Le palissandre fait partie des bois précieux protégés par le Cites. Moins juteux que le commerce illicite de bois de rose, le trafic de palissandre n’a jamais cessé et plusieurs réserves et parcs naturels sont ravagés dont notamment celui de la réserve spéciale d’Ambohijanahary, un no man’s land entre le Melaky et le Menabe. Selon les données, plus de 5 000 tonnes sortent illégalement du pays et évidemment, le ministère de tutelle ne comprend rien ce qui arrive à notre Nation !

Effectivement, les observateurs  demandent ce que fait réellement le ministère de l’environnement, de l’écologie, de la mer et des forêts, puisque ce trafic ne date pas d’hier. Mieux même, il figure parmi les premiers dossiers chauds hérités d’autant que le ministre actuel est issu d’une organisation non-gouvernementale œuvrant dans le domaine de la protection de l’environnement, la fondation pour les aires protégées et la biodiversité de Madagascar. De tous les régimes, le commerce illicite de ce bois précieux existe mais il a pris une ampleur jamais égalée depuis l’avènement de la quatrième république.
Une des réserves qui subit de très lourdes pressions reste celle d’Ambohijanahary, située entre la région du Melaky et celle de Menabe, et des dizaines de camions bien chargés prennent chaque semaine la route nationale 1A reliant Maintirano à Tsiroanomandidy ou bien la RN34 reliant Morondava à Antsirabe. Evidemment, les responsables étatiques dans les districts où les cargaisons passent, sont bel et bien au courant du phénomène, et apparemment, cela n’est pas prêt de s’arrêter.

Détourner l’attention

Dernièrement, c’est plutôt des boutres pleins de bois de palissandre qui ont été vus près de la côte-ouest et sans le décès accidentel d’un matelot accompagné de l’hospitalisation de 6 autres navigateurs, avant-hier, on n’aurait jamais connu l’ampleur du dégât. Et comme nous l’avons souligné plus haut, les boutres viennent de Maintirano et la conclusion est vite tirée pour être sûr que la mer du Canal de Mozambique aussi figure parmi les routes déjà tracées pour le trafic. On sait aussi depuis des lustres que les ports des îles des Comores sont souvent utilisés par les trafiquants. On s’étonne dans ce cas qu’aucune mesure drastique n’a été prise jusqu’ici pour y mettre fin et pire, les observateurs estiment que pour les tenants du pouvoir actuel, détourner plus l’attention sur les autres trafics, dont celui du bois de rose, est, en réalité un choix délibéré. Certes, le commerce illicite du bois de palissandre est moins juteux mais bien à l’abri des regards.

En tout cas, le trafic a pris une ampleur exceptionnelle, non seulement pour  l’extérieur – destiné à la fabrication de meubles à des prix astronomiques et surtout pour faire des lames utilisées pour la manche de guitare –, mais aussi pour le marché intérieur. On sait que localement, l’industrie de bois connaît un développement fulgurant si on se réfère à ces magasins de meubles à chaque coin de rue de la Capitale.

Bref, voilà un nouveau dossier qui risque de faire encore mal aux dirigeants actuels de notre pays.

J.L.R