Les élections communales et municipales du 31 juillet dernier ont été les élections les plus controversées de l’histoire de Madagascar. Mises à part les fraudes à grande échelle, le taux d’absentéisme record de 70% ou le nombre très élevé de requêtes, ces élections ont été littéralement un vrai bordel commandité par le régime Hvm/Rajaonarimampianina en étroite complicité avec la Commission Electorale Nationale Indépendante pour la Transition (Ceni-T). C’est notamment à cause de cette connivence que l’indépendance de la Ceni-T a été mise à mal, voire même pointé du doigt. Cette histoire ne fait pas encore partie du passé et ressurgit même à l’heure où les tenants du pouvoir accélèrent la mise en place de la Ceni, remplaçante de la Ceni-T.

Aujourd’hui, la question de la réelle indépendance est toujours sur les lèvres des observateurs et des médias, et c’est en apportant des explications que le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation s’est inconsciemment livré aux confidences. « Personne n’interférera plus dans les affaires de la Ceni », a annoncé Olivier Mahafaly hier pour défendre l’indépendance de cette nouvelle commission. Cette affirmation est claire mais suppose par conséquent que des personnalités et autres individus sont déjà intervenus dans la gestion des affaires de la

Ceni-T lors du scrutin du 31 juillet. Inutile de se demander leurs identités dans la mesure où ce sont généralement les hommes au pouvoir qui veulent être favorisés lors des périodes électorales.

Bis repetita non placent

« Ce qui est répété ne séduit plus ». Aujourd’hui, c’est  ce qui risque d’arriver si le régime actuel s’entête et s’empresse à mettre en place la Commission Electorale Nationale Indépendante afin d’élire les sénateurs. Et quand le pire aura lieu, la population pourrait ne plus se contenter de s’abstenir – déjà parce qu’elle ne participera pas aux élections sénatoriales – mais pourrait très bien se rebeller contre le régime pour la simple raison que la coupe est déjà en train de déborder de tous les côtés. Aujourd’hui, l’indépendance de la Ceni est déjà remise en question et le ministre Olivier Mahafaly sait très bien pourquoi il a encore évoqué hier la désignation d’un membre de cette commission par le président de la République. Pour essayer de se justifier mais surtout de défendre cette nouvelle commission, le ministre a souligné que les lois malgaches ne sont pas faites pour favoriser une personne ou un parti politique en particulier, et que le régime essaye de concrétiser cette indépendance de la Ceni. Toutefois, il faut rappeler que deux grandes institutions ne sont pas actuellement, entièrement indépendantes dans la mesure où Hery Rajaonarimampianina a désigné un de leurs membres. En premier lieu, la Haute Cour Constitutionnelle avec Jean Eric Rakotoarisoa – élu « soudainement » président de cette cour à l’issue d’un vote secret – a fermé les yeux sur plusieurs entorses à la Constitution. Ensuite, la désignation de Jean Louis Andriamifidy à la tête du Bureau Indépendant Anti Corruption n’a pas empêché l’Indice de Perception de la Corruption d’augmenter pour placer la Grande Ile à la 133è place des pays les plus corrompus. En tenant compte de cette logique, on a donc beaucoup de mal à croire que la Ceni sera indépendante à 100%.

Laza Marovola