Depuis le mois de septembre et après des apparitions à Fianarantsoa, le président de la République n’a cessé de réserver quelques lignes pour les jeunes dans ses discours. Dans le temps, il avait souligné que les jeunes représentaient l’avenir du pays (d’ailleurs comme dans tous les pays) alors qu’il avait laissé les éléments de l’Emmoreg molesté un simple étudiant de première année avant de l’interpeller. Récemment, lors du 2è forum économique de la Francophonie, le locataire du palais d’Iavoloha a parlé d’engagements à prendre à l’endroit de la jeunesse qui constitue plus de la moitié de la population. A cette occasion, Hery Rajaonarimampianina a expressément souligné que la proportion de jeunes dans la population est un défi mais aussi une menace si on ne s’en occupe pas. Il est donc clair aujourd’hui que le numéro un actuel redoute les jeunes malagasy, et on peut donc comprendre que la présentation de la politique nationale de l’emploi de la semaine dernière ne se résume qu’à une opération de charme. Pour cause, les chiffres ne parlent pas en sa faveur. Chaque année, plus de 300 000 jeunes diplômés arrivent sur le marché du travail mais beaucoup d’entre eux se retrouvent sans emploi. Si les statistiques du Bureau International du Travail indiquent que le taux de chômage à Madagascar n’est que de 1,3%, elles sont loin de refléter la réalité dans la mesure où 85% des Malagasy sont touchés par le chômage déguisé, une inactivité non comptabilisée dans les statistiques officielles de l’emploi. Par ailleurs, d’autres récentes statistiques parlent de 70% de jeunes de moins de 25 ans concernés par le chômage. En clair, la peur de Hery Rajaonarimampianina des jeunes est justifiée dans la mesure où ils sont généralement à l’origine des mouvements populaires ayant décapité les régimes successifs à cause des différentes injustices.

Les solutions concrètes tardent

Pour s’occuper des jeunes, Hery Rajaonarimampianina a parlé sans trop de conviction ni d’assurance (parce qu’au conditionnel) de mettre en place un bon système éducatif pour développer la formation technique et professionnelle afin d’harmoniser les besoins du marché de l’emploi, et de faire la promotion au niveau des jeunes de rester au pays. Force est de reconnaître que les intentions du président de la République sont admirables et louables mais la population, notamment les jeunes ont maintenant besoin de voir, voire même de toucher du concret. Pourquoi ? Parce que cela va bientôt faire deux ans que Hery Rajaonarimampianina est aux commandes du pays. Deux ans qui, pour beaucoup, n’ont été que perte de temps à s’attarder sur les questions politiques en mettant de côté le volet social ou la lutte contre la pauvreté ou même la politique de l’emploi. C’est même la raison pour laquelle beaucoup de jeunes n’ont pas manqué de saisir les opportunités existantes pour partir à l’étranger, pour s’assurer un avenir meilleur même si cela ne date pas que du régime actuel. C’est la fuite des cerveaux que Hery Rajaonarimampianina veut éviter mais il faudrait déjà que les jeunes concernés aient envie de rester dans un pays miné par l’instabilité politique, les conflits institutionnels et aussi la corruption. En résumé, si les tenants actuels du régime veulent solutionner ce problème de chômage concernant les jeunes, ils doivent agir au plus vite avant qu’il ne soit trop tard.

Laza Marovola