Déjà vingt deux mois et dix jours que Hery Rajaonarimampianina a réussi à rester à la tête de la Quatrième République de Madagascar malgré les critiques et le mécontentement de la majorité de la population. Autrement dit, voilà maintenant presque deux ans que le président de la République et son équipe n’ont fait que s’enrichir au détriment de la population. Comment ? En ignorant complètement le volet social, le principe de redevabilité et la lutte contre la pauvreté. Cela va donc maintenant faire presque vingt quatre mois que le numéro un actuel mène le peuple en bateau et le gave de fausses promesses. Résultat : le locataire actuel du palais présidentiel est très vite devenu le président le plus impopulaire de l’histoire de Madagascar. Par ailleurs, l’instabilité politique ne fait que s’aggraver, le climat d’apaisement est inexistant, et l’insécurité gagne sérieusement du terrain, tout comme la pauvreté. Contrairement aux prédictions des tenants du pouvoir, les dernières élections communales et municipales n’ont abouti qu’à de nombreuses contestations, source de discorde dans les communes de la Grande île. Ainsi, l’insistance du régime actuel à tenir les élections sénatoriales avant la fin de l’année ne ferait qu’empirer encore plus les choses. Certains n’écartent même plus la résurgence d’une autre crise sans précédent et plus grave que toutes les précédentes. Aujourd’hui, les signes précurseurs sont tous déjà visibles et les foyers de tension fourmillent ici et là, aux quatre coins du pays. Mais malheureusement, les responsables étatiques ne trouvent aucune solution concrète pour essayer d’éviter la catastrophe. Au contraire, les dirigeants restent bloqués et concentrés sur des soucis politiques relatifs à l’obtention d’une majorité à l’Assemblée nationale ou maintenant dans le futur sénat. C’est pourtant cette obsession qui pourrait accélérer la fin du régime actuel dans la mesure où le ras-le-bol de la population est déjà à son comble. La grogne ne cesse de prendre de l’ampleur et il suffirait aujourd’hui d’un rien pour que l’explosion sociale rase le régime actuel une bonne fois pour toutes. Un Etat en manque de moyens financiers, incapable de rembourser mais qui continue à s’endetter, l’incompétence avérée des ministres inamovibles, l’abus de pouvoir des dirigeants membres du parti d’Etat et des autres détenteurs de pouvoirs qui y sont affiliés ou encore la vente flagrante et à grande échelle de nos richesses naturelles aux plus offrants : le régime bleu est décidément le régime de tous les abus. La coupe est pleine et lorsque la goutte d’eau qui fait déborder le vase tombera, le « saro-bilàny » pétera. Pourtant, rappelons-le bien, nous ne sommes même pas aujourd’hui dans la moitié du mandat présidentiel. Faut-il donc y mettre un terme ou laisser le président jusqu’au bout de son mandat tout en sachant que le pays continuera de dégringoler et les richesses, dilapidées ? Dans les deux cas, c’est à la population de décider compte tenu de la souveraineté du peuple. Mais il ne faut pas calquer sur les dirigeants dans la mesure où une prise de décision rapide s’impose et est primordiale, voire même vitale pour le pays entier. En continuant d’agir comme bon lui semble, en  bafouant complètement et constamment la Constitution, la crise est inévitable, tout comme le soulèvement populaire. Cependant, contre toute attente, le président de la République n’est pas du tout inquiet et continue de vivre son traintrain (plutôt avion-avion) quotidien en laissant la population livrée à elle-même. Déjà vingt deux mois et dix jours que le peuple espère un changement concret mais il y a lieu de souligner qu’il commence à fatiguer. Même si les Malagasy sont connus pour leur patience et tolérance, les limites de l’acceptable sont largement atteintes et les dirigeants doivent donc maintenant surveiller leurs arrières de très près s’ils ne veulent pas se faire botter le derrière par une foule en furie.

Laza Marovola