Selon les climatologues les plus éminents mondiaux, la seule chance de limiter la température mondiale à 1,5°C et de sécuriser un climat sain dans le futur est de réduire à zéro d’ici 2050 les émissions de CO2 et l’utilisation d’énergies fossiles. Ceci requiert une vision à long terme à établir d’urgence. Différents pays, dont Costa Rica, les îles Marshall et Samoa se sont déjà engagés à atteindre l’objectif zéro émission de CO2 et zéro énergie fossile en 2050.

Pour Madagascar, parmi les pays vulnérables qui sont sollicités à soumettre une Contribution Nationale Prévue Déterminée (CPDN ou INDC) dans le cadre de la Conférence de Paris (Cop 21), cet objectif est parfaitement atteignable. En effet, l’émission de CO2 de Madagascar, actuellement de 0,1 tonne métrique par habitant est déjà parmi les plus basses du monde. Il suffirait donc d’utiliser les énergies propres pour le développement des secteurs émetteurs de gaz à effet de serre dans le pays.

2015, année d’inondations historiques Madagascar

Grand potentiel d’énergie  hydraulique

Pour le secteur de l’énergie, principal moteur du développement socioéconomique, Madagascar a un grand potentiel en matière d’énergies renouvelables. Rien qu’en matière d’eau, le pays possède 3000 km de fleuves et rivières, soient 495 milliards de m3 d’eau disponibles dont 355 milliards de m3 d’eaux de surface et 140 milliards de m3 d’eaux souterraines. Le potentiel hydraulique de la Grande Ile s’élève à 7 800 MW.

L’eau est l’énergie renouvelable la plus facile à exploiter dans la Grande Ile

Ainsi, l’investissement dans les barrages hydrauliques devrait permettre d’augmenter l’accès à l’électricité en milieu rural. Le remplacement progressif des centrales thermiques de la société nationale d’électricité et d’eau Jirama par des centrales approvisionnées par des énergies renouvelables constitue une solution durable aux problèmes de délestage dans les grandes villes. Dans tous les cas, les nouvelles infrastructures énergétiques construites dans l’avenir devraient exploiter les sources d’énergie renouvelable.

L’accès de la population à l’électricité à moindre coût réduira la déforestation. En effet, 80% des arbres victimes de déforestation sont utilisés comme bois de chauffe et charbon par les ménages. Couplée avec l’étendue de la vente de crédit carbone, la reforestation massive de la Grande île, la vulgarisation des techniques d’agro écologie, la transition vers l’énergie verte assurera l’atteinte de l’objectif « zéro émission de CO2, zéro énergie fossile en 2050 ».

Préparation des citoyens

D’après les récentes prévisions de l’Organisation des Nations Unies (ONU) sur l’évolution de la population dans les pays du monde, Madagascar aura 55 293 760 habitants en 2050 et 105 499 410 habitants en 2100. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) projette quant à elle que la raréfaction de l’eau et les problèmes météorologiques dus au changement climatique pourrait réduire la capacité de production alimentaire mondiale et compromettre sérieusement la sécurité alimentaire, la nutrition et la santé. D’un autre côté, Madagascar est prévu devenir le grenier agricole de l’Océan Indien et de l’Afrique, mais aussi un fournisseur de la Chine pour les prochaines années en raison de l’abondance de ses terres cultivables.

La population malgache étant essentiellement rurale (80%), l’Etat devrait dès maintenant mettre en place des mécanismes qui permettraient à la population de tirer bénéfice des projets qui vont être établis dans le cadre de ce devenir « grenier agricole » et des projets d’énergie verte, ainsi que d’habituer tous les citoyens aux techniques de résilience.

Ra Dom