La Commission électorale nationale indépendante pour la Transition (Ceni-T) a encore fait parler d’elle. Pour son ultime mission, les démembrements de cette structure dans la circonscription d’Ilakaka s’est rallié au parti du régime, le « Hery vaovao ho an’i Madagasikara » (Hvm) pour faire gagner le candidat de celui-ci. Fernand Cello, délégué d’un autre prétendant au titre de premier magistrat de la ville a accepté de nous donner plus de détails concernant le déroulement des élections dans cette localité.

Madagascar Matin (M.M): Nous avons entendu parler de l’existence d’éventuelles fraudes électorales à Ilakaka. Pouvez-vous nous en donner plus de détails ?

Fernand Cello (F.C): Effectivement, il y a eu manipulation et détournement de la liste électorale lors des scrutins du 13 novembre dernier. Les représentants de la Ceni-T et les hommes du Hvm ont fait en sorte que certains électeurs soient omis de la liste électorale et sont remplacés par d’autres personnes déjà consignées de voter pour le candidat du Hvm. Et pour essayer de masquer cela, les journalistes n’ont pas eu accès aux bureaux de vote.

M.M : Comment se sont-ils pris pour pouvoir changer la liste électorale ?

F.C : Selon les doléances de la population, certains se sont plaints de l’omission de leurs noms dans la liste alors qu’ils y figuraient lors du premier tour le 31 juillet 2015. Et pourtant, l’arrêtage de la liste a été le même seuls les noms ont changé. D’autres ont dénoncé que la case destinée pour la signature a déjà été griffée et pour s’expliquer, les responsables ont simplement avancé que cela devrait être une simple confusion. Et pourtant, ils n’ont jamais réussi à trouver l’auteur  jusqu’à la fin de la journée.

M.M : Et les observateurs dans tout cela ?

F.C : Lors de ces élections, même les délégués des candidats n’ont pas été autorisés à vérifier ni la liste électorale ni autre document. Au contraire, les représentants de la Ceni-T ont menacé certains observateurs pour que ceux-ci ne s’en mêlent pas. Et à la fin de la journée, des personnes dans le quartier de Manovobe à Ilakaka ont été tabassé par le chef Fokontany, pour avoir soutenu le candidat adversaire du Hvm. Et ce, tout en évoquant des intimidations, jusqu’à soulever des guerres ethniques. A peine les résultats provisoires officieux ont été dévoilés que ces personnalités s’attribuent le pouvoir de chasser toutes personnes non-originaires de cette zone.

M.M : Les autres autorités compétentes ne sont-elles pas habilités à régler ce problème ?

F.C : Pour le moment, c’est la population qui a dénoncé ces abus. Et le lendemain des élections, le peuple a voulu se manifester mais les éléments de l’Emmo-reg les ont devancés sur les places publiques.

Les habitants de cette circonscription ont également l’intention de revendiquer leurs droits fondamentaux en avançant que « la terre malgache est pour tous les malgaches ». Quant aux autorités locales, l’Organe mixte de conception (Omc) d’Ihosy est déjà informé de la situation et compte effectuer des descentes sur terrain pour un contrôle.

M.M : Revenant aux fraudes électorales, les autres candidats ont-ils l’intention de procéder à d’autres formes de dénonciation ?

F.C : Certainement, les représentants du candidat indépendant Tsimanavaka, Nono Jupiter, ont compté déposer des requêtes et ont demandé une confrontation de la liste électorale. En effet, ce candidat se trouve en seconde position après l’Hvm, avec un écart d’environ trois centaines de voix. Mais avec ce qui s’est produit dans le Fokontany d’Ambalafary, où les fraudes ont été flagrantes, les résultats des votes pourraient bien changer. Selon les témoignages des observateurs, un électeur « Hvm » a eu droit à 3, 4, voire 5 bulletins de vote. Cela s’est confirmé lors du dépouillement  car le nombre de bulletins de vote ne correspond pas à celui des signatures collectées dans la liste électorale. L’utilisation de fausses cartes d’identité nationales (Cin) ont également été toléré par les responsables de la Ceni-T, ainsi que le vote de personnes ne résidant pas dans le Fokontany d’Andohanilakaka.

M.M : A part ces nombreuses remarques, y-a-t-il d’autres abus constatés avant, pendant et après les élections ?

F.C : En ce qui me concerne, j’ai loué un véhicule le jour de l’élection, dans le but de faire mon devoir en tant que journaliste mais une fois que le propriétaire des quatre roues a su que son chauffeur a transporté une personne ne soutenant pas le Hvm, il a été renvoyé de suite. Certes, son aide m’a été d’une grande utilité le jour J puisque j’ai pu vérifier plusieurs bureaux de vote. Mais après les scrutins, j’ai également aperçu des membres de la Ceni-T et du Hvm se réunir dans un grand hôtel à Ilakaka, et en me voyant, ils se sont dispersés. Et ce n’est pas la première fois que ces personnalités se rejoignent pour se discuter. Je les ai déjà vus juste avant la tenue des élections, où les représentants du Hvm ont procuré un certain dossier, voire une liste, pour les délégués de la Ceni-T. Reste à savoir si ce premier s’agit de la liste des noms des « faux électeurs ». Mais le fait est que la Ceni-T et le Hvm ont comploté pour faire gagner le candidat du Hvm dans la commune d’Ilakaka.

Vahatra Ny Aina