Voilà un projet qui en cache un autre ! La marche forcée pour les élections sénatoriales est comprise par les députés et apparemment, ces derniers n’ont aucun moyen de résistance. Il est clair que l’Exécutif a décidé de se passer du service de cette institution, non seulement à géométrie variable mais surtout imprévisible. L’approbation du projet de loi sur la Ceni signerait, par conséquent, l’arrêt de mort de la Chambre basse.

Les députés de Madagascar, élus le même jour que le président de la République, ont vite compris la manœuvre politique du régime et du parti au pouvoir, d’autant que le processus entre dans sa phase finale. La tenue des élections communales et municipales était le premier obstacle à franchir et tant pis pour les montagnes d’imperfections, d’irrégularités et fraudes constatées par les observateurs, les associations et partis politiques qui y ont pris part mais aussi pour le million de citoyens qui n’ont pas pu voter. Le Hvm, parti au pouvoir, savait pertinemment que ses candidats n’auront aucune chance dans les grandes agglomérations mais il restait presque un millier de communes rurales où les résultats sont facilement manipulables. Et ce coup est parfait puisque ce parti a obtenu plus de la moitié du nombre de communes existantes, et par conséquent, une confortable majorité pour les élections à venir.

Fleuve tranquille

Le deuxième acte est de faire passer le projet de loi sur la Commission électorale nationale indépendante, nécessaire pour la suite du processus. Le régime actuel a ainsi pris le risque de convoquer une session extraordinaire mais en même temps, on a annoncé la date de la tenue des élections sénatoriales dont seuls les grands électeurs sont conviés.

En principe, ce sont les régionales qui devraient être organisées en premier mais l’Exécutif a statué autrement. Tant pis aussi donc pour cette autre catégorie d’élus qui devraient faire partie de ce collège des grands électeurs, ils seront privés de leur droit, tout comme la population toute entière. Le vote pour les sénatoriales deviennent donc de facto un droit exclusif des maires élus, pour cette fois-ci. Du jamais vu !

Le troisième acte restera donc une affaire de petite signature de quelques secondes : la dissolution de l’Assemblée nationale. Et avec le tiers nommé par le président de la République, la vie de ce régime ne sera désormais qu’un long fleuve tranquille, du moins pour les 3 autres années restantes où Hery Rajaonarimampianina et son équipe peuvent faire comme bon leur semble, et mieux que les deux premières années, c’est-à-dire, se f… complètement de la population. Et surtout vendre ce pays, en gros de préférence.

Bref, les députés sont avisés d’autant que ceux ayant déjà signé le fameux « mémorandum » du président de la République sont promis à un bel avenir : … être sénateurs !

J.L.R