Difficile d’interpréter cette décision de rouvrir l’ambassade de Grande-Bretagne à Madagascar. En effet, selon William Hague, ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni, Timothy Smart sera le nouvel ambassadeur à Antananarivo. Pour rappel, le Royaume-Uni avait fermé son ambassade à Antananarivo au mois d’août 2005 pour des raisons budgétaires a-t-on dit, et suite à un changement de stratégies et de priorités disaient certains. Assez surprenant surtout quand on sait que la semaine dernière a été annoncée la fermeture de son consulat à Bassora, en Irak dans le cadre des mesures d’austérité décrétées par Londres. En tout cas, d’après William Hague, la réouverture de l’ambassade britannique « entre dans le cadre de l’expansion du réseau diplomatique du Royaume-Uni dans des régions clés du monde ». Eh bien voilà qui est dit ! La Grande île est en plein dans le mille pour ce qui est des enjeux stratégiques en ce troisième millénaire, et sa population en ignore l’envergure, du moins les non initiés, bref, la majorité des malagasy ! Pauvres blaireaux, ils seront toujours les bons  derniers à savoir ces pauvres malagasy ! Et puis à quoi bon ? Savoir pour en faire quoi ? Il y aura toujours un petit nombre de privilégiés qui se farciront la crème au grand dam du reste !
Il est clair que les britanniques ne voudront pas être en reste dans ces jeux d’échecs géostratégiques, et en l’espèce pour les cas de Madagascar, on sent bien que la curée c’est pour bientôt, les produits miniers commencent à filer à …l’anglaise de l’île en toute « légalité », d’autres suivront immanquablement d’ici quelques années, les premières phases d’exploitation ici ou là sont en cours de concrétisation, alors… La Grande île fait bel et bien partie de l’Afrique, cette Afrique qui s’est fait, et se fait encore, blousée par les grands consortiums qui ont la mainmise sur le marché mondial des matières premières et jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas demain la veille que ça changerait. Les populations africaines autochtones verront toujours leurs « richesses » leur passer sous le nez sans pouvoir escompter une quelconque ristourne équitable pour elles. Et dire que cette population africaine, ainsi que ses ancêtres, foulaient aux pieds depuis belle lurette cette richesse sans avoir pu en tirer convenablement profit. De toute manière, dans les pays africains où les extractions pétrolières font la « une », telles au Nigeria ou en Angola, au Gabon ou en Congo, pareil pour le Cameroun, les entreprises pétrolières ne se soucient guère de ce qu’adviennent ces pays, la notion de « bonne gouvernance » est le cadet de leur souci, il leur faut juste des zones sécurisées pour protéger leurs investissements, dans l’extraction cela s’entend, quitte à laisser pourrir la situation en dehors de ces zones où l’insécurité peut bien « régner » du moment que leurs installations soient « safe ». Depuis que les investisseurs se sont tournés vers les pays africains pour leurs minerais, son pétrole et son potentiel agricole, les dés ont été jetés, on est loin des découpages territoriaux du début de la colonisation, les enjeux sont de plus en plus grands, de plus en plus vastes, et les protagonistes de plus en plus nombreux : européens, américains, australiens et chinois, les nouveaux venus qui ont les dents longues et qui ne s’encombrent d’aucun scrupule avançant tête baissée quelle que soit la nature des régimes en place dans ces pays.

Alf Raza