Le couple Ravalomanana serait donc à la tête de la Capitale de Madagascar. 8 ans après avoir fui le pays, les voilà de retour et il s’agit bel et bien, pour cette fois-ci, du couple puisque l’homme a déclaré que sans lui, la femme n’en serait pas là. Une femme peut ainsi cacher un homme derrière elle d’autant que l’homme n’a pu recouvrer sa liberté sans les sanglots de sa femme. Rappelons-nous qu’au mois de décembre dernier, Lalao Ravalomanana a « supplié » les tenants de pouvoir actuel de laisser son mari fêter son anniversaire avec sa famille, alors que ce dernier faisait encore l’objet d’une mesure spéciale à l’Amirauté d’Antsiranana.

Etre à la tête de cette ville frondeuse est une chose et se faire respecter par sa population et les employés de la Municipale en est une autre. La candidate Neny de Tim, faut-il le souligner qu’elle n’est pas la candidate tout court du parti de son mari, est élue, certes, mais avec de très nombreuses contestations – liste électorale, fraudes, … -  et surtout avec le plus faible score qu’un maire de la ville des mille a jamais enregistré. La plupart des habitants de la Capitale ont préféré se taire pour le moment mais ce ne sera pas toujours le cas, et pire même, ils seront quelque part à la première  insulte à son encontre. Déjà, la venue de Lalao Ravalomanana et son équipe, et ce, par deux fois, à l’Hôtel de ville d’Analakely a provoqué la colère des agents de la Mairie d’Antananarivo, d’abord parce que la « visite » n’a aucunement sa raison d’être. Et puis, leur manière de traiter les employés, comme des moins que rien, les a agacé au plus haut point et dont les bureaux de travail ont été traités par l’élue en question comme crasseux : « Vous êtes bien habillés mais vos bureaux sont sales », a-t-elle déclaré, elle qui connait, comme tous les tananariviens d’ailleurs, la difficulté financière de l’institution et qui n’a jamais donné un sou pour acheter un balai, selon les agents. Pire même, ce sont d’autres employés de la municipalité qui ont récemment été utilisés pour nettoyer le Magro d’Ankorondrano. Pour de nombreux observateurs, ce sont des signes qui ne trompent pas, et le couple Ravalomanana reprend ses habitudes d’antan de tout mélanger et de traiter le personnel de l’administration publique comme des domestiques et des gens de sa maison de Faravohitra ! Comme quoi, le naturel ne peut que revenir au galop.

Pour en revenir à la difficulté financière de la Commune urbaine d’Antananarivo, les dirigeants actuels de cette institution ont, eux aussi, eu leur part : « Il y a des détournements ici », a martelé la nouvelle maire. Sans avoir aucun dossier entre ses mains, et donc se fiant au rapport de ses sbires, Lalao Ravalomanana émet des accusations gratuites qui ne pourraient que raviver la haine ayant provoqué leur fuite dans le temps. En tout cas, il faut s’attendre, d’ici peu, à ce que l’inspection générale de l’Etat aille jeter un coup d’œil sur les comptes de l’institution sur demande expresse des nouveaux entrants. Par conséquent, les actuels dirigeants pourraient connaître des va-et-vient auprès de la Justice, d’autant que beaucoup se rappellent que l’ancien président de la république ne se sent pas mieux qu’après avoir assouvi ses … vengeances. Et assurément, le couple a une dent bien longue contre la population de la Capitale, mais aussi et surtout contre ceux qui ont botté leur d… à l’époque. Depuis tout ce temps,  on peut bien considérer que ce plat est désormais froid mais le calme affiché actuellement par les habitants peut aussi être trompeur, d’autant que beaucoup se rappellent toujours des raisons qui ont amené les bailleurs de fonds à fermer complètement le robinet du financement en 2008.

En tout cas, le couple Ravalomanana revenu à la tête de la ville d’Antananarivo  n’est pas bon signe pour la stabilité du pays, selon les observateurs politiques. Et les risques peuvent s’étendre facilement vers le régime tout entier, d’ailleurs, le fait que Marc Ravalomanana déclare à tout moment son soutien à Hery Rajaonarimampianina, ressemblerait plus un piège à ce dernier. Et quand on sait que l’actuel président de la république est entouré plutôt de vautours que de stratèges politiques, – le cas a été vérifié lors de la dernière motion de déchéance puisque non seulement, le coup n’a pas été prévu à l’avance mais surtout ses conseillers se sont plutôt terrés dont le chef a plutôt préféré partir en France -,  Hery Rajaonarimampianina  aura du mal à discerner sa chute et celle de son régime. Et si cela arrive, on sait que la Communauté internationale préférera regarder ailleurs que voler à son secours. Madagascar n’est pas le Burkina Faso où une pluie de billets verts venant des bailleurs de fonds va incessamment inonder ce pays.

Bref, l’arrivée du couple Ravalomanana à la tête de la ville des mille dont la devise reste toujours « Ny arivo lahy tsy maty indray andro », pourrait sonner le glas de tout un régime.

Jean Luc RAHAGA