Selon le communiqué de la direction de la communication de la présidence de la République concernant le retour de Hery Rajaonarimampianina au pays après avoir participé à la 70^ème Assemblée générale des Nations Unies à New York, « les dirigeants de tous les pays du monde entier ont procédé à la présentation de leurs réalisations respectives » !

En 20 mois de règne, Madagascar a connu deux gouvernements et deux bureaux permanents pour le compte de l’Assemblée nationale. Pour cette dernière institution, les membres du premier bureau permanent ont dirigé le temps d’une ou de deux sessions extraordinaires avant de se faire éjecter de leur siège d’une manière digne d’un film western, mais évidemment, sans les coups de pistolets. Par contre, les députés ont vu passer des mallettes et tablettes accompagnées d’avantages faramineux pour une population composée de 95% d’extrêmes pauvres. On se rappelle qu’à chaque loi proposée au vote, il fallait négocier ferme et évidemment, il s’agit de sous sans que cela émeuve le bureau indépendant anti-corruption. Rappelons aussi que le premier gouvernement de Hery Rajaonarimampianina était dirigé par un médecin, chef de clinique qui a travaillé en Suisse, même au-delà de sa retraite et n’a pensé à son pays que pour entrer dans la politique. Célèbre pour avoir fait tout de travers et d’avoir chamboulé toute l’administration publique, il s’est surtout fait remarquer par la réalisation du projet « dahalo niova fo » pour lequel les contribuables ont dû débourser 22 milliards d’ariary pour ramener dans le droit chemin, les voleurs de zébus dans le sud de Madagascar. Un an plus tard, le résultat est là et d’où la nécessité de l’opération militaire « Fahalemana » lors de laquelle on a enregistré une dizaine de morts dans les rangs des forces de l’ordre, et le tout sans parler des exactions, bavures, et assassinats de simples citoyens. De tout temps, l’insécurité n’a jamais été aussi permanente que depuis ces deux dernières années. Sur le plan économique, on a assisté à la mise en lambeaux de nombreux secteurs d’activités, certes pas florissants auparavant, et dont certains ont été carrément … programmés pour le crématoire, selon les observateurs. C’est le cas, par exemple du secteur de l’énergie, du transport aérien, et bien d’autres encore.
Et au début de cette année, on a changé le capitaine de l’équipe gouvernementale tout en faisant introduire des joueurs qui, somme toute, n’ont pas emmené le souffle nouveau tant attendu. On a copié le même système des pays développés concernant des actions pertinentes en obtenant des résultats rapides à moindre frais en 100 jours. Croyant aux fables racontées par les membres du gouvernement et vivant dans sa bulle de plus haut dirigeant du pays, le président de la République était convaincu qu’un remake ne pourra que lui être bénéfique. La réalité de la vie quotidienne du peuple malgache est pourtant à l’opposé du bilan dressé : l’extrême pauvreté ne cesse de gagner du terrain et il n’y a qu’à descendre, le jour et non la nuit, sur l’avenue de l’indépendance pour compter le nombre très élevé d’enfants 4’mis sans domicile fixe qui font de l’une des artères principales de la Capitale leur dortoir, leur terrain de jeux et de chasse, et en même temps, leur urinoir. En passant, beaucoup se demandent comment vont faire le nouveau maire élu et son mari d’ancien président de la république pour résoudre ce problème d’autant qu’on sait que la mission revient tout à fait à la Commune urbaine d’Antananarivo. En annonçant à plusieurs reprises que les bailleurs de fonds sont dans leurs poches, Lalao Ravalomanana et son équipe ont aussi des … milliers de problèmes à régler immédiatement dont la bidonvilisation galopante, la construction illicite, les embouteillages, l’assainissement, l’adduction d’eau, …, mais aussi  et surtout l’insécurité. Les expériences acquises au sommet d’un Etat sont loin d’être des conditions suffisantes pour embellir et rendre attrayant la ville des mille.
Pour en revenir aux discours du président de la République à son arrivée hier, beaucoup estiment que Hery Rajaonarimampianina n’avait pas dû avoir grand-chose à dire à la tribune des Nations Unies sur ses réalisations. D’ailleurs, les statistiques des grands organismes internationaux sont claires : Madagascar reste dans le classement des pays les moins avancés où plus de 95% de sa population vivent dans l’extrême pauvreté. Pour l’heure, on parle pour notre pays de développement durablement à reculons. Sauf bien sûr pour quelques poignées de familles ! Et c’est bien le cas de le dire, cela fait quand même 20 mois qu’on a attendu un semblant de décollage mais jusqu’ici, on n’arrête pas de s’enfoncer.

Jean Luc RAHAGA