Il fallait s’y attendre puisqu’en 20 mois d’existence, le régime n’a pratiquement rien fait, ou plus exactement, les tenants du pouvoir ont brillé par leur incompétence. La conduite des affaires de l’Etat est tellement brouillonne et actuellement, des ministres osent revendiquer, par presse interposée, les attributions des autres, alors qu’ils sont censés être dans un même gouvernement.

Le Fonds monétaire international (Fmi) vient de sortir son verdict pour l’année qui est en train de se terminer et a publié une liste des 25 pays les plus pauvres du monde dont 11 sont de l’Afrique de l’Ouest. Prenons alors une à une ces deux informations.

Si on se réfère aux données des Nations Unies, la planète terre est constituée d’un peu moins de 200 pays et Madagascar figure parmi les nantis puisque possédant des richesses inestimables : humaines, forestières, minières, sous-marines, …, sans parler des milliers et des milliers d’hectares de bonne terre bien fertile, et  rien qu’avec ce dernier atout, les dirigeants et  habitants des îles voisines et d’autres pays africains riverains de la Sadc et du Comesa nous envient. Un exemple que beaucoup n’ont pas l’habitude de prendre est la grande variété climatique de la Grande île qui, si on arrive à l’exploiter, représente un avantage certain rien à comparer avec les grands pays à destination touristique. A Madagascar, on a le soleil, en été comme en hiver, le ciel bleu sur les côtes et à l’intérieur de la terre, une température de tous les degrés voulus à tout moment, du sable blanc et des montagnes, avec en prime le sourire permanent et l’accueil légendaire des habitants. Et malgré tout, Madagascar se trouve cette année à la 5ème place des pays les plus pauvres de la planète avec produit intérieur brut de 392,6 dollars Us par an et on a juste dépassé le Burundi et entre autres, la Gambie, des bouts de pays qui n’ont presque rien. Et si 11 nations sont de l’Afrique de l’Ouest, cela peut vouloir dire aussi que les pays de l’Afrique australe et de l’Océan Indien sont tous devant nous, même les Comores qui ont pris une avance confortable et vont se trouver d’ici peu hors de cette zone. Fini donc le temps où les comoriens travaillaient comme « gardiens » des foyers malgaches et  vendeurs de « masikita » – brochettes de viande – comme la chanson « Lekaoma » de Lolo sy ny Tariny l’évoque. La 23ème région de Madagascar – c’est ainsi que l’ancien président Sambi aime qualifier les Comores, de par la relation historique entre les deux pays – a su sortir de l’abîme pour nouer une solide connexion avec le développement. La preuve est que depuis quelques années, seuls les étudiants issus de familles pauvres fréquentent les établissements supérieurs de la Grande île tandis que la plupart se forment dans l’Hexagone ou dans d’autres pays émergents. En Europe ou en Asie du Sud-Est, il n’est plus rare de rencontrer des ressortissants comoriens et ils n’ont pas du tout les problèmes vécus par les universitaires malgaches dont celui des bourses d’études.

Selon la liste publiée par le Fmi, le continent africain a battu le record en matière de pauvreté. Et c’est d’autant plus vrai pour Madagascar puisque le pays va justement de record en record. Plus près des yeux des observateurs de la vie dans notre pays, le nombre de sans-abris recensés sur l’Avenue de l’Indépendance de la Capitale ne cesse de monter en flèche et pire, certains sont actuellement bien armés de sabres et de longs couteaux que le risque de rencontrer la mort est plus grand que celui de ramener les achats à la maison. Justement sur le volet insécurité, les « Une » des quotidiens de la place deviennent systématiquement des faits divers concernant des attaques à main armée, des cambriolages, des kidnappings, des viols, des braquages, …, mais surtout suivis  de meurtre. A croire que toutes les forces de l’ordre sont concentrées dans le Sud de Madagascar ou courent après les dahalo des autres régions de l’île. Et puisqu’on évoque cette partie de l’île, de source bien informée, puisqu’émanant des maires fraîchement élus, on parle de dizaines de morts chez les enfants, mères, et vieillards à cause de la famine, ou tout au moins de la malnutrition qui y sévit gravement.

Et ce n’est que des échantillons de secteurs qu’on essaie de mettre en exergue mais des exemples qui en disent long sur l’incapacité du régime en place. Effectivement, les actuels tenants du pouvoir ne font que courir après les bailleurs de fonds de par le monde et il est ainsi normal de constater que la vie de la population ne connaît aucune amélioration. Pour beaucoup, les déroutes des Barea sur la scène internationale sont difficilement digérables mais cette nouvelle donnée émanant d’une institution internationale que beaucoup considèrent comme véridique, couvre de honte la tête de tous les malgaches. Figurer dans les 5 derniers de ce monde est tout simplement une insulte.

Jean Luc RAHAGA