Certains ont cru que la Tanzanie fera de la figuration à la présidence de l’organe en charge des questions politiques, de défense et de sécurité de la Sadc. Erreur. Celle-ci entend marquer de son empreinte la résolution des crises qui affectent plusieurs Etats membres de l’organisation sous-régionale. La preuve : le pays s’est fortement mobilisé dans la recherche d’une sortie de crise à Madagascar.
En effet, selon une source bien informée, la présidence tanzanienne a pris contact avec les autorités françaises afin que l’Hexagone aide la Tanzanie à définir une meilleure stratégie devant permettre de résoudre définitivement l’impasse politique qui a déjà duré plus de trois ans. Selon un site d’informations, tandis que le Président sud-africain « était accaparé par la campagne pour le renouvellement de la direction de l’ANC, en décembre, la Tanzanie, qui préside depuis le mois d’août l’organe de défense et de sécurité de la Communauté de développement de l’Afrique australe, entend désormais jouer le rôle de médiateur en lieu et place de l’Afrique du Sud ».
Dans le cadre de cette activité de médiation, Bernard Membe, le ministre tanzanien des Affaires étrangères a ainsi effectué depuis avril de cette année au moins trois déplacements à Paris et durant lesquels il a rencontré son homologue du Quai d’Orsay, Laurent Fabius. Selon la même source, lors de la dernière rencontre entre les deux hommes, le 24 octobre dernier, ils ont convenu de « tenter de recevoir ensemble les protagonistes de la crise malgache ».
 
Premier échec

Pour le moment, on ne connait ni la procédure de cette rencontre ni le calendrier. Néanmoins, ce rapprochement entre les Tanzaniens et les Français marquent une nouvelle étape dans la médiation internationale. Il marque un net engagement non seulement de la part de l’organe en charge des négociations politiques mais également du pays qui dispose le plus d’influence dans le pays. Certaines informations indiquent même que le départ précipité de Jean-Christophe Belliard, s’il se confirme, aurait été l’un des résultats de ce rapprochement franco-tanzanien dans la crise malgache. Dans tous les cas, la Tanzanie donne toute l’impression qu’il faut compter sur elle aussi bien dans la crise congolaise que dans celle qui affecte la Grande Ile.
D’ailleurs, la Tanzanie a plus ou moins donné un avant-goût quand elle a décidé d’envoyer à Madagascar Leonardo Simao non pas en consultant le bureau exécutif de celui-ci mais en relançant la carrière de médiateur en chef de l’ancien chef de l’Etat mozambicain Joaquim Chissano. Si au début, elle a, semble-t-il, connu un échec, l’arrivée de ce dernier ainsi que la mission d’évaluation militaire prouve que le pays a aussi des ambitions diplomatiques et qu’il en attend une réussite. La crise malgache et sa résolution constituent alors un enjeu où il n’entend pas échouer. Rapidement on pourra apprécier sur pièce si les initiatives produisent des résultats à la mesure des ambitions.

L. Denis Alexandre