On essaye de faire impasse sur les faits divers rapportés ici et là contant les violences et l’insécurité de la population mais en vain, la réalité est telle que ça vous rattrape au galop ! On ne peut qu’être estomaqué en apprenant ce fait qui a touché un maire d’une commune de Betafo, ce dernier ayant été sauvagement assassiné le week-end dernier. Il a eu rendez-vous avec la mort bien loin de sa circonscription ; car il a été tué du côté d’Andranobe Belobaka à Tsiroanomandidy où il s’était rendu pour une transaction, un achat de mercure ainsi que pour contrôler ses carrés miniers car étant exploitant minier de profession. La sécurisation des transactions financières dans les brousses devient de plus en plus risquée ces temps derniers.
On ne se surprend même plus d’entendre les complaintes des gens du sud sur les misères qui sévissent dans leur région. On reste dans l’expectative quand l’artiste bien connu D’Gary, originaire du sud, monte au créneau pour dénoncer ce qu’il appelle des exactions commises par les forces de l’ordre corollaires aux chasses à l’homme engagé pour démanteler la clique  à Remenabila. Il dénonce notamment les arrestations arbitraires ainsi que les exécutions sommaires assorties d’incendie de cases dans les bourgs et les villages, une politique de la terre brûlée qu’il déplore. La presse a d’ailleurs rapporté des séries d’arrestations, avec des morts lors d’attaques contre des fiefs supposés des dahalo dans le cadre de l’opération « tandroka ».
La délinquance semble se généraliser avec ces multiples brèches d’actes illicites qui se perpètrent partout dans la Grande île. L’opinion ne s’émeut plus outre mesure en apprenant que l’île Rouge est en passe de devenir une plaque tournante du trafic de drogue, notamment d’héroïne dans l’océan Indien. Les multiples prises et arrestations de passeurs, tant malagasy que d’autres nationalités, ne font que confirmer l’existence de réseaux de trafics de drogues entre les îles de l’Océan Indien. Le comble dans tout ça c’est que la Grande île est devenue un pays où la drogue commence à se faire la part belle, car en parallèle aux arrestations dans le sud des dahalo, la découverte de grands champs de cannabis dans certaines localités viennent « agrémenter » ces arrestations. Il existe donc un marché qui se développe dans l’île même. D’ailleurs, le Service de lutte contre les stupéfiants a fait état d’un fait ahurissant : la drogue s’introduit de plus en plus dans le milieu scolaire.
Et dire qu’on est encore loin de voir tous ces micmacs se résorber avec cette crise qui s’allonge et qui s’allonge. Même l’annonce par l’Union Européenne, la Norvège et la Suisse sur leur appui financier, à hauteur de 13,3 millions d’euros sur une contribution totale au processus électoral de 17 millions d’euros, jointe d’un apport d’un million de dollars et 130.000 francs suisses n’arrive pas à dérider pour autant. D’autant que c’est soumis à condition : la signature du fameux PACEM, projet d’appui au processus électoral à Madagascar, le miraculeux sésame pour ouvrir la voie vers les élections ce jour…
Difficile en tout cas d’être optimiste quand on sait que la Grande île est le seul pays à présenter une forte régression sans avoir connu de guerre, passant du 16ème au 48ème rang des pays africains en une période de douze ans, en termes de croissance. Une situation d’exception pour un pays …d’exception ! Avec la disparition à petit feu de la classe moyenne et la misère qui s’immisce partout, l’île Rouge semble tenir toujours debout, contre vents et marée ! Une ineptie diront certains, un fait banal diront les malagasy qui ont la peau dure.