Dans exactement trois semaines, Hery Rajaonarimampianina l’expert comptable fêtera Noël pour la deuxième fois en tant président de la Quatrième République de Madagascar. On a déjà du mal à imaginer ce qu’il va s’offrir dans la mesure où depuis son investiture, monsieur le président ne s’est jamais privé de quoi que ce soit. Même s’il faut aller à l’encontre de la Constitution et s’il faut puiser dans les quelques économies de l’Etat, le numéro un de l’Etat n’hésite jamais une seule seconde pour se faire plaisir ou pour faire du mal autour de lui. Cela révèle que le président de la République prend rarement le temps de bien réfléchir avant de prendre une décision, raison pour laquelle les bonnes décisions se font toujours attendre. Les conséquences de ce comportement sont très néfastes : augmentation du taux de pauvreté à 95%, faible taux de croissance de 3,2%, importance du chômage chez les jeunes avec près de 70% des moins de 25 ans, Madagascar pays africain le plus corrompu et interminable instabilité politique. La Grande île traverse aujourd’hui une période difficile et tend même à s’enfoncer encore plus à cause des tenants actuels du pouvoir.

En d’autres termes, les critiques des simples citoyens, des opposants politiques et des observateurs de la vie publique sont véritablement justifiées. Qui aurait cru que le pays se trouverait à sa place actuelle alors que l’élection d’un nouveau président de la République aurait dû rétablir la confiance avec les partenaires financiers et autres bailleurs de fonds. Cette étape garantissait la relance économique et le développement du pays mais ce n’est pas le cas actuellement. En effet, même si les membres de la communauté internationale acceptent et tolèrent la situation dans le pays, ils continuent d’être très réticents pour prêter de l’argent ou venir investir. Par ailleurs, il y a lieu de reconnaître que les dirigeants malgaches se montrent toujours très gourmands tout en sachant que les dettes seront payées par plusieurs générations de Malagasy déjà bien endettées. Qui aurait pu sérieusement penser que la Quatrième République serait comme ce qu’elle est actuellement ? Personne, si l’on considère le fait que la déception de la population se chiffre à plus de 90%. En termes exacts, c’est plus de 21 millions de Malagasy qui ont une dent contre le régime bleu martial, et c’est autant qui regrettent même souvent la période de transition.

De 2009 à 2013, Madagascar était dirigé dans l’illégalité si l’on croit aux conclusions de la communauté internationale. Durant ces cinq années, l’équipe dirigeante de la Transition avait subi un embargo collectif des pays occidentaux mais contre toute attente, la vie a continué normalement et la pauvreté était stagnante, parfois même régressive. Par ailleurs, le président de la transition avait tout de même réussi à mettre en place plusieurs importantes infrastructures directement destinées à la population. Contrairement à aujourd’hui, l’instabilité en général était moins importante dans la mesure où les citoyens avaient la possibilité de s’exprimer librement dans des endroits spécialement dédiés à cet effet. Mais il faut également souligner que la majorité de la population a été surtout soulagée d’avoir été libérée du joug du laitier en chef de Tiko. Traverser les cinq années de la transition n’a pas été facile pour Madagascar mais les dirigeants de cette époque ont su ne pas empirer la situation.

Malheureusement, tous les efforts déjà fournis sont tous aujourd’hui vains dans la mesure où l’équipe dirigeante actuelle est complètement à côté de la plaque. Si on disait que la Transition était mal parce qu’issue d’un soi-disant coup d’Etat, c’était plutôt pas si mal que cela. Maintenant on dit que le pays a retrouvé le chemin de la légalité et que c’est bien, cependant la réalité est plutôt pire qu’avant et ne cesse d’empirer. Après avoir été obligé de choisir entre la peste, le choléra et la polio, la population est aujourd’hui sous la dangereuse menace du virus bleu martial qui dilapide entièrement le pays et appauvrit la population. Avec la situation actuelle déjà pire que le mal, que peut-il encore nous arriver de pire si ce n’est de ne pas pouvoir faire face aux conséquences imminentes du réchauffement climatique ?

Laza Marovola