Voilà un événement organisé de manière cérémoniale et accompagné de grande campagne médiatique mais qui, finalement, a accouché de  petite vérité que tout le monde connaît déjà depuis des décennies. Les descentes sur terrain, dans les 22 régions de l’île, du Premier ministre ne vont pas encore emmener la sécurité dans les foyers et dans les champs. Bref, « tout ça pour ça » !

La semaine dernière, plusieurs responsables étatiques se sont donné rendez-vous au Centre de conférence international d’Ivato pour « discutailler » de la sécurité, ou plutôt de l’insécurité grandissante actuelle. Tout a été dit lors de cette réforme du secteur de la Sécurité, tout sauf le phénomène dahalo qui domine dans le sud de la Grande île. Tout a été dit, notamment concernant l’appareil judiciaire qui se dresse aujourd’hui en maillon faible par rapport à la lutte contre l’insécurité. A vrai dire, la justice n’a jamais été épargnée par les critiques depuis que Hery Rajaonarimampianina est aux commandes et à partir du moment où Noëline Ramanantenasoa est à la tête du ministère de la Justice. Aujourd’hui, les forces de l’ordre accusent littéralement la justice de ne pas faire concrètement son travail en envoyant les « méchants » là où ils devraient être. A titre d’exemple, on peut citer l’affaire Jimmy relatif à de la barbarie et des viols sur 75 belles de nuit, dans laquelle l’accusé n’a écopé que d’une peine d’emprisonnement de 3 mois ferme à Antanimora, et encore pour détention d’arme à feu. Il y a donc lieu de souligner que la justice est faible et punit clairement « à la gueule du client ». Cette faiblesse ne pourrait s’expliquer que par la corruption qui a toujours gangréné et continue à gangréner tous les rouages de l’appareil judiciaire.

La ministre devrait rendre son tablier 

Depuis le début du régime Hvm/Rajaonarimampianina, les médias n’ont cessé de mettre en avant les membres incompétents et dangereux du gouvernement, ou plutôt des gouvernements qui se sont déjà succédé. Aujourd’hui, c’est au tour de la ministre de la Justice Noëline Ramanantenasoa de faire la « une » à l’issue de cet atelier sur la réforme du secteur de la sécurité. Pour cause, son secteur a été mis à rude épreuve la semaine dernière et cette dernière a même été humiliée publiquement. Si on dit que la persistance de l’insécurité est principalement due à un appareil judiciaire faible qui ne fait pas son travail correctement, Noëline Ramanantenasoa n’a pas beaucoup de choix qui se présente à elle. En tant que chef de file de la justice, les accusations des forces de l’ordre la concernent directement et signifient qu’elle serait incompétente à son poste actuel. Si la ministre de la justice avait donc juste un peu d’ego, elle n’attendrait pas une seule minute de plus pour rendre son tablier et passer le flambeau à quelqu’un d’autre. Pour cause, la ministre actuelle a déjà eu près de deux ans pour faire ses preuves mais aucun résultat ne s’en est suivi. En clair, la défaillance de la justice a été mise en exergue, raison pour laquelle la première responsable de ce secteur doit démissionner pour ne pas aggraver la situation.
Mais les observateurs estiment que faire porter le chapeau de l’expansion phénoménale de l’insécurité à la Justice est un peu trop facile puisque les forces de l’ordre sont souvent, la plupart du temps même, concernées de près par le problème. Rien que sur le thème de la prolifération des armes, principalement des armes de guerre dont ces dernières en sont complètement responsables.
Bref, le petit peuple aurait aimé entendre de grandes résolutions à partir des vraies réalités du secteur. Mais cette fois-ci, cela n’a pas encore été le cas.

J.L.R – Laza Marovola