Jean Pierre – « Un colonel m’a encore tabassé sur mon lit d’hôpital »
La grève des étudiants de l’université a duré plus de deux mois. Ils revendiquent la reprise des cours et pour parvenir à leurs fins, ils ont décidé de rejoindre le terminus de la ligne 119 pour faire part de leur mécontentement. Une décision qui a couté chère au meneur de grève, Jean Pierre Randrianamboariny. Effectivement, les éléments des forces de l’ordre n’ont pas apprécié la décision des étudiants de vouloir sortir du campus universitaire. Pour tenir tête aux forces de l’ordre, les étudiants ont commencé à jeter des pierres à l’endroit de ces derniers qui, eux de leur côté, ont riposté en lançant des bombes lacrymogène. Un affrontement qui a fini par l’arrestation de manière barbare de l’étudiant, dénoncée par de nombreux partis politiques, par la société civile, par les étudiants et également par la communauté internationale. Le commandant de la gendarmerie nationale a même fini par admettre l’acte de violence excessive des forces de l’ordre. Jean Pierre a vécu le cauchemar de sa vie. Un moment qui l’a traumatisé et qui marquera certainement sa vie. Mais il ne se résigne pas pour autant, il persiste à revendiquer son droit d’étudier et en tant que délégué général du département lettres, il a également le devoir de défendre le droit des autres étudiants. Aujourd’hui, il raconte les coups qu’il a encaissé tout au long de son arrestation ainsi que ses nuits en détention et les diverses menaces et insultent à son encontre.
Vous êtes en première année en filière Malagasy, pourquoi prendre le risque de mener une grève d’une telle envergure ?
Avant de vous répondre, je voudrais bien parler des étapes que j’ai dû suivre avant d’intégrer l’université. Je suis originaire de la commune rurale d’Ambatomarina. Mes parents sont des paysans qui n’ont pas de moyens pour permettre à leurs 10 enfants de faire des études supérieures. Pour subvenir à nos besoins, ils cultivent et vendent du manioc. Après que j’ai eu mon diplôme de baccalauréat en 2010, j’ai dû arrêter mes études et travailler pour économiser. Je suis doué en peinture et j’ai profité de ce don pour avoir des sous. Il m’a fallu 3 ans d’économie pour pouvoir intégrer l’université. J’ai emménagé à Antananarivo pour étudier et non pour vagabonder et mettre en péril mes années d’économie. Seulement après 5 mois, les enseignants chercheurs ont suspendus les cours. Comme tout étudiant, j’ai contribué à la revendication de la reprise des cours. Mais en tant que délégué, j’estime avoir la responsabilité de défendre les intérêts de tous les étudiants. Voilà pourquoi j’ai décidé de me porter volontaire pour négocier avec les éléments des forces de l’ordre.
Pourquoi avoir descendu dans les rues alors que vous ne disposez pas d’autorisation ?
Ce n’est nullement notre première manifestation. Nous avons auparavant occupé l’esplanade seulement, nous avons beau crié et faire part de nos problèmes mais personne ne nous écoute. Nous avons, en effet décidé de rejoindre la rue pour se faire entendre. J’ai moi-même demandé poliment aux forces de l’ordre de nous laisser effectuer notre manifestation dans les rues sans pour autant semer la trouble mais ils ont refusé. Alors il m’est arrivé à l’esprit de faire un point de presse ce qui ne leur a pas du tout plu et ils m’ont arrêté pour la première fois, le 24 août dernier. Faute de preuve, on m’a libéré. Mais les cours restent suspendus ce qui nous a amené à renforcer la grève. J’ai été arrêté pour la deuxième fois le 31 août dernier.
Justement, pouvez-vous nous en parler et de nous raconter les calvaires que vous avez dû endurer ?
Calvaire, c’est peu de le dire. C’était atroce et j’ai vécu le pire moment de ma vie. Je n’étais pas le seul, mes parents vivaient également dans l’angoisse. En fait, les éléments de forces de l’ordre ont envahi le campus et nous nous sommes échappés mais j’ai fini par me faire attraper. On m’a battu violement, je me suis fait marché dessus, on m’a donné des coups de poing, de pieds, de crosse de fusil à plusieurs reprises. On m’a insulté, on m’a piétiné et ils étaient une dizaine à me tabasser bien avant l’arrivée des journalistes. Heureusement que ces derniers nous ont retrouvé sinon je me demande bien dans quel état ils m’auraient laissé. On m’a emmené dans la caserne de Betongolo et j’ai demandé à être évacué à l’hôpital Hjra pour me faire soigner mais personne ne m’a écouté. J’ai été transféré dans l’hôpital militaire Ampahibe et un colonel dont je ne connais pas le nom m’a encore tabassé pendant que j’y étais. J’étais dans un état lamentable que le juge a décidé de reporter mon déferrement le 1er septembre. On m’a accordé une liberté provisoire et le procès a eu lieu le 2 septembre. Le verdict est tombé le 4 septembre, le tribunal m’a infligé 6 mois d’emprisonnement avec sursis et 5 ans sous surveillance pour atteinte à l’ordre public, pillage, provocation des forces de l’ordre, manifestation non autorisée et atteinte à la sûreté de l’Etat. Des fausses accusations parce que je ne suis qu’un étudiant qui veut reprendre les cours. Ces peines m’ont été infligées en guise d’avertissement et pour me faire taire.
Le Commandant de la Gendarmerie a reconnu les torts des forces de l’ordre et s’est engagé à prendre en charge les frais médicaux. Ou en est la situation ?
Je pense que la conférence de presse a été effectuée seulement pour calmer la situation. Pour ce qui est de prise en charge médicale, aucun engagement n’a été tenu. Ce sont les enseignants chercheurs et des personnes de bonne foi qui se sont porté volontaire pour m’aider. Les factures médicales s’élèvent actuellement dans les 2 millions d’ariary incluant le scanner qu’on venait juste de me prescrire. J’ai fait appel au ministre de l’Enseignement supérieur pour prendre ses responsabilités en tant que ministre de tutelle mais sans suite.
Comment vous sentez-vous maintenant et qu’en pense votre famille de la situation ?
L’agression m’a laissé des séquelles. Aujourd’hui j’ai du mal à m’endormir, je suis traumatisé et je sursaute quand j’entends des bruits. Concernant mes parents, ma mère s’est demandé si j’étais le seul fils de paysan à l’université qu’il a fallu m’infligér un tel drame. Ils sont accablés et ils veulent porter plainte. C’est aussi le cas du Seces mais ce dernier reste en attente du certificat médical pour y procéder.
Après cette atrocité, avez-vous décidé de ne plus vous imposer au devant de la scène ?
Il n’est nullement question de m’imposer ou pas devant la scène. La revendication est simple. Nous voulons étudier. Il revient au responsable étatique de résoudre le problème. Je tiens également à inciter les étudiants d’unir leur force pour défendre ce qui nous est de droit.
Ralambomamy
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