La gestion de la finance publique est l’une des éléments clés pour la croissance économique, mieux encore pour l’inclusivité de cette croissance. La distribution des fruits de la croissance passe par la dépense. L’efficience de la dépense dépend cependant de la politique de l’Etat, mais aussi des personnes qui les exécutent.  L’efficience de la dépense publique est l’une des conditions exigées par les bailleurs de fonds. Interview de Hajaniriana Raherison, président du Syndicat des Administrateurs des services financiers.

Madagascar Matin : Mr le Président, pouvez-vous nous présenter brièvement le syndicat des administrateurs des services financiers.

Haja Raherison : Le Syndicat des Administrateurs des services financiers est créé en 2003. Il a vu le jour après la demande des partenaires techniques et financiers. Le syndicat compte 200 membres répartis dans tout Madagascar. La plupart sont des hauts employés de l’Etat.  L’Asf  appartient au corps du ministère des Finances, plus précisément à la direction générale du budget.

Des concours d’entrée à l’Ecole Nationale d’Administration de Madagascar (Enam) ont été organisés pour le recrutement des élèves (Asf). Ces élèves sont, comme formés pour être des administrateurs financiers. Ils suivent plusieurs  formations y afférentes : formation sur le solde et pension, marché public, comptabilité matière et patrimoine de l’Etat, comptabilité financière, macroéconomie, etc…

Ces élèves suivent deux ans de formation à l’Enam.

Madagascar Matin : est –ce que cela veut dire que l’administration financier est le monopole de l’Asf.

Haja Raherison : Je ne dirai pas monopole, mais plutôt devrait être occupés par des personnes maîtrisant  le savoir-faire sur le domaine.  A titre d’exemple, la direction générale du trésor doit être occupée par un inspecteur du trésor, la direction générale des impôts doit être dirigée par un inspecteur des impôts, les directions sur les dépenses devront être dirigées par les administrateurs financiers. Ces personnes ont reçu la formation y afférente. Partout dans le monde, ce sont les administrateurs des finances publiques qui occupent ces fonctions. En France, à titre d’exemple, les administrateurs des finances publiques constituent un corps de hauts fonctionnaires français exerçant dans le domaine des finances publiques ainsi que de la gestion du patrimoine de l’État. Les administrateurs des finances publiques peuvent exercer leurs fonctions à l’administration centrale de la Direction générale des Finances publiques, comme chef d’un service à compétence nationale ou chargé de mission. Ils peuvent aussi être appelés à prendre la direction de l’un des services déconcentrés de la direction générale des Finances publiques.

Il ne faut pas oublier que les administrateurs financiers jouent un rôle clé dans les périodes difficiles Ce sont des  hommes-clés pour la gestion de l’Etat.

Madagascar-Matin : L’efficience de la gestion de la finance publique est l’une des conditions exigée par cette institution de Bretton Woods par l’augmentation des recettes de l’Etat et à améliorer l’efficience des dépenses publiques. L’Etat doit mettre en place un programme de référence allant jusqu’à fin mars 2016 pour l’obtention d’un accord de principe concernant le décaissement de la facilité de crédit rapide. En d’autres termes, est-ce que les administrateurs financiers ont réellement réussi dans leurs fonctions ?

Haja Raherison : Les administrateurs financiers doivent tenir compte de l’allocation des ressources en fonction des priorités stratégiques retenues par le gouvernement, l’efficacité et l’efficience des dépenses et les bonnes pratiques dans les finances publiques. Il ne nous appartient pas de définir les priorités stratégiques. A ma connaissance, le Fonds Monétaire International a demandé à l’Etat   d’arrêter les subventions au prix à la pompe,  de maitriser les transferts aux entreprises publiques. Ces décisions sont politiques.

Les travaux effectués montrent que les administrateurs financiers ont réussi leurs missions. Nous avons traversé une crise qui a duré plus de 5 ans. Presque tous les secteurs d’activités sont touchés. Les bailleurs de fonds ont suspendu leurs aides. La morosité de l’économie a affecté la caisse de l’Etat. Après avoir sortie de cette crise, les partenaires techniques et financiers n’ont pas tout de suite rouverts le robinet.  Malgré cela,  l’administration a toujours fonctionné et tourne toujours. Les salaires des fonctionnaires sont payés à temps. L’Etat a pu répondre à des revendications diverses. …

Nous sommes satisfaits de nos travails. Cependant, cela ne nous permet pas de rester à l’état où nous sommes. Nous  voulons toujours faire plus. Dans tout métier, il y a toujours des évolutions. Dans ce cadre, le syndicat a déjà un programme d’ateliers et de renforcement de capacité de ses membres.

Madagascar Matin : étant les détenteurs des clés sur la distribution des ressources, est-ce que les administrateurs financiers sont des budgétivores ?

Hajaniriana Raherison : C’est tout à fait faux. Par rapport aux autres corps qui ont reçus des formations de deux ans comme nous à l’Enam, l’Asf a la plus petite indice. Il est vrai que c’est nous qui exécute le budget, l’élaboration ne nous appartient pas.

Madagascar Matin : est-ce que l’Asf demandera une révision de cette indice  et est- ce que vous allez jusqu’à faire une grève au cas où ?

Hajaniriana Raherison : Il est tout à fait normal que nous demandons une augmentation de notre indice. Vu la pauvreté de  la population et pour les retraités et les fonctionnaires, faire une grève ne ferait qu’alourdir les difficultés déjà rencontrées par ces personnes.

FR