Il y a quelques jours, le pays a célébré la Journée internationale du refus de la misère mais de manière symbolique. En effet, deux événements qui n’ont mérité que la portion de la page société appelée « brèves », et de deux quotidiens de la place, l’ont relaté, et pire, ils étaient initiés par des associations privées ou non-gouvernementales. C’est dire l’importance accordée par le régime en place de cette journée qui, pourtant, est élevée, comme son l’indique d’ailleurs, à une manifestation réunissant le monde entier.  Bref, c’était une journée comme les autres pour presque totalité des citoyens malgaches englués dans la misère, une journée passée à chercher de quoi nourrir -non convenablement tel pour un être humain -, à se lever tôt de la matinée pour faire la queue aux bornes-fontaines, à s’endetter davantage à l’épicerie du coin pour le petit déjeuner, le déjeuner, le dîner de toute la famille ainsi que le « goûter » des bambins pour l’école, à faire des kilomètres de marche pour aller au travail –enfin, pour ceux qui ont l’énorme chance d’en avoir -  et retourner chez soi, et à résoudre tout un tas de problèmes à affronter chaque jour dont principalement l’insécurité.

De la pauvreté, ce n’est pas ça qui manque à Madagascar, et de toutes les sortes possible à commencer par la plus haute sphère de l’Etat. C’est bien le cas de le dire puisque en deux années de quatrième république, par conséquent de nouveaux dirigeants pour le pays, le constat est effarant. En ce qui concerne le financement extérieur, appelé autrement appui budgétaire, coopération bilatérale, ou encore partenariat technique et financier, on est actuellement loin de la réalisation de l’équipe de la Transition, pour la simple raison que même l’aide humanitaire est au compte-gouttes. Pour la saison cyclonique de l’année dernière et les différentes maladies se propageant à la vitesse de l’éclair – peste, poliomyélite, paludisme, et autres dues à la malnutrition -, les dons ont été plus que rares. Et le cas a de très forte chance de se répéter aujourd’hui. Pour ce qui est du tour du monde effectué par le président de la République lors de sa première année au pouvoir, le résultat le dit si bien : aucun ! En un mot, les bailleurs de fonds ainsi que les pays étrangers n’ont pas confiance d’autant qu’ils ont d’autres chats à fouetter ailleurs. Les Français et les Américains sont, par exemple, trop occupés à se débarrasser de Bachar Al-Assad et à créer, par conséquent, un autre foyer de combat dans le Proche-Orient après l’Afghanistan, l’Irak et la Lybie. D’ailleurs, les Français ne voient pas trop d’un bon œil ce réveil du nationalisme à Madagascar qui réclame à grand coup de campagne médiatique les îles éparses et pour ces derniers, le régime Hery Rajaonarimampianina – traité de tous les mots par la presse locale – est trop faible pour contenir longtemps cette revendication légitime du peuple malgache. Pire, les mesures prises récemment par les tenants du pouvoir actuel ne plaident pas du tout en faveur du régime aux yeux de la population: braderie des aéroports de Madagascar, mise en concession de centrales de la Jirama, nomination d’étrangers à la tête de la compagnie Air Madagascar, vente des bonnes terres aux étrangers, …. En somme, Madagascar n’a que de pauvres dirigeants qui n’ont pas d’imagination, n’ont aucune stratégie politique pour sortir le pays de la misère, et même pas de … l’Annexe B ! En tout cas, beaucoup estiment que le président de la République doit arrêter son «world tour » puisque rien ne résulte de ces tournées internationales et effectivement, Hery Rajaonarimampianina n’a jamais emmené de … « voan-dàlana » de par ces voyages à l’étranger. Finalement, les plus pauvres des malgaches sont ses dirigeants qui ne pensent qu’à s’empiffrer de pouvoir et à remplir leurs poches. Et la misère de la population reste leur dernier souci, un dénuement que l’on doit, pour une fois, mettre au pluriel si on se réfère aux secteurs d’activité méritant considérations certaines. Si on prend l’exemple de l’éducation, les programmes à offrir aux enfants malgaches devraient faire l’objet d’une réflexion sérieuse puisque l’enseignement n’a pondu jusqu’ici que des diplômés égoïstes et irresponsables vis-à-vis de sa patrie et de la société dans laquelle ils vivent. Enfin, pour ceux qui atteignent un certain niveau puisque la plupart des élèves sont éliminés en chemin par un système exclusivement réservés aux nantis. Outre les domaines de la sécurité et de la décentralisation effective – de nom -, le secteur qui a marqué la fin de la semaine dernière est celui de la santé avec la menace à peine voilée du ministre de tutelle contre les journalistes osant émettre des critiques sur cette énième campagne de vaccination. Evidemment, les pauvres enfants et adolescents malgaches, en même temps que leurs parents,  devraient se soumettre à ce diktat ministériel soutenu par des partenaires techniques et financiers étrangers. Pire, des fiches … d’opposants  - rappelons-nous de la Gestapo – seront créées et les récalcitrants seront tenus responsables de la faillite de la mission et de celle des actuels dirigeants ministériels. Sûrement que les premiers seront traduits devant la Justice et accusés d’entraves à la bonne marche d’un ministère, de propagation de maladies et de … trouble à l’ordre public. Des familles entières connaîtront bientôt les affres de la prison et avec l’encombrement de celle d’Antanimora, les hommes seraient envoyés à Tsiafahy, les femmes à Manjakandriana et les enfants – ceux qui ont fui l’énième vaccin – à Anjanamasina si ce ne serait pas dans les rues de la Capitale !
Bref, de nouveaux miséreux en perspective, ce qui fait dire aux mauvaises langues que le régime actuel est … riche de pauvres !

Jean Luc RAHAGA