son interdiction sans pour autant renoncer à sa détermination. On imagine ce qu’il escompte des avantages à en tirer si le « missi dominici » venait à l’emporter. Dans cette hypothèse personne n’oserait se porter fort de ce que Marc Ravalomanana envisage d’opérer. Ceux qui le connaissent s’accordent à reconnaître qu’il est imprévisible, nombreux ont la certitude qu’il n’a aucune inclination au pardon, et ce n’est un secret pour personne qu’il a des comptes à régler (ses propres passifs qu’il peine à reconnaître, et les contentieux dont il charge de responsabilité tant et tant de gens…).
Il n’y a pas à le taire, l’une des motivations qui mobilisent les efforts de Marc Ravalomanana, quel que soit le discours d’élévation de l’âme et d’une conscience patriotique qui le meut, demeure de barrer la route à celui qui a incarné le mouvement qui a causé sa déchéance. Cette question  à propos d’un règlement de compte devient le problème majeur du pays, une histoire qui hypothèque la sortie de crise. Andry Rajoelina tient le bon bout en s’accrochant au principe de « virginité de condamnation pour crime de sang », hors champ de toute amnistie, comme argument pour décliner le droit d’éligibilité à Marc Ravalomanana. Il n’existe aucun équivalent comme justification pour vouloir disqualifier Andry Rajoelina. Le ni…ni… n’a pas raison d’être. Dans le cas où Monsieur Ravalomanana accepte d’envoyer un émissaire candidat devant le « jugement du peuple » ça serait toujours ça d’acquis, la participation d’un « représentant spécial » vaudrait reconnaissance de l’organisation des élections. Des « troisièmes larrons » (ils sont nombreux) ont des chances de créer des surprises. Et si d’aventure, les électeurs plaçaient deux outsiders pour le deuxième tour !

Léon Razafitrimo