Quand le litchi arrive sur les étals des marchands d’Analakely, on sait que Noël approche à grand pas. Mais on sait aussi que si la Commune urbaine d’Antananarivo ne fait pas attention, les ordures vont déborder les 400 et quelques bacs à ordures de la ville et inonder les trottoirs et la chaussée. Et justement, c’est ce qui est en train d’arriver.

Les premières questions qui viennent à l’esprit sont nombreuses mais simples : Lalao Ravalomanana et son équipe ont-elles toujours habité la ville des mille pour ne pas le savoir ? Effectivement, comment ne pas prévoir cette arrivée massive de fruits et légumes, si d’ailleurs, sa combinaison avec la saison des pluies alourdit de manière singulière le poids des ordures enregistrées  chaque jour. Les données statistiques connues font état de 1 000 à 1 200 tonnes de déchets à enlever quotidiennement durant les périodes de fête et que par conséquent, il faut s’y préparer. Dans les rues de la Capitale, il est de plus en plus difficile de repérer l’emplacement de ces bacs pour la simple raison que les trottoirs et une partie de la chaussée sont pleins de détritus. On sait aussi que le nombre des camions utilisés à cet effet reste insuffisant et qu’il est nécessaire d’établir des conventions de partenariat avec les sociétés industrielles qui en possèdent. C’est ce qu’ont fait les dirigeants qui se sont succédé à la tête de la Commune urbaine d’Antananarivo sans que ces derniers n’aient vendu des parcelles de terrain communal ou des biens de l’institution. En tout cas, il n’est pas indiqué d’attendre le bon vouloir de l’Etat de soutenir la ville d’Antananarivo dans ses titanesques travaux d’assainissement. La maire et son équipe en savent quelque chose puisque dans le temps,  son mari de président de la République de l’époque, a mené une campagne de siège contre la Capitale puisque la population a voté pour le « Tanora Malagasy Vonona » Andry Rajoelina.

Mais il n’y a pas que les ordures, il y a surtout la gestion des catastrophes naturelles et les tananariviens commencent sérieusement à élever la voix contre l’inertie et l’incompétence des actuels dirigeants de la ville. Samedi dernier, la pluie est de nouveau tombée mais en tout cas, il ne s’agit point d’un grand orage. Mais comme constaté à plusieurs reprises, les rues sont très vite devenues des rivières et par conséquent, impraticables. Encore une fois, se déplacer à Anosy, Andrefan’Ambohijanahary, Ampefiloha, Analakely, Soarano, Behoririka, Besarety, Andravoahangy, 67ha, …, relève d’un parcours de combattant, tant pour les automobilistes que pour les piétons. Les mauvaises langues avancent même que des « lakana » devraient être pré-positionnés dans ces endroits et à coup sûr, les piroguiers feront fortune. Pour beaucoup, la conclusion est évidente : A trois mois de sa prise de fonction, non seulement, Lalao Ravalomanana n’a rien fait mais la maire est complètement à côté de la plaque. Si des mesures ont déjà été prises, son impact reste imperceptible mais en tout cas, ce n’est pas un camion … « suceur de saleté », même s’il est de marque allemande, qui pourrait apporter la solution idoine. Pour beaucoup, il a d’abord fallu curer les canaux d’évacuation d’eaux, et ce à plusieurs reprises, avant l’arrivée de la pluie, puis monter une campagne de sensibilisation  pour les riverains de ces canaux, et c’est seulement après tout ça qu’on fait ce type de curage « tip-top » de manière ponctuelle. Bien sûr, la leçon émane des habitants qui se trouvent actuellement dans l’impossibilité de rejoindre leurs foyers dès la première goutte de pluie mais aussi des militants du parti de Marc Ravalomanana qui se retrouvent finalement orphelins puisque délaissés par leur « Dada sy Neny » !

Du côté du régime, c’est le même topo. Après deux ans d’existence, on n’arrête pas de gravir en sens inverse les classements. Ce sont des résultats qui en disent long sur les méthodes utilisées pour gouverner le pays et cela n’est pas prêt de s’arrêter. Et puisqu’il semble qu’on a laissé de côté la formule « mallette et tablette » et qu’actuellement, on règle les situations délicates à coup de … montage de dossiers judiciaires – tel le cas du député Mara Niarisy -, il est normal de déterrer la hache de la guerre. Les derniers jours de la deuxième session ordinaire risquent ainsi d’être fatal pour le régime puisque de prime abord, l’examen de la loi de finances de 2016 ne se tiendra pas mais surtout, le gouvernement de Jean Ravelonarivo pourrait ne plus exister avant les fêtes de fin d’année. Et d’un autre côté, les élections sénatoriales risquent aussi de ne pas se tenir. Et face à toutes ces menaces que le président de la République n’a pas pris à la légère, ce dernier aurait pris son … téléphone pour ordonner au président de l’Assemblée de ne pas prendre l’avion pour Paris afin de voir ce qu’est une conférence des partis. Pour les députés partisans ou non de Jean-Max Rakotomamonjy, c’est tout simplement une … Ist déguisée et c’est bien la première fois dans l’histoire de ce pays qu’on l’applique à une haute personnalité de l’Etat. Du temps de Leonid Brejnev, de Kim Il Sung ou encore de Nicolae Ceausescu, c’est une pratique courante mais surtout destinée pour les … traîtres. Du coup, beaucoup se demandent si c’est bien le cas ou bien un rappel à l’ordre du président de l’Assemblée nationale à l’endroit du président de la République puisque ce dernier y voit un prochain … désordre qui pourrait emmener le pays à un grand chamboulement.

Bref, le pays  n’est pas entre de bonnes mains.

Jean Luc RAHAGA