Mauvaise pratique politique, une déduction qui n’étonne plus personne, c’est effectivement l’image de la politique à Madagascar. Les acteurs ne pensent qu’à leurs intérêts et se soucient moins de ceux de la population et du pays. Une image qui pousse effectivement bon nombre d’associations à inciter les jeunes à prendre plus de responsabilité en apportant une nouvelle vision et un nouveau soufflé à la pratique politique malgache. Bon nombre de partis politiques ne disposent même pas d’idéologie et n’ont pas de vision, ne disposent d’aucune savoir faire en leadership… ce qui dénigre davantage le monde politique et donne de mauvaises références aux jeunes qui s’intéressent au sujet. Il y a également ceux qui veulent changer cette image mais une fois arrivé au pouvoir, se laissent  dissuader par le soif de pouvoir et d’argent et change de vision. L’avenir du pays est en effet entre les mains de politiciens qui ne pensent qu’à défendre leurs intérêts. Cette image déplorable a poussé Faniry Alban Rakotoarisoa, connu sous le pseudo de Gangstabab, d’intégrer le monde politique, en créant son  propre parti Apm ou Antoko Politika Madio, afin de rétablir la situation.

Madagascar Matin : Vous parlez de mauvaise pratique politique, pouvez-vous apporter plus d’explication ?

Gangstabab : Les politiciens sont trop pris à se soucier  de leur sort que de s’inquiéter  à celui de la population. Pour se faire élire, ils font des promesses qu’ils ne parviennent pas à tenir une fois au pouvoir. A ce moment, ce qui leur inquiète le plus c’est de trouver de nouvelle stratégie pour ne pas céder leur poste quitte à trahir ceux qui leur ont donné pouvoir. Par ailleurs, on ne peut pas non plus ignorer la politique de népotisme, comme s’il ne s’agit pas de diriger un pays mais de faire tourner une entreprise familiale. Les compétents, pouvant concrètement contribuer au développement du pays, ont peu de chance d’intégrer le domaine trop accaparé par les dinosaures politique. Par ailleurs, il y a également ceux qui n’arrêtent pas de tourner leur veste, de trahir leur parti d’origine pour rejoindre ceux qui détiennent le pouvoir. Ce qui est d’ailleurs devenu une pratique prisée par les politiciens. Non seulement c’est nuisible mais également honteux. Ce sont en effet des mauvaises pratiques qui ne font que renforcer le non respect de la loi, l’exploitation illicite des richesses nationales parce que ceux qui détiennent le pouvoir se croient toujours au dessus de la loi, la dépendance aux bailleurs parce qu’il est question de la loi des plus forts et ceux qui ont le moyen dominent…

M . M : Vous venez de mettre en place votre parti politique Apm. Qu’est-ce qu’il a de plus par rapport aux 300 partis et plus existants ?

Gangstabab : Comme son nom l’indique, l’objectif est de véhiculer une pratique politique droite et équitable, d’apporter une vision objective et fraîche visant à se dénouer de celle imposée par les vieux politiciens. Nous avons fixé une idéologie politique modérée notamment de dénoncer et de critiquer  les défaillances des dirigeants. J’estime que c’est d’ailleurs le devoir de tout parti politique mais peu sont ceux qui s’y engagent vraiment pour ne pas remettre en cause leurs intérêts. Apm est mise en place pour faire son devoir de critiquer afin que les dirigeants puissent  corriger leurs erreurs.

M. M : Comment voyez-vous votre avenir en politique alors ?

Gangstabab : Nous sommes en cours de régularisation des dossiers permettant à l’Apm d’avoir un statut légal d’ici trois mois. Pour ce qui est de ma carrière artistique, je ne peux pas tout arrêter brusquement, je suis en transition vers ma carrière politique. En tout cas, j’ai pu participer à la sensibilisation à travers mes chansons à texte. Par ailleurs, l’Apm est mis en place et bien effectivement, les membres sont libres de participer à toutes les élections mais en ce qui me concerne, j’estime qu’il me faut encore plus d’années d’expériences. Depuis tout petit, mon chemin est tracé et faire de la politique ne s’y éloigne pas. Mais j’ai appris que le fait de ne pas se préparer, de ne pas maîtriser le leadership et la bonne gouvernance font partie des failles des actuels politiciens. Il me faut un minimum de moyen pour mettre en œuvre mes ambitions et pour cela, je pense que 10 à 15 ans peuvent largement suffire. En attendant, je dirige mon parti politique et fait en sorte que l’idéologie sur laquelle se base ce parti soit respectée.

 M. M : Que pensez-vous de l’avenir  des jeunes qui veulent également suivre votre trace ?

Gangstabab : Le monde politique est d’un accès difficile mais il ne faut pas se laisser décourager pour autant. Les jeunes constituent l’avenir du pays et il est plus que temps de prendre les responsabilités, de ne plus se laisser influencer par les politiciens matérialistes qui ne pensent  qu’à eux. Nombreux sont les jeunes qui veulent développer leur carrière politique mais sans succès. Chacun veut défendre ses intérêts et je le dis bien en connaissance de cause. Nous avons présenté officiellement notre parti politique Apm samedi dernier et ce fut une cérémonie loin de toute évidence. Nous avons été victime d’intimidation mais nous nous sommes défendues. Voilà pourquoi je dis qu’il ne faut pas baisser les bras parce que dans le monde de la politique, rien ne s’obtient facilement. Il faut se battre pour se faire entendre et pour imposer une vision toute neuve afin de contribuer concrètement au développement du pays.

Ralambomamy