Seuls les membres de ces deux ou trois organisations de défense des consommateurs connaissent l’existence de celles-ci, et de membres elles n’en regroupent pas beaucoup pour l’instant. De prime abord en considérant que les consommateurs n’éprouvent ni le besoin ni l’utilité de se regrouper pour défendre leurs intérêts, pouvoirs publics, commerçants et prestataires de service peuvent toujours conclure que l’on n’a pas franchi le seuil de l’intolérable. Du reste les organisations qui se préoccupent de vouloir défendre les intérêts des consommateurs évitent toute confrontation dans un rapport de forces et semblent préférer la méthode de harcèlement, comme s’il s’agissait de guérilla d’une part et que l’on se trouvait dans un système d’anarchie d’autre part.
Cette approche de la question pour mener une lutte s’explique par le complexe logique en fonction du nombre riquiqui des membres actifs. Le combat est ouvert pourtant par exemple dans cette hausse annoncée des tarifs des transports en commun urbains. En ce domaine chaque partie entretient une ambigüité qui excentre de son contexte la question. Il s’agit sans conteste d’un service pour le public mais exécuté par des entreprises privées répondant à des normes et obligations déterminées par les pouvoirs publics. On oublie que c’est une prestation de service par le secteur privé à destination du public, et le raccourci « service public » devient base d’une bataille de communiqués, bataille stérile lorsqu’il ne se trouve pas un espace pour le dialogue. On ne sait plus jusqu’où se situe la sincérité des transporteurs lorsque certains de leur délégués exposent les scrupules qui sont les leurs et les efforts qu’ils fournissent pour être utiles à une population en difficulté, on leur accrocherait presque une médaille sur le revers, et ils arracheraient des larmes aux cœurs sensibles. De leur côté les organisations de défense des consommateurs décrètent qu’il n’y aura pas d’augmentation de tarif. 
On n’a jamais jusqu’ici vraiment assisté à des mobilisations des usagers par des organisations pour des manifestations efficaces et dignes dans le seul dessein de défendre leurs intérêts d’usagers ou de consommateurs. A l’inverse il est déjà arrivé que les taxis-be organisent des grèves ou même des barrages sur la voie publique. Mais ici encore on risque de fausser le problème en opposant les transporteurs aux voyageurs. La question se pose en effet dans une société « libérale » au sein de laquelle l’équilibre se règle de façon quasi-automatique selon des mécanismes, tel celui de l’offre et la demande ou celui des intérêts partagés. Si d’aventure dans un tel schéma le point d’équilibre recherché se rapproche de plus en plus de la zone des impossibles, c’est que le service ou le confort a échappé aux moyens que possède la société en question ou une partie de la population. Il est clair que s’il n’existe plus dans la tarification un juste milieu qui corresponde au pouvoir d’achat d’une partie des usagers et qui à la fois puisse assurer aux transporteurs les profits légitimes de leurs investissements et exploitations, c’est qu’en raison du recul de leurs moyens, des couches entières de la population ont été disqualifiées du mérite de se déplacer en taxi-be.

Léon Razafitrimo