Depuis que la population malagasy s’est rendu compte que le président de la République lui a menti par rapport à la résolution du problème de délestage dans un délai de 3 à 6 mois suivant son investiture, elle s’est automatiquement et tout logiquement placée dans le camp de l’opposition. Résultats : plus de 90% de la population n’ont plus confiance en ses dirigeants actuels, 70% de la population ont décidé de s’abstenir lors des élections communales et municipales. Pour cause, les hommes actuellement au pouvoir n’ont pas jugé important le fait d’obtenir la reconnaissance nationale et a préféré faire le tour du monde pour faire le beau auprès des gouvernements étrangers et leur faire la manche. Aujourd’hui, la population est laissée à elle-même dans la mesure où le régime a complètement et volontairement mis le principe de redevabilité de côté. Pourtant, ce principe fondamental est la garantie de l’amélioration du quotidien de la population, mais aussi de la stabilité du pays, voire la pérennité du pouvoir en place. Aujourd’hui, les chiffres accablants et éloquents ne plaident pas en la faveur des dirigeants. A l’heure actuelle, le taux de pauvreté de 95% a déjà été atteint, le délestage frappe plusieurs fois par jour et peuvent durer jusqu’à 23 heures, la croissance économique dépasse à peine les 3%, la monnaie locale est dévaluée de 5000%, et nous ne sommes qu’au tiers du mandat présidentiel.

En suivant la logique des choses, un retournement de la situation relèverait donc du miracle d’autant plus que le régime actuel n’a pas réellement le sens des priorités. Au lieu de se concentrer sur le volet social, d’élaborer une vraie politique de lutte contre la pauvreté, de mettre en œuvre une politique concrète dédiée à la création d’emploi, de résoudre au plus vite le problème des coupures d’électricité, de chercher des solutions adéquates pour rétablir la sécurité, de ne rien tolérer ni personne dans les affaires de trafics de bois de rose ou de tortues, ou tout simplement de rassurer la population, les dirigeants actuels sont aveuglés par le pouvoir et préfèrent fructifier leurs intérêts particuliers. Aujourd’hui, les caisses de l’Etat sont totalement vides ou vidées n’importe comment, et cela empêche les institutions étatiques de fonctionner normalement. Pourtant, les tenants actuels du pouvoir préfèrent faire l’impasse sur l’examen et l’adoption du projet de loi relatif à la loi de finances rectificative 2015.

Néanmoins, ils sont toujours prêts à dépenser de belle somme en envoyant 3 ministres, accompagnés, se rendre à New York, pour réunir les parlementaires afin de discuter et débattre d’un projet de loi qui fait polémique, pour envoyer des centaines de militaires tirer sur tout ce qui bouge dans le sud de la Grande île, pour payer des magazines étrangers pour la publication de reportages relatant la soi-disant sortie de crise du pays. Compte tenu de la situation actuelle, les priorités sont toutefois autres mais les dirigeants n’y font volontairement pas attention. A vrai dire, ces derniers se foutent carrément de ce qui peut arriver au commun des mortels pour la simple raison qu’ils possèdent déjà tout le nécessaire et peuvent même se permettre plusieurs extras. Le comportement des tenants actuels du pouvoir est réellement insupportable dans la mesure où ils ne voient que le côté politique de la chose. Mais l’histoire nous a appris que toute chose a une fin, notamment en politique, et si la situation actuelle tend à s’éterniser, l’apparition d’un nouveau soulèvement populaire est à prendre en compte. En effet, plusieurs observateurs redoutent depuis longtemps que Madagascar est sur le point, voire à deux doigts de faire de nouveau face à une crise qui sera cependant plus grave que les précédentes. Et à chaque jour qui passe, les dirigeants ne font rien pour éviter ce scénario catastrophe comme s’ils n’en voyaient pas la priorité.

Laza Marovola