Dans la vie, il y a deux catégories de personnes : les pauvres et les riches. De manière générale, les pauvres restent toujours englués dans la pauvreté parce que les dirigeants, généralement riches ne leur accordent aucune importance. C’est le cas à Madagascar avec 95% de la population vivant sous la pauvreté, avec moins de deux dollars par jour. De l’autre côté, les tenants du pouvoir grossissent à vue d’œil, changent de voitures comme ils changent de slips, mangent au moins deux fois par jour dans les plus grands restaurants de la capitale et peuvent se permettre des petits weekends à Nosy Be ou carrément à Paris. A l’heure actuelle, la croissance ne concerne qu’une poignée de personnes au pouvoir tandis que la majorité de la population est en train de régresser bon gré mal gré. Depuis le début du règne du nouveau président de la République, la population, les observateurs de la vie publique et les sociétés civiles n’ont cessé d’élever la voix contre les dirigeants dans la mesure où la lutte contre la pauvreté et le volet social ont été complètement délaissés. Aujourd’hui, la situation à Madagascar n’est franchement pas mieux que celle connue par la population lors de la période de transition. Mais bien que le peuple subisse les frasques de ses dirigeants, la communauté internationale est complètement muette et aveugle par rapport à la réalité. On notera certes les petites interventions de certains concernant les dernières élections du 31 juillet dernier ou l’arrestation sauvage de l’étudiant en première année de Malgache Jean Pierre, ou encore les critiques face au déroulement de l’opération Fahalemana dans le sud du pays, mais le fait est qu’elles n’ont jamais abouti à rien de concret. A titre d’exemple, les élections communales et municipales ont été la source de près de 2000 contestations mais certains membres de la communauté internationale sont arrivés à la conclusion que ce scrutin s’est déroulé dans le calme et sont donc acceptables. Par ailleurs, on peut tous perdre notre temps à critiquer le régime Hvm à longueur de journée, la communauté internationale cherchera tous les moyens possibles, ou plutôt toutes les excuses possibles pour soutenir les dirigeants dans leur soi-disant quête de la stabilité et de la relance économique. Dans le monde et plus généralement dans la vie, ceux n’arrêtant pas d’ouvrir leur gueule pour mettre à mal les tenants du pouvoir importent peu pour les néocolonialistes qui doivent à tout prix se placer du côté des dirigeants pour atteindre leurs objectifs mais aussi protéger leurs intérêts économiques. En clair, la communauté internationale et même les bailleurs de fonds sont toujours du côté du plus fort même s’ils sont toujours réticents à ouvrir la pompe à dollars pour relancer le développement. Toutefois, les décideurs étrangers ne sont pas les seuls intéressés étant donné qu’à l’intérieur du pays, certaines factions politiques n’ont aucune honte à changer de bord lorsque cela les arrange. C’est le cas des membres du Tiako I Madagasikara qui ont délibérément choisi de se ranger du côté des dirigeants après avoir participé aux tentatives de déchéance du président de la République et de motion de censure à l’encontre du gouvernement actuel. A vrai dire, les politiciens sont avant tout des humains et c’est donc la nature humaine qui dicte leur choix. En réalité, on a généralement tendance à suivre les plus forts pour espérer un avenir meilleur ou pour ne pas avoir autant de problèmes que les autres. Aujourd’hui, si le parti de l’ancien exilé d’Afrique du Sud souhaite avancer main dans la main avec le parti d’Etat et le régime actuel, c’est parce que ce dernier fait la loi, la pluie et le beau temps dans le pays. Quoi qu’on puisse dire, les dirigeants actuels ont toutes les cartes en main et tous ceux qui sont en place, à leurs côtés, ont tout intérêt à suivre leur rythme et à ne rien remettre en question, même si cela signifie la violation répétée de la Constitution. Du côté du plus fort, on peut certainement s’assurer un avenir meilleur mais cela ne sera jamais durable.

Laza Marovola