« Les projections indiquent une accélération du rythme de la croissance en 2012 et 2013. La crise politique a freiné voire arrêté la plupart des réformes du secteur public. Le taux de chômage des jeunes est de 5,9% contre 3,8% au niveau national ; cependant, le taux de sous-emploi est très élevé (42,2%) ». Cette conclusion est celle de la Banque africaine de Développement (BAD) et de la Commission Economiques des Nations-Unies pour l’Afrique (UNECA) et publiée dans un rapport intitulé « Perspectives économiques en Afrique 2012 ». Ce rapport est particulièrement axé sur la promotion de l’emploi des jeunes dans les différents pays africains.
Selon ce document, l’année 2011 a été marquée par la poursuite de la crise politique. Celle-ci a eu des conséquences sociales et économiques qui « se sont traduites par une forte détérioration des conditions de vie des populations ». Selon ce rapport, les restrictions budgétaires et l’insuffisance en ressources humaines ont contribué à fragiliser davantage les services sociaux de base et leurs capacités à répondre aux besoins de la population. L’une des conséquences est que Madagascar ne pourrait pas atteindre qu’un seul domaine des Objectifs du Millénaire pour Développement (OMD). Il s’agit de l’objectif relatif au VIH-sida.
Concernant le secteur public, la crise a freiné voire arrêté la plupart des réformes nécessaires en la matière. D’autant que la crise politique a été aggravée par la crise financière internationale si on en croit encore à ce rapport international. La conjonction de ces deux événements a ainsi généré la perte d’environ 336.000 emplois et a rendu vulnérables environ 90% des emplois. Le taux de chômage est particulièrement important dans la mesure où il touche 5,9% des jeunes de moins de 25 ans quand au niveau national le taux est de 3,8%, du moins selon les calculs de la BAD. Par contre, le rapport estime que le taux de sous-emploi est très élevé car il attend le 42,2%. Dans certaines littératures, celui-ci est considéré comme du « chômage déguisé ».

Feuille de route

En depit de ce constat sévère, le rapport de la BAD et de l’UNECA estime que le rythme de la croissance devrait s’accélérer pour cette année et pour l’année prochaine. « Cette situation est liée d’une part, aux perspectives politiques qui se dessinent à la faveur de la signature le 17 septembre 2011 de la feuille de route de sortie de crise, et d’autre part, au dynamisme du sous-secteur minier », note encore le document. Ce dernier met quand même en garde contre la persistance de la crise économique dans la zone euro et qui pourrait compromettre cette dynamique annoncée. Bien entendu, les difficultés que rencontre la mise en œuvre de la feuille de route s’y ajoutent également et pourraient aussi stopper cette amélioration attendue de la situation économique notamment pour 2013.

Recueillis par L. Denis Alexandre (Addis-Abeba)