Chacun peut le constater, la misère s’étend. Le pouvoir d’achat ne fait que diminuer tandis que le coût de la vie ne cesse de monter en flèche. Aujourd’hui, la majorité de la population a même déjà diminué sa ration quotidienne alors qu’elle ne mange généralement qu’une fois par jour. A l’heure actuelle, le taux de pauvreté de 95%, vu par certains économistes, a été atteint bien avant la fin de cette année. En d’autres termes, les dirigeants actuels n’ont pas fait ce pour quoi ils ont été élus et ont préféré se remplir aisément les poches en profitant de leur position actuelle. La preuve, un taux de croissance faible de 3,2% moins élevé que le taux de croissance démographique qui ne permettra jamais à la masse d’échapper à la pauvreté. Les chiffres sont souvent plus éloquents que les mots et quand le chômage concerne 70% des jeunes de moins de 25 ans et que 90% de la population exercent dans le secteur informel, il ne faut plus se voiler la face quant aux réelles capacités et compétences des dirigeants. Les marchands de rue fourmillent à chaque coin de rue et se multiplient même à vue d’œil depuis maintenant près de 22 mois. Comment ? Grâce au régime bleu martial qui se fout tout simplement de la population, du principe de redevabilité, de la lutte contre la pauvreté, du volet social, de l’insécurité, du délestage, de la souveraineté nationale. De manière plus concrète et directe, c’est chacun pour sa gueule depuis le 25 janvier 2014. Les dirigeants travaillent pour leurs intérêts particuliers et la population ne peut compter que sur elle-même pour se démerder et essayer de survivre. On a bien souvent tendance à affirmer que tout n’est que stratégie politique mais en réalité, tout n’est que question économique. La Présidence, la Primature, le Gouvernement, l’Assemblée nationale, la Haute cour constitutionnelle et bientôt le futur Sénat sont tous motivés par l’appât du gain. La preuve : toutes ces institutions ont toutes déjà été citées dans des affaires de corruption et d’argent sale. Même le conflit institutionnel entre l’exécutif et le législatif, la question autour de la majorité parlementaire et présidentielle n’est qu’une simple histoire d’oseilles qui n’apporte rien au pays et à la population. C’est pour cela que le changement ne survient jamais à Madagascar.  Toutefois, il ne faut surtout pas croire que la Grande île est maudite parce que la situation actuelle n’est due qu’à des dirigeants transformés par l’obtention du pouvoir. C’est typique des pays pauvres et puisque Madagascar est l’un des pays les plus pauvres du monde, il faut juste se dire que nous avons les pires dirigeants du monde. Ainsi, l’instabilité qui règne est tout à fait normale et les diverses mouvements de revendication depuis plus d’un an en sont la preuve. Et si le président de la République voit la situation autrement, c’est juste parce qu’il ne peut pas voir la réalité en face à cause des billets verts et/ou violets qui floutent gravement sa vision. Même quand la nouvelle ambassadrice de l’Hexagone soutient que les îles Eparses du canal de Mozambique sont françaises, le chef de l’Etat est obligé de jouer au petit toutou colonisé à cause des enjeux et des intérêts qu’il ne veut pas perdre. C’est comme çà ! En échange d’une croquette appétissante, le fondateur des bleus est resté bien assis et sage comme un animal de compagnie bien dressé et domestiqué. Pourtant, ce comportement ne peut qu’attiser le mécontentement et la colère de la population qui commence à crier à la haute trahison. Aujourd’hui, le pays continue d’être miné par l’instabilité qui empêche le développement et la réduction effective de la pauvreté. Tant que les tenants du pouvoir continueront d’ignorer et de faire l’impasse sur les réels besoins et attentes de la population, l’instabilité ne sera jamais résolue. Par ailleurs, ils doivent mettre un terme aux nombreux voyages à l’extérieur qui ne rapportent strictement rien au pays et se transformant en dépenses inutiles enfonçant toujours un peu plus le pays. De plus, s’ils continuent à diriger le pays sans aucune transparence, la population finira par se rebeller et au lieu d’une instabilité, Madagascar devra une nouvelle fois traverser une période de crise.

Laza Marovola