Découvert  à des millénaires avant Jésus Christ et a connu son développement depuis le 19ème siècle,  le savon se présente actuellement sous diverses formes : savon dur, liquide, poudre, transparent ou mou. Ce produit joue un rôle prépondérant dans le développement de l’hygiène et de la propreté.  C’est l’un des produits les plus utilisés au monde avec plus de 79 kilos par seconde. Cela représente une consommation mondiale de plus de 2,5 millions de tonnes de savon annuelles. Le secteur est en plein essor. La bataille est rude que ce soit à l’étranger ou à Madagascar. Ce qui fait défaut dans notre pays, c’est que les règles du jeu ne sont pas respectées. Les industries locales, qui ont la capacité d’affronter leurs « adversaires » en sont les victimes. Face à ce problème,  les industriels qui œuvrent dans le secteur sont tous unanimes : il faut mettre fin à cette concurrence déloyale. Une stratégie est mise en place. Le secteur privé joue son rôle, il est aussi temps que l’Etat prenne ses responsabilités.

Avec un marché de 20 millions de consommateurs et un accroissement de 2,8% par an, le secteur du savon et du détergent est en plein expansion à Madagascar. La majorité de ces consommateurs vit en milieu rural et 69% dans des conditions difficiles. Malgré la pauvreté, les Malgaches sont conscients de l’importance de la propreté. Les différentes sensibilisations menées par les Ong, société ou autres ont aussi porté leurs effets comme la sensibilisation sur le lavage des mains,…Compte tenu de l’importance de l’utilisation du savon et/ou du détergent et la faiblesse de leur pouvoir d’achat, les consommateurs se rabattent sur les produits les moins chers.

Avec l’intégration de Madagascar au sein du Comesa, Sadc, Coi et l’Apei ou accord de partenariat économique intérimaire qui est entré en vigueur depuis cette année, les produits des pays membres de ces blocs régionaux entrent sans payer de droits et taxes sur le territoire malgache sauf pour les produits classés sensibles. Pour les produits dits non sensibles, la certification d’origine est nécessaire.  Les industries locales sont victimes de concurrence déloyale des produits d’un pays membre de ces blocs qui ne respectent pas les règles d’origine.

A part la concurrence déloyale, les produits fabriqués localement font face à l’envahissement des produits hors normes. « Les savons et détergents sont des produits en contact direct avec la peau. La mise en place des normes  n’est pas faite pour rien, mais pour protéger les consommateurs » déclare un responsable au niveau de la société  Sigma.  Malgré l’existence du texte sur les normes pour les savons et détergents, il semble que l’administration a fait exprès de l’ignorer et de le classer dans le tiroir. Les produits  hors norme entrent sans soucis sur le marché. « Nous souhaitons à ce que l’Etat fait l’assainissement du marché » rajoute notre interlocuteur. Ces produits hors normes peuvent abîmer le linge, irriter la peau, provoquer des allergies et même  du cancer. «Ces produits nettoient et blanchissent rapidement le linge, mais l’usure se fait aussi à la vitesse supérieure » dixit le numéro un de Sigma. « Le savon en poudre leader actuel sur le marché contient 20% de taux de phosphate alors que la norme sur le produit stipule qu’il ne devrait pas dépasser les 10% » explique un opérateur dans le secteur.Ces savons hors normes ne respectent pas les textes réglementaires en vigueur à Madagascar, notamment l’Arrêté interministériel 28520/11 du 30 septembre 2011.

Campagne de communication

Puisque ces produits hors normes sont bon marché et accaparent une grande part de celui-ci, les opérateurs qui y travaillent ont plus de bénéfice et peuvent avoir beaucoup plus de marge de manœuvre. Ils sont très forts dans le marketing et communication. Ils dépensent beaucoup dans la publicité que ce soit dans les chaînes télévisées ou autre, multiplication d’organisation des jeux avec des gros lots, articles de presses, etc… Leurs chaînes de distribution sont aussi très fortes, même si parfois, comme ils sont au-dessus de la loi, ils n’hésitent pas à les enfreindre. Ces produits hors normes se trouvent  même dans les coins les plus reculés de Madagascar. La proximité des produits combinée avec une forte campagne de publicité incitent les consommateurs  à en acheter. En plus, le prix est moindre. « Ce sont généralement ces gens-là qui font la vente sans facture. Sans payer la taxe sur la valeur ajoutée, ils bénéficient un avantage de plus de 20% par rapport à nous » s’indigne un autre opérateur. Dans la pratique, seule une partie de la vente  n’est pas facturée.  Les opérateurs dans le secteur utilisent généralement leurs relations pour contraindre certains grossistes à s’approvisionner chez eux. Ces opérateurs, qui ne respectent pas les textes en vigueur ont évidemment beaucoup d’argent pour corrompre les personnels qui font entrer leurs produits sur le marché et sans passer sous contrôle. La corruption peut aller loin, dès l’importation des matières premières ou autres intrants jusqu’à la commercialisation des produits alors que les industriels locaux sont contraints de payer les taxes et impôts tout au long de la chaîne de production.

Produit de qualité

Avec l’esprit d’appartenance à Madagascar et pour le respect des consommateurs, les industries locales continuent de produire en respectant les normes malgré le fait que des produits hors normes leur font concurrence.  Mais cette bonne volonté ne suffit plus. Les règles sont bafouées. Des industries sont contraintes de réduire leurs productions, conduisant ainsi au chômage technique, d’autres  risquent la fermeture. Face à ce problème, les industriels, acteurs du secteur savon se sont mis d’accord à mettre en place une stratégie pour  la complémentarité entre eux. Cette stratégie aura pour objectif d’augmenter la production  et  les chiffres d’affaires des industries nationales et d’économiser des devises pour le pays, notamment pour l’achat de  matières premières et des produits semi finis, nécessaires à la transformation entre eux,  avec la qualité et le prix d’achat actuel.

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