Madagascar n’arrête pas de récolter de très mauvaise position dans les classements émanant des statistiques mondiales et ce n’est pas prêt de se terminer. Il faut dire que nous sommes en fin d’exercice et il est ainsi normal que dans le monde entier, on fait le bilan tout en comparant aux résultats obtenus des années précédentes.

Selon l’indice mondial de la créativité 2015 – encore un indicateur de performance – qui vient de sortir la semaine dernière, Madagascar se trouve, non dans le peloton du fond mais carrément parmi les trois derniers pays et classé 137^ème sur 139 nations. Ouille ! Qu’est-ce que cela fait mal aux oreilles et beaucoup estiment que c’est une véritable insulte à l’intelligence des malgaches. On a juste dépassé le Ghana à la 138^ème place, donc  l’incontestable nul de continent noir, ou plus précisément, le cancre des cancres de l’Afrique ; et l’Irak, un pays en guerre depuis plus d’une décennie. Dans ce dernier pays, la créativité se résume certainement à tirer avec la kalachnikov et à éviter de croiser des djihadistes de l’Etat Islamique sous peine de se voir couper la tête. Même les Syriens, pays jouxtant l’Irak et qui est divisé en mille morceaux, sont beaucoup plus créatifs que nous.
Pour arriver à ce résultat, les chercheurs de Martin Prosperity Institute de l’université de Toronto ont formé un «index de créativité globale» (CGI) portant donc sur 139 pays. Cet indice est composé de ce que l’étude appelle «les trois T», à savoir  technologie, talent et – curieusement- tolérance. Le premier niveau est déterminé par les niveaux d’investissement en recherche et développement, ainsi que le taux de brevets par habitant. Et selon notre journaliste de la rubrique économie dans la parution de Madagascar Matin numéro 1910 d’hier lundi 02 novembre 2015, « le critère « Talent » est calculé selon le capital humain employé à des postes créatifs dans les domaines informatiques, mathématiques, scientifiques, mais aussi l’architecture, l’ingénierie, l’éducation, la formation, les arts, les médias, les divertissements, le sport, la gestion, les affaires, la finance, le droit et la santé. En d’autres termes, tout ce qui n’est pas « manufacturier ». Il est aussi calculé à travers la part de diplômés de l’enseignement supérieur dans la population totale d’un pays ».Voilà une définition très étendue et qui devrait faire profiter au pays puisque ce ne sont pas les artistes qui nous manquent, à voir les émissions de téléréalités, de culture et plus exactement, de musique. Ce n’est qu’un exemple parmi des milliers et pas plus tard qu’à la fin de la semaine dernière, les habitants de la ville du soleil ont été conviés à célébrer l’arrivée du sosie d’une star locale. Pour ce qui est des diplômés de l’enseignement supérieur, Madagascar en pond chaque année des dizaines de milliers allant de techniciens supérieurs – ayant fini donc 2 années d’études supérieures – aux diplômés de master 2 obtenu après 5 années de dur labeur. Si on continue dans le domaine de l’exemple, les médias sont devenus un jardin luxuriant. Et toujours selon notre journaliste, « le critère « Tolérance » se base sur deux indicateurs, à savoir, le traitement accordé aux ethnies et aux minorités religieuses et le traitement accordé aux personnes homosexuelles. » Depuis l’école primaire, on a appris que la Grande île est composée de 18 ethnies, et à notre connaissance, il n’y avait jamais de guerre ethnique telle qu’on le voit dans les autres pays africains, asiatiques ou même aux Etats-Unis où on traite toujours les noirs comme du … bétail ! Pour ce qui est de la « différence » comme l’appelle ainsi Lara Fabian, les Malgaches préfèrent tourner les yeux ailleurs et fermer les oreilles que de savoir et entendre de pareilles histoires dans la famille. Mieux, c’est plus que tolérer puisque lors de ces émissions de téléréalités, des candidats « qui marchent sur l’autre côté du trottoir » sont bien acceptés par leurs pairs.
Si on analyse ces trois index définis par les chercheurs de Martin Prosperity Institute de l’université de Toronto, Madagascar devrait trouver une bonne place, ou en tout cas, loin devant le Cameroun, le Nigéria, et le Congo qui sont des pays ravagés par la guerre ethnique. Mais comme le spécifie l’indice mondial de la créativité, le secteur technologie comprenant surtout les critères investissement en recherche et développement, ainsi que le taux de brevets par habitant, est déterminant. Et sur ce point, on avoisine le zéro pointé avec un indice de 0,077. Pour les observateurs, il s’agit plutôt d’investissement et de recherche réalisés par des particuliers, ou plus précisément par des étudiants. Pour le régime actuel, ce n’est vraiment pas dans son programme d’activités, ni dans le double RRI de cette année. Logique ainsi si nous ne pouvons que rester dans les fin fonds des classements mondiaux, et après que Madagascar figure parmi les 5 pays les plus pauvres de la planète, le pays est le 3^ème cancre de la planète, à l’image de nos dirigeants actuels.

Jean Luc RAHAGA